Si tout système vivant doit être perturbé pour évoluer, des perturbations peuvent aussi le faire exploser ! L'ordre absolu comme le désordre intérieur total provoquent sa destruction.
Dans les mécanismes de feedback, il y a ceux qui régulent le désordre, le rendent acceptable et positif.. Il y a les trucs, les pratiques....
NB : la capitalisation des échanges n'ayant pu démarrer que début octobre, un certain nombre de messages précédant cette période ne sont pas inclus. Nous nous en excusons.
Capitalisation plus systématique et chronologique à partir d'octobre
Le système a du mal à se mettre en place Emilie Je
ne sais pas vous mais depuis la semaine dernière et surtout cette
semaine je commence à ne plus trop maitriser du tout l'emploi du
temps...!!! On a un emploi du temps très vague mais mêmes les heures
fixées (anglais, sport) ne tiennent plus la route. Moi,
je n'aime pas le bordel ! Beau boulot ! Je suppose que cela a dû te prendre pas mal de temps (mais je sais que cela fait des années que ton site est ton instrument de travail !). En tous cas, il me semble que c'est un tableau de bord sur lequel tu peux agir, compléter, modifier, édulcorer... suivant ses effets. Piloter un avion pour qu'il ne se scrache pas dans les turbulences ! Suivant les interrogations (bordel !) et suivant la base du fonctionnement esxistant (quel qu'il soit) on peut aussi passer le fonctionnement de sa classe au travers d'une multitude de grilles (cheminement de l'écrit, position du maître, plages d'autonomie des enfants, cheminements des projets de l'intention à la réalisation, partage entre activité induites ou imposées par le maître et activités libres, relations entre les deux, occupation de l'espace dans le temps, etc. etc.
Introduire une perturbation... mais ! Les jokers Emilie J'avais
beaucoup aimé le bouquin Joker y' a quelques années, j'avais pensé un
jour proposer l'idée des jokers et un tour sur le site de Bruce Demaugé
m'a convaincue!
Emilie oh
ben non t'es pas le seul, on doit tous peter des cables de temps en
temps non? Moi le dernier en date c'était ... hier. Vous vous souvenez
de la jolie petite histoire de jokers? C'était mignon tout plein et
bien hier ca a dérapé grave! La petite qui a bcp de mal à se mettre
à bosser avait décidé d'utiliser son joker "aller faire une
sieste". Un autre me donne aussi son joker. Je leur rappelle qu'on
avait prévu de faire le conseil (5 grands moins deux, reste plus grand
monde...) puisque vendredi je n'étais pas là. Mais non ils me donnent
leur joker. Ca fait partie du jeu , j'ai essayé de ne pas montrer ma déception
mais je dois dire que ca m'a gonflé.
Emilie Juste
pour répondre à Bernard et Philippe concernant la petite de ma classe:
elle a toujours été en classe unique, je l'ai connue en ce1 et elle
est maintenant en CM1. Donc on se connait très bien. J'ai toujours dû
calmer le jeu avec elle, c'est une petite qui s'emballe de façon déraisonnée
(elle parait vraiment insolente pour quelqu'un de l'extérieur), qui
fait mal aux autres sans faire exprès parce qu'elle les sert, et les étoufferait
presque! Elle a beaucoup progressé depuis 2 ans, elle a grandi, s'est
posé un peu et puis les discussions qu'on a pu avoir avec elle et sa
famille ont peut-etre eu un effet. L'histoire de sa famille explique
beaucoup de choses (famille de 10 enfants, décès de 2 frères...). Emilie Merci
au fait Matthieu, tu m'as apporté avec ton mail!
Mathieu Certainement
que 'est ce genre de comprtement qu'elle attend de toi : que tu lui dise
quoi faire, quand le faire. Et puis mager et respirer à sa place, ça
l'arragerait ben, aussi ! ;-) Frédérique D J'ai l'impression de m'entendre (de me voir) dans ce que tu décris j'ai envie de faire plein de projets avec mes élèves (CM2 à Bagnolet) mais je perd du temps , j'ai 5 élèves qui ont 12 ans et 4 qui ont 11 ans sur une classe de 22, ils ont de grandes difficultés en lecture et ecriture et j'ai à la fois l'impression de leur en demander trop et pas assez. Je n'en suis pas encore arrivée à l'écriture de 2 textes libres, la majorité n'écrit qu'une phrase et on n'a pas le temps de tout corriger et que ce soit utile pour chacun. On projetait d'avoir une correspondance avec une autre classe à Paris, mais même ça à part " oui maîtresse on le fait" il n'y a rien qui arrive. En même temps je vois bien qu'ils n'ont pas du tout l'habitude que les activités viennent d'eux, de faire des choix et je n'arrive pas à leur laisser le temps. Je stresse un peu moi aussi quand je vois qu'à la fin de la journée la séance d'histoire n'a pas eu lieu . J''aimerai que le programme d'histoire se fasse par l'intermédiaire d'exposés mais je ne sais pas trop comment m'engager la dedans. est-ce que quelqu'un fonctionne comme ça ou a une expérience sur cette façon de faire, car des collègues me le déconseille car je dois être inspectée, mais je pense que les enfants seront plus intéressés par les faits historiques si ça vient d'eux. Qu'en pensez vous, avez-vous une idée sur la manière de l'instaurer ?? Et je trouve également que ce qui se vit dans la classe est très haché . Il paraît qu'on a la vie de classe est ce que l'on en fait, si je m'arrête à cette expression d'une inspectrice, j'ai de quoi m'inquiéter car mes élèves sont très insolents , et violents j'en ai un qui a failli me casser un doigt c'est pour vous dire , et si je dois croire que tout cela est de mon fait, il faut que je change de boulot tout de suite ... et pourtant , je l'ai choisi ce boulot alors si c'est vraiment moi qui induit ça que faire ?
Je reprends la structure de Mathieu qui semble ne pas générer le "bordel" :- il y a un temps où tout le monde est "en activité sur table". Au niveau de l'espace, chacun est plus ou moins "fixé". On peut supposer que la position du maître elle varie suivant ce qui se passe et ce qu'il y a à réguler, plus que par ce qu'il y a à y faire. Au niveau de ce qui s'y fait, cela semble varié. Peut-être serait-intéressant de savoir les possibilités (ou les obligations) d'activités qu'ont les enfants dans ce temps, comment ils se les programment (ou s'ils se les programment), ce qui les guide dans leurs choix, etc. - Les articles que citent Mathieu ne décortiquent pas (tout au moins pas suffisamment à mes yeux) un fonctionnement global, du coup ils occultent ce dans quoi se réalise ou peut se réaliser ce qui provientr "de la vie spontanée" et les implications de ses débordements sur le reste, s'il y a encore un reste auquel on pense devoir tenir (pédagogie de la structure). Je suppose que tes créneaux "Français : lire, dire, écrire" et "sciences et techno" ne recouvrent pas la totlité des deux créneaux "classe transplantée" et "projets de construction" ?. Mais cela peut-être et est peut-être le cas ? L'organisation de ces créneaux devrait être intéressante. Qu'est-ce que je fais ? qu'est-ce que les enfants font ? qu'est-ce que les enfants peuvent faire ? où peuvent-ils être ? - C'est l'articulation entre "vie spontanée" (en précisant ce qu'est l'apport de la "vie spontanée" dans l'activité) et "séances toutes faites" et la place occupée par les deux qu'il serait intéressant de visualiser, globalement et schématiquement. Il me semble qu'essayer de visualiser la fonctionnement des classes ou il y a le "bordel" et des classes où il n'y a pas le "bordel", en ne se préoccupant pas pour cela des apprentissages ou des programmes (en ne sepréoccupant pas du contenu pour l'analyse), peut donner des éclairages. Ce qui bien sûr n'élimine pas les turbulences parasitaires inhérentes aux enfants, administration, parents, collègues etc.
Mathieu Effectivement,
il s'agit pour moi de trouver au coup par coup quelle excuse je vais
trouver pour continuer à parler du projet bidule. Exemple : on réfléchit
sur notre projet de maison d'édition de petits livres. Un coup c'est de
l'introukzion civique (on s'organise, on vote, bla bla), un coup c'est
français (on les fait, on se les lit), un coup c'est math (combien on
en a, combien de pépette ça nous a couté, etc.) Alors je note sur mon
emploi du temps un truc bidon : 10 minutes math, 15 minutes Instr. Civ.,
20 minutes Français). Et à la séance d'après même tintouin. C'est
le bazar pour moi mais ça me garantit une tranquilité au niveau du
regard inquisiteur (car inquiet) des parents. On fait en plus en français
une lecture suivie, que je ne vais pas tarde à faire basculer en partis
dans le travail perso. On se gardera un rendez-vous pour confronter nos
conclusions sur la lecture du livre. Cela me dégagera du champ pour le
reste du travail.
|
J'ai l'impression de m'entendre (de me voir) dans ce que tu décris j'ai envie de faire plein de projets avec mes élèves (CM2 à Bagnolet) mais je perd du temps , j'ai 5 élèves qui ont 12 ans et 4 qui ont 11 ans sur une classe de 22, ils ont de grandes difficultés en lecture et ecriture et j'ai à la fois l'impression de leur en demander trop et pas assez. Je n'en suis pas encore arrivée à l'écriture de 2 textes libres, la majorité n'écrit qu'une phrase et on n'a pas le temps de tout corriger et que ce soit utile pour chacun. On projetait d'avoir une correspondance avec une autre classe à Paris, mais même ça à part " oui maîtresse on le fait" il n'y a rien qui arrive. En même temps je vois bien qu'ils n'ont pas du tout l'habitude que les activités viennent d'eux, de faire des choix et je n'arrive pas à leur laisser le temps. Je stresse un peu moi aussi quand je vois qu'à la fin de la journée la séance d'histoire n'a pas eu lieu . J'aimerai que le programme d'histoire se fasse par l'intermédiaire d'exposés mais je ne sais pas trop comment m'engager la dedans. est-ce que quelqu'un fonctionne comme ça ou a une expérience sur cette façon de faire, car des collègues me le déconseille car je dois être inspectée, mais je pense que les enfants seront plus intéressés par les faits historiques si ça vient d'eux. Qu'en pensez vous, avez-vous une idée sur la manière de l'instaurer ?? Et je trouve également que ce qui se vit dans la classe est très haché . Il paraît qu'on a la vie de classe est ce que l'on en fait, si je m'arrête à cette expression d'une inspectrice, j'ai de quoi m'inquiéter car mes élèves sont très insolents , et violents j'en ai un qui a failli me casser un doigt c'est pour vous dire , et si je dois croire que tout cela est de mon fait, il faut que je change de boulot tout de suite ... et pourtant , je l'ai choisi ce boulot alors si c'est vraiment moi qui induit ça que faire ? Courage Emilie Et surtout donnons nous du temps pour que les choses s'installent .
Laurent L Au
départ, ils écrivent peu. Une phrase c'est déjà de l'écrit non ? Même
si on s'attend à plus, le fait d'écrire tous les jours et de recopier
tous les jours un texte, ça met en place une dynamique et rapidement la
quantité et le contenu évolue. Cadrer le temps ?
Emilie Une
question après observation approfondie hier d'une élève (j'étais déchargée):
que pensez-vous d'utiliser une minuterie pour limiter le temps passé
sur une tâche?
Mathieu Je
découvre ce soir ton message sur cette élève en difficulté (j'ai du
retard dans mes lectures !). Tout d'abord bravo de parler de ce genre de
situations, car je sais que ce n'est pas facile à partager.
Laurent L Moi,
je tombe par terre !!! Si si !!! L'autre soir, mes CE2 brassouillaient,
la tête dans les trousses, sous les bureaux et moi j'essayais de leur
faire noter dans le cahier de texte qu'il fallait faire signer le cahier
de liaison... Je n'arrive plus à maîtriser l'emploi du temps Emilie Je
ne sais pas vous mais depuis la semaine dernière et surtout cette
semaine je commence à ne plus trop maitriser du tout l'emploi du
temps...!!! On a un emploi du temps très vague mais mêmes les heures
fixées (anglais, sport) ne tiennent plus la route.
Mathieu Pas
de solution, Emilie, mais dans le nouvel Educ de septembre il y a des
exemples de fonctionnement de classe intéressants. Cette problématique,
faire une régulation entre la vie spontanée du groupe d'un côté et
les choses qu'on souhaite faire passer autrement (séances toutes
faites), est bien décrite dans plusieurs articles. Une solution que
j'envisage pour moi, puisque mes petits automates ne vont pas tarder à
se transformer en petits génies éclairés, et que je ne peux pas me
permettre de froisser une population parentale à l'affut du moindre
agissement non réglementaire (donc immoral !), c'est d'imposer un
emploi du temps avec un créneau pour réfléchir à la classe
transplantée, un créneau pour les projets de construction, etc. En
plus, on appelle le premier créneau "Français : lire, dire, écrire",
le deuxième "Sciences et techno" et le tour est joué ! Le
hic pour les gamins c'est les horaires imposés. Mais j'ai remarqué un
truc très sympa grâce à ça : tout le monde baigne dans le même
langage en même temps, et les présentations thématiques (en fin de séance)
sont très riches car elles rebondissent les unes sur les autres. réaction
Bernard Bernard C Je vous propose de ramener la question du "bordel" à une question purement... technocratique ! Questions : - est-ce le temps qui gère l'activité (on fait ce que le découpage du temps prévoit, dans le découpage prévu) ou est-ce l'activité qui gère le temps (les plages accordées dépendent de l'activité) ? On peut poser la question autrement : dans le découpage du temps, y a-t-il d'une part ce qui relève du maître (1) de ce qu'il juge indispensable, obligatoire, de ce qu'il fait faire lui, etc. , d'autre part ce qui relève de l'enfant, ses projets ? les deux temps étant alors séparés, il est peut-être (PEUT-ETRE !) plus facile d'agir sur lui et de réguler. J'ai noté dns le mess de Mathieu qui pratique une gestion plus globale tout en conservant un découpage : deux grandes plages recouvrant les deux langages, verbal oral et écrit d'un côté, mathématique et scientifique de l'autre, plus une plage un peu fourre-tout. Il serait intéressant de voir comment, dans chacune des grandes plages, se côtoient ce qui est sous l'autorité du maître (autorité au bon sens du terme !), par exemple fiches à faire, et du projet de l'enfant. Il me semble que dans ses mess précédents ou de l'an passé il avait déjà jalonné cela, mais l'archivage n'étant pas encore terminé, je n'ai ps les éléments sous les yeux. - d'où seconde question : à quoi vous sert exactement le découpage du temps (emploi) dans votre gestion de la classe ? question qui ne porte aucun a priori ou jugement sur le découpage et sa nécessité pour vous. - surchage du temps ou surcharge de l'activité : je ne vais pas réinventer une lapalissade, mais comme on ne peut pas rallonger le temps, il faut enlever dans le temps ! d'où, 3ème question, qu'est-ce que vous pouvez enlever ? par exemple, pourquoi la plage d'histoire régulière et programmée doit-elle être indispensable ? ce qui pose évidemment la question, de comment se construit la notion historique, du temps déjà passé. - Dans la gestion du temps, il me semble qu'il y a les priorités que l'on se donne dans son utilisation, ces priorités évoluant avec... le temps qui passe ! Quelles sont les priorités que vous vous donnez en ce début d'année ? Est-ce tout simultanément ou avez-vous prévu une progression dans vos attentes ? au passage, il me semble que si vous avez établi ces priorités, c'est un argument de poids et rationnel par rapport aux regards extérieurs (inspection, collègues, parents...) - Bordel : Le découpage du temps est ce qui a formaté la plupart des enfants qui arrivent dans vos classes. Ce qui constitue leurs repères d'action (ou de non action !). Quels sont les repères structuraux qu'ont, dans le moment présent, vos enfants dans votre classe ? Pour enfourcher mon dada, quelle est l'embryon de votre structure ? Les enfants ont-ils d'autres repères que l'utilisation du temps ? Ces repères sont-ils clairement identifiés ? - Très souvent le découpage du temps gère ce qui doit être consacré aux langages, aux "matières", au programme. Mais, gère-t-il votre position dans la classe ? l'activité qui dépend de vous ? comment et quand s'organise l'activité libre s'il y en a une ? y a-t-il des moments où le "bordel" peut être admis ? des soupapes d'échappement organisée ? - Organiser son temps est très difficile pour tout le monde (j'en sais quelque chose à la maison !), encore plus difficile pour des enfants qui ne l'ont jamais fait et qui sont dans ce qui est quand même la facilité de subir passivement une organisation imposée. Quelle est, au début, la part du temps que vous leur demandez ou poposez d'organiser et de gérer pour leur propre compte ? et quelles sont les limites de la liberté qu'ils ont dans les choix qu'ils peuvent faire ? Ces limites sont-elles évolutives ?
Il y a plein d'autres questions (technocratiques !) qu'on peut poser ! il y a un exercice, un peu "chiant !" auquel certains d'entre nous se livraient et qui constitue un des outils méthodologiques des crepsc : schématiser la structure de sa classe. Il doit toujours avoir des exemples sur le site marelle si je ne me trompe, Philippe qui le possède mieux que moi doit pouvoir vous dire où. Cela paraît intellectuel, mais, au moins pour moi, cela m'a toujours aidé à y voir plus clair, en particulier pour saisir quand la complication ne pouvait que générer "le bordel" parce que incompréhensible pour les enfants et casse-tête insoluble pour moi ! La complexité a besoin de cadres simples pour pouvoir exister et s'exercer.
Je garde cependant un petit moment de plan de travail, limité à des
activités sur table : créa math, textes, dessins noirs. Tout le monde
est assis à sa table, et vu de l'extérieur, on dirait une classe...
studieuse ! |
Ce qui trouble le système Erwan Ben
non c’est pas trop cool trop bien et trooooop
…j’sais pas quoi… Voir
des gamins commencer à briser au marteau leur bulle au bout de quatre
jour après 7 ans de classe « classique » car on ne leur a
« jamais » (ou si peu ) donné la
possibilité de choisir, de s’exprimer, de se confronter par
l’humour , la dérision, le second degré, ça m’enthousiasme. Si
il y a des anges y sont « trop » bien camouflé…ou alors
ils ont perdu leurs ailes depuis un moment. Je
mets tous mes espoirs sur les diablotins. Vivement
lundi ! et troooop
de diables ne nuisent point…mais comme disait Nougaro
encore faut il que « les mémés aiment la castagne » Et puis avec les gnons, on y glissera bien un peu de poésie dans ce monde de brute.
Marie C Heu
moi aussi j'en aurait bien baffé 3, 4 et même ma fille en rentrant le
soir.
Dans
l’école ils ont décidé l’an dernier de passer à un carnet de
liaison (type college=observation
avertissement, et …ceinture….) Avant
j’avais un système de carte à points donnant accès à des droits.
Donc très proche des ceintures de Fernand Oury
mais aussi complexe que ce que j’ai pu en voir car je ne me sentais
pas d’entrer dans l’usine à gaz. Mais sur le principe ça ne
changeait rien. T’as pas respecté une regle
tu perds un point. Au bout d’une semaine si t’as perdu plus de six
points tu descends d’un niveau de droit..etc.
les regles-obligations étaient établies
par les MOI (les incontournables j’appelais ça…) et par les enfants
pour tout ce qu’ils voulaient ajouter. Maintenant
c'est-à-dire 18 mois de congé parental après, j’envoie tout cela se
faire voir ailleurs et ne me sens pas en phase avec la logique de l’école. Du
coup, vachement plus de discussion avec les mômes, entre les mômes à
chaque conflit. Et…il n’y en a pas énormément finalement. Mais
j’interviens sans doute plus souvent en terme de rappel ou de
questionnement, soit direct soit sous forme d’intervention théâtrale
et d’autodérision pour interpeller sur des situations qui ne
conviennent pas à la vie d’un groupe dans une salle pendant 6
d’affilé…les gamins ont évoqué au bout du troisième jour leur
volonté de voir ressurgir les ceintures. J’ai fait mon le dictateur
sans aucun scrupule : ben non. pas cette
année. Depuis, quelques conflits un peu plus grave Un
gamin en pleure au moment de descendre le midi. Rappel du protagoniste.
Allez vous expliquer dans la classe tous les deux. 10mn après descente
quatre à quatre tous les deux tout sourire. (un
gars et une fille) c’est bon ? ben ouaiaiai
(le son s’en allant avec la distance…
un
autre s’est réglé avec
un gamin dans le buro de la dirlo en
discussion tripartite. Pour en arriver, alors que la dirlo soutient les
ceintures, à un proposition de plus de liberté pour le môme mais sous
contrat de comportement et travail. Je te fous la paix sur ton boulot,
mais on se fixe ensemble ce qui pourrait être fait sur la semaine et tu
t’y tiens. Et tu iches la paix aux autres.
Donc bonne semaine et on se revoit vendredi pour discuter. OK ? Ok
top la… Du
plus incertain au plus prévoyant ils ont donc touTEs
la possibilité de circuler « librement » tout en respectant
quelques règles de sécurité du type du randonneur : tu nous dis
ou tu vas… Pour
l’instant, alors que le groupe est loin d’être tendre ça tient à
peu près… Ne
serait ce que demander-prendre la parole,
respecter la parole, des trucs qui dès qu’on est en phase de
mouvement en groupe, de rassemblement sont primordiaux pour le respect
des uns et des autres et le climat de l’ensemble du groupe, et bien ça
alors qu’ils ne sont pas du tout dans cette logique, on commence à
voir les prémices d’un début d’écoute…sans reglement
coercitif mais par des discussions rappelant régulièrement que je
n’ai pas entendu, que je voulais m’exprimer mais que j’ai pas pu
car untel coupe la parole, qu’il y en avait d’autres qui avaient levé
leur doigt avant moi (mais privilége du MAItre,
je leve le doigt on me donne la parole) et
puis des doigts il n’y en avait aucune il y a 4 jours…le plus rapide
et gueulard emportait le morceau du vrai liberalisme
comme aime nos capitalos ! un
bonheur ! J’avais
envi d’essayer comme cela sans ceinture et je pense que je vais
continuer. Ça me parle plus. Qui
plus est ça oblige davantage les minots (les adultes ?) à
s’interroger sur les raisons de tel ou telles regles
et d’arrêter d’être constamment à faire appel au règlement préétabli
alors qu’on peut amener le groupe à des zones de reglement
tacite, non écrit et ne prètant pas à
sanction mais à nouvelle discussion
et questionnement sur ce reglement. Et puis
quand c’est une situation des plus graves, ben le patron, gasp !,
c’est l’instit. Et j’interviendrais sans scrupule et libéré des
ceintures quand je le jugerai bon…d’où la question subsidiaire et
quotidienne que je me pose : c’était juste ou pas cette
intervention. Adapté ou non. D’où nécessairement des erreurs et des excuses qui peuvent aussi revenir au près du gamin. Je me suis gouré je n’avais pas toutes les données je suis allé trop vite. Les mômes sont pas qu’on…pas con pardon…y sont plutôt du 3ème type j’ai l’impression. Peut être plus que nous …
Marie C (suite Sylvie R) On
passe du temps à régler les conflits mais on essaie de ne pas y passer
trop de tps car il y a 2 ans ça nous bouffait et finalement certains en
profite pour continuer à faire les coqs. Dc je préfère prendre du tps
pour des félicitations et autres trucs "positifs". Je les
incite à se parler "message clair" et si ça ne se règle pas
alors on en parle au conseil.
Fred M Moi
j'avais considérablement allégé mes conseils en demandant aux enfants
de ne pas lire le contenu de la boîte à râlages mais de simplement répondre
à la question suivante : "Est-ce que les problèmes qui sont dans
la boîte sont résolus ?"
Erwan Je
pratique le message clair (que je découvre ce soir) mais pas en réunion… La
réunion est là pour s’organiser, présenter ses travaux, ses objects
etc. quotidienne, une heure après la récrée du matin.10h30 11h30 (on
finit à 12h) Pas
d’intervention concernant des conflits. Je
ne l’avais pas interdit et puis c’est arrivé et je l’ai interdit.
-
un
seul mot dans le cahier, mot qui a été oublié -
plusieurs
conflits entre enfant résoluent par
l’isolement et même plusieurs fois ou je les ai vu revenir plutôt
hilare ?... en
revanche à chaque fois, je leur demande si tout va bien, si le problème
est réglé. Il m’est arrivé d’intervenir à ce moment là et de
les prendre tous les deux car l’un d’eux ne semblait pas satisfait
alors que l’autre estimait que tout était terminé. Je diffère alors
et demande à les revoir après le temps de classe. et des débuts de
discussion observée dans en récré ou de d’excuse en classe pour un
coup ou une bousculade involontaire qui aurait fini par une baston il y
a peu…mais uniquement des prémices, quelques observations éparces
de p’tit bout de chose qui racontent ça…même
chez les plus durs car les autres le leur rappel aussi….beaucoup aussi
d’humour ou de dérision, de moquerie aussi de ma part que j’annule
aussitôt après en disant que je m’étais permis cette moquerie pas
pour faire mal, par méchanceté mais parce que je trouvais son
comportement ou la situation vraiment absurde. Les retours de moquerie
contre moi ont commencé aussi…sur le même ton…respect à chaque
fois mais disant aussi et..là…on
est un peu idiot non ? euh ben ouai…(faut
prendre sur soi…ya, pas évident.) je
voulais expérimenter ça cette année car la venue des « messages
clairs » dans les réunions ne me semblaient pas convaincante pour
le groupe et pour les deux individus. Ça avait plutôt tendance à
permettre à certainE de s’ériger en
donneur de bonne parole morale qui me gonflait
un peu… Pour
l’instant ça a l’air de tenir comme ça…(pas
d’observation ni de ceinture etc. à voir… ) Mais peut être faut il avoir un support réglementaire pour s’y référer ? |
Sylvie R 22
CE1, ON m’avait
promis une classe « difficile », après 3 jours (oui, cela
ne fait que 3 jours) je parlerai plutôt d’une
classe réactive. De
toute manière j’ai
« le don » de réveiller n’importe
quelle groupe (ce qui m’a
parfois posé problèmes avec mes voisines de classe). Ce que je vois,
des sourires, des enfants fatigués qui attendent avec bonheur le
moment de « lecture offerte » où ils pourront s’écrouler
sur leur table et certains fermer les yeux, voir s’endormir.
Déjà un qui s’est
réveillé doucement pendant les maths. Les autres inquiets me l’ont
signalé, « laissé le, il en a besoin ». Ma réponse étonne
mais je pense que d’autres
se sentiront le droit de vraiment se détendre lors de cette séance. Je
ne vois pas dans la classe, pour l’heure,
de comportements hors des limites, que je ne puisse appréhender. Peut-
être un, Wilson, intelligent, remuant mais dans les limites en classe,
intéressé et moteur dans les activités. Le problème est hors classe.
Le deuxième jour, retour de déjeuner, la responsable des animatrices m’interpelle
pour dire qu’ils
ne le contrôlent plus. A la récré, nouveaux actes de violences
rapportés par les collègues. La directrice me dit que si ça va dans
la classe, je ne m’en occupe pas. J’ai lu plusieurs fois dans les échanges sur la liste Freinet qu’il était préférable notamment lors des conseils de ne parler que de la vie de la classe. Certes cela permet de ne pas tout mélanger et de laisser cette espace, ce temps à l’enfant. Mais à un moment il faudra bien que je lui pose le problème ? Le retour en classe après les récrés est un moment que j’ai d’ailleurs du mal à gérer. Que faire de toutes ces jérémiades ? comment les prendre en compte, faire le tri de ce qui peut être un vrai problème, ne pas risquer que les enfants se sentent non « protégés », non « réparés » d’une injustice ou d’une violence dont ils ont été victime ? Lorsque le problème n’a pas été traité sur le coup ou insuffisamment traité ou non dit, non vu comment faire ? Marie C je crois qu'il faut prendre ce temps de parole au début, je mets en place les "messages clairs" et ce qui n'a pas été résolu par un message clair est repris en conseil lors du "cahier de doléances et de propositions" si l'enfant qui l'a inscrit souhaite en parler. BC : Le problème n'est peut-être pas celui du retour en classe mais de la récré elle-même ? peut-être aussi celui de la façon dont on sort en "récré" et de la façon dont on rentre en classe ? Peut-être est-il en amont ?la "récré" est-elle une parenthèse hors de la vie de la classe ou simplement un autre espace... d'activités différentes ? Est-ce un espace aménagé (matériellement et/ou coopérativement ?) D’autres
personnalités dans cette classe, mais pas d’anges,
pas de démons, des petites bouilles de 7 ans, débarrassé de l’angoisse
du CP et pas encore trop « marqués ». Leslie J'ai fonctionné plusieurs années avec une collègue de cycle 3 qui avait l'habitude de m'envoyer ses élèves dans la classe en délégétion lorsqu'il y avait eu un pb dans la cour avec les miens, aussitôt en rentrant. On pouvait comme cela exprimer le problème à chaud et petit à petit en différer la résolution jusqu'au moment du conseil. Dans ma classe le conseil a toujours été ouvert à la résolution des pb de cour. Cela fait partie de la vie du groupe et nous savons leur dire que l'école est un tout, qu'ils doivent se comporter dans tous les lieux de l'école et avec tous les adultes comme en classe, donc, pour moi, il est évident que nous devons en parler en classe. Pour ne pas passer un temps infini à régler les problèmes au retour des récrés, ils apprenaient petit à petit à déposer un papier dans la boîte du conseil et ils pouvaient retourner à leur travail rassurés car ils savaient que l'on allait en parler le moment venu . Soit positive avec les collègues qui sont hautaines comme celle dont tu parles. Raconte-leur tes avancées avec les gamins en difficulté, leurs succès, ceux auquels la collègue en question n'aurait jamais crus. Partage tes doutes et tes interrogations avec ceux qui sont capables de les entendre et laisse la vieille pie dans ses convictions.
L’année
dernière petit essai d’un passeport de comportement. En arrivant
au dernier trimestre dans un groupe plutôt hostile, j’ai freiné des
quatre fers pour ne pas repartir sur les « punitions ». Le résultat
a été plutôt positif mais il a fallu que je tienne bon . Cette
année, démarrant en PF, une semaine plus tard je n’ai pas démarré
de ceintures, ni de passeport. Je me dis « il faut que je m’y
mette ! ». Bah ! peut-être que non en fin de compte. Il
y a votre réflexion et un événement de classe qui m’interroge.
J’ai fait la première réunion de classe aujourd’hui. Evidemment
certains enfants ont été montré du doigt : il rote (et oui !)
il lance des boulettes, des stylos, des coups… j’ai écrit tout
cela, le fait de marquer : Flavio rote dans mes oreilles les a fait
beaucoup rire (ça doit pas s’écrire ce truc là ?). Sur 15
mn nous avons eu 5 mn de temps efficace donc nous n’en sommes pas
arrivé aux décisions (comme quoi ce n’est pas encore un conseil).
Passant à autres choses je suis obligée d’écarter Flavio du groupe.
Il me demande son retour après quelques minutes et me dit :
« c’est vrai c’est bête ce que je fais, je veux m’excuser
à la classe. » ok, il le fait devant la classe assez médusée.
Puis s’ensuit William (enfant très conscient de ce qu’il fait) un
peu plus de mal à se faire entendre (un peu plus dur à croire et pour
cause !) Ce
soir sur l’affiche de la réunion, en dessous des plaintes j’ai fait
une grosse flèche : William et Flavio se sont excusés. Je
me sens moins pressée de mettre un passeport, peut-être cette première
expérience de la réunion et toutes les discussions que je peux avoir
avec eux suffiront ? Bon mais il y en a encore 4 autres qui gênent
fortement la classe. A suivre donc… Erwan En
fait dans la réunion quotidienne (le matin après récré 1h maxi) Aucun des enfants n’a amené de question sur un problème relevant de comportement. Uniquement
des demandes de présentation ou de question concernant l’avenir de la
classe (sorties ?classe neige ?)ou
son organisation Du
coup ça ne passe pas par le groupe et je trouve cela mieux. Le grand
tribunal, l’inquisition des minots ben j’ai testé aussi et ça ne
me satisfait guère. En revanche du coup je regle très souvent des
situations problématiques directement à chaud dans le temps de vie de
classe (mais comme chacune vaque à ses occupations ça ne gène pas
tout le groupe. J’essaye d’intervenir sans élever la voix ou en
isolant les protagonistes (sortir de la salle avec eux. Par exemple. Et
les laisser en plan à discuter… puis revenir…repartir, poser deux
trois questions, décortiquant, montrant les torts partagés bien
souvent…et puis parfois ça vole, ça sort, ça explose…parfois
c’est bénéfique, souvent je me trouve plutôt con… Cette
après midi j’ai plutôt rigolé. Je
bossais avec un minot CM2 qu’arrive pas à écrire, signalé comme
psychotique et vilain petit canard ..assis
l’un à coté de l’autre on tentait de se lancer. On y était et
puis la cocotte montait peu à peu en ébullition sonore. Tout à coup,
paf ! un grand coup sur la table et je
me retourne regard goguenard mais incertain (yeux exorbité, Aguiré ou
la colere de dieu !, vous voyez…avec ce léger sourire de Klaus
Kindsky (orthographe ?) dont on ne sait pas si c’est du lard ou
du cochon pour ces p’tits musulman ça tombait bien ! humpf !
o))) on peut rire…. Bref, tour de tète panoramique sur la classe et
parole ( à voix basse) : serait ce
possible d’avoir un peu de silence pour que X et moi nous puissions
poursuivre le travail que nous avons engagé ? chuuuuuuut Reprise…calme….puis
une voix, puis une autre puis… Et
collègue enfant d’infortune, mon voisin, tu entends ? tu
l’entends la cocotte qui recommence à bouillir ? (j’avais
utilisé cette métaphore avec eux ces derniers jours) interloqué, le
minot me regarde ne saisit pas tout de suite et puis un léger sourire
se pointe au fur et à mesure que je lui signale une nouvelle bulle
sonore. Et
puis au moment de l’ébullition, je lève ma main et me tourne vers
lui. « on y va ?!! » sourire
béa qui aussitôt léve une main et d’un coup tous les deux PAF !
la table ! AAAAh ?! et
beh oui les cocos vous nous dérangez encore….le coup suivant c’est
lui qui levait ça main j’ai eu du mal à réagir aussi vite que lui. Bon
on avait réussi à écrire quelques mots et il était temps qu’on
sorte car mon voisin commençait à entrer lui aussi en ébullition et
à vouloir taper très vite sur la table. Mais voilà un exemple de régulation qui ne sera pas nécessairement un sujet de réunion. En tout cas je n’ai pas envie de l’amener comme sujet. Francesco Dans ma classe, on ne parle pas des problèmes "particuliers", qui doivent être réglés entre élèves concernés par une discussion calme, ou avec l'aide de l'adulte. J'ai interdit de mettre des prénoms sur les étiquettes de Conseil de classe. Par contre on peut mettre une remarque du type "Un enfant a tapé un autre enfant", ce qui transforme le problème particulier en problème général qui peut concerner tout le groupe et peut donc amener des réflexions et une discussion générales de tout le groupe (sur ce que ça inspire, les solutions possibles,...). Frédérique eh bien moi aussi ça m'arrive de temps en temps de peter un cable et je suis toujours très mal à l'aise ensuite. Pas réussi à gérer mes 5 caïds qui passent leur temps à semer la pagaille quelque soit l'activité en cours (travail de groupe, travail individuel) rien n'y fait. Et pourtant après ces moments là, il faut un certain temps quand même, je parle plus bas et le calme reviens.
Et j'aimerais bien trouver un moyen de ne pas laisser l'enervement l'emporter. Il me semble que ces "pétages de plomb" que vous décrivez ont lieu en particulier en tout début d'année scolaire. Question : Y a-t-il eu passage brutal de la situation dans laquelle les enfants se trouvaient précédemment à celle que vous avez instaurée ?
|
Le bruit ! le bruit ! Mathieu Le
bruit pour obtenir le silence... mouais.... le coup pour montrer qu'on
veut du calme.... ça ne me convainc pas.
Erwan Suis
assez d’accord et je ne vois pas ce qu’il y a de
« pas démocratique… » Un
minot incapable et en détresse dans un groupe collectif peut il mettre
le groupe en l’air De
même pour un adulte. Ça
ne me gène pas d’intervenir dans une réunion d’adulte pour
demander à certainE de la « fermer »
car leur a parte gène la discussion Et
m’empêche d’entendre ce qui se dit … la démocratie n’est elle
pas là aussi dans ces demandes « dictatoriales » d’écoute,
de respect collectif de la parole et aussi … de la possibilité de
partir pour faire autrement. Aujourd’hui,
je n’ai pas réussi à gérer cet endroit là. Car j’ai trop tardé
à exclure…de discussion en rappel en Un
minot a poussé comme il s’est faire. Gestion calme, d’écoute
jusqu’à ce qu’il franchisse une ligne de mépris qui viscéralement
me met hors de moi…explosion du volcan qui était prévisible tant on
sentait les secousses et l’agitation en découlant frémir… Je
m’interrogeais ensuite sur cet aspect de la colère des tripes, pas
celle de la morale « c’est pas bien », mais celle qui dit
tu me blesses. C’était violent ( dans les
mots) lui pas bien moi mal, les autres interloqués…pas fier (moi
comme eux), pas content et en même temps l’impression que ça passe
parfois par là… On
en a rediscuté ensuite…c’est étonnant comme ils sentent ces
endroits. Ils perçoivent, ce qu’il y a à perdre, ce qui va trop loin
quand on se le dit ainsi. Je
me disais que « y a pas que les mémés qui aiment la castagne »
comme à Toulouse (Nougaro) ici à Marseille ;
La
kalachnikof est toujours en bandoulière, la
fleur n’existe pas ou bien au fond écrasé sous les balles de fond de
poche. On
en est là. Réussir à laisser la pétoire sur l’épaule, et à
sortir ne serait ce que quelques cartouches recouvertes de pétale. On
avance…doucement…mais ce serait être naif
je pense que de ne pas porter aussi le fusil en bandoulière… se
promener la fleur au bec sur un champ de bataille est certes très beau,
mais on traverse rarement la zone minée indemne. Le
fait d’ouvrir des zones de liberté (le fonctionnement est aux
antipodes de ce qu’ils ont vécu) amène aussi ces endroits de
friction. Certaines
ont la fleur au bout des doigts mais face aux armes du bord, n’osent
pas encore les montrer. Et ils ont en partie raison. Ce sera à moi de
le montrer. 20
bonhommes. La démocratie de l’instit, est ce laisser 4 zozos mal dans
leur peau, effectuer des trous dans la coque sans les arrêter. Ajustement
par colmatage et mise au poste sur le grand mat pour rêvasser un peu
loin de l’équipage ne fera pas de mal même si c’est dictatorial. La
solution serait tellement simple en rang par deux, manuel, page N, plus
une mouche, le stylo en alerte, prêt à faire vibrer
l’avertissement… Bon
bref décousu, j’arrête là.
Sylvie R Non
pas démocratique du tout : 5 minots dans une classe laissant juste
le temps de faire le minimum requis par Mr Darcos : LIRE
ECRIRE COMPTER et encore… Je
ne maîtrise la situation que par la force de « mon grand
âge ». les 17 autres en profitent et/ou subissent. Ce
soir , c’est jusqu’à la nausée :
« La solution serait tellement simple en rang par deux, manuel,
page N, plus une mouche, le stylo en alerte, prêt à faire vibrer
l’avertissement » Je
ne suis pas faite pour ça et pourtant c’est ce qui paraîtrait le
plus raisonnable dans ma situation. Est-ce
ma situation dans cette usine d’une vingtaine de classe ? Est-ce
le comportement de ces générations que je ne comprendrais plus (jeunes
parents et enfants) ? Pourtant mes enfants sont encore jeunes (13
et 18 ans) et n’ont pas eu un parcours fleuri. Comme
souvent conseillé ici je n’ai pas démarré en révolutionnant
tout. J’ai d’abord travaillé sur la mise en place d’un esprit
coopératif et participatif : fabriquer eux même les outils de la
classe, amener doucement les supports de travail, démarrer de suite des
séances de présentation et d’échanges autour d’un dessin…. L’écrit
démarrait doucement et ils semblaient être demandeurs. Le projet de
correspondance les intéresse et lorsque ce matin j’ai demandé aux
plus rapides de commencer à réfléchir sur le premier envoi, un groupe
s’est mis à fabriquer des enveloppes ( !!!). Mais cela en est
resté là, trop de perturbations dans la classe : un enfant ne
cesse de me répondre et me provoquer en agissant indirectement sur
d’autres plus fragiles et donnant dans le panneau. Un autre qui peut-être
très agressif s’est ravisé en cours de journée et est devenu très
aidant mais s’est fait rabroué par la directrice (ma voisine de
classe) dans le couloir. Elle ne supporte pas le bruit et le premier
critère d’une « bonne classe » est le silence. En désespoir
de cause d’obtenir un déplacement correct de ma meute je leur ai fait
copier un texte rédigé ensemble du « savoir vivre » de
l’élève dans l’école. Cela à porté ces fruits à la récréation
et à la sortie en rappelant aux récalcitrants l’heure de grattage
qu’ils venaient de se coltiner. Bref à des kilomètres de ce que je désirais
mettre en place. Quand
pour couronner le tout le gamin qui avait été si insolent s’est
mis à pleurer lorsque je parlais avec ces parents et qu’il a lâché
un « je m’ennuie » là mon estomac n’a fait
qu’un nœud : j’ai tout foiré ! la réponse des parents
« oui c’est depuis la moyenne section que l’on nous dit
qu’il est insolent » peut me faire rejeter la « faute »
sur eux, et ainsi je m’en irai dormir tranquille. Lui avoir fait
constaté que de part son comportement cela nous empêche de
poursuivre les projets commencés peut aussi m’apaiser. Beaucoup
s’en contenterait et moi je vais rester comme une C à me torturer
l’esprit jusqu’à jeudi du pourquoi, du comment , parce que, quoi
quand … ???
Emilie oh
ben non t'es pas le seul, on doit tous peter des cables de temps en
temps non? Moi le dernier en date c'était ... hier. Vous vous souvenez
de la jolie petite histoire de jokers? C'était mignon tout plein et
bien hier ca a dérapé grave! La petite qui a bcp de mal à se mettre
à bosser avait décidé d'utiliser son joker "aller faire une
sieste". Un autre me donne aussi son joker. Je leur rappelle qu'on
avait prévu de faire le conseil (5 grands moins deux, reste plus grand
monde...) puisque vendredi je n'étais pas là. Mais non ils me donnent
leur joker. Ca fait partie du jeu , j'ai essayé de ne pas montrer ma déception
mais je dois dire que ca m'a gonflé. |
Erwan En
fait y a rien qui marche ou alors tout
marche… Le
probleme c’est de varier les plaisirs. Je
n’érigeais pas cette démarche en règle mais je faisais une
description de ce qui peut se passer parfois… que ça plaise ou pas,
qu’on en pense du bien ou pas avant ou après coup. Ça arrive. Comme
de chuchoté …ça arrive…et la violence
d’un chuchotement est parfois aussi forte que celle d’une
gueulante… Parfois
c’est efficace parfois non. Dans
un certain contexte avec certain gamin à un certain moment de la journée
de la semaine de l’année selon ce qu’on ressent une action ou un
autre peu s’avérer judicieuses. Se
déplacer et chuchoter je l’ai fait aujourd’hui. Enfin
aujourd’hui, je veux dire ce matin…enfin, ce matin, je veux dire
juste avant la récré, je le sentais comme cela par rapport à l’équilibre
en place dans la classe et au comportement de certainEs. Et puis après
la récré ça été autre chose, plutôt l’explosion et le grand
discours moral. Ils ont pourri de mépris un visiteur impromptu…je
supporte pas …eh ! faut bien qu’ils
sentent aussi l’odeur de mes viscères ! Le
début d’après midi c’était plutôt je bosse avec untel vous
faites bien ce que vous voulez je ne vous entends pas..enfin
presque…et avec la
unetelle on a passé un bon moment. Et
puis après la récrée, ben c’était encore différent…trop de
bruit, demande de silence complet plus un mot…ben y avait encore du
bruit : la première récrée de l’école, rentrait par une fenêtre,
la première de l’autre école rentrait par l’autre fenêtre, et le
gars avec sa tronçonneuse s’en donnait à cœur joie…Bilal
tu veux pas fermer ta grande gueule un instant qu’on puisse écouter
ce doux bruit de la ville… Bon
Bilal il a pas voulu, et il a fini par
rompre le contrat établi il y a deux
jours. Conclusion : Mise à l’isolement vous savez comme
papillon dans le film. Mais je le sens moins ténu que Papillon.
Heureusement ! On
a tenu un quart d’heure de chuchotement et de muet. ChacunE
se susurrant les mots doux qu’il voulait à l’oreille. Pas
de coup sur la table cet après midi ; très peu de bruit. Mais que
de violence avec Bilal ! il
s’est plus ou il est. Les autres commencent à réagir. Aidez
le ! La
tronçonneuse a cessé, et les oiseaux n’ont pas eu le temps de
reprendre…16h30 arrivait et les klaxons des bagnoles avec… Faisait
chaud aujourd’hui à Marseille. Et
demain ? ben on ressortira l’ensemble
de la panoplie et selon l’instant, l’événement, la sensation du
groupe, de l’individu en action je sortirai le bazooka ou la
mandoline. Rat des villes rat des champs, quand le chant est en ville le calme se chuchote, quand l’orage est au champ la foudre tombe où elle veut… Salut à vous, je me permets de rentrer dans cette discussion, parce que moi aussi ça m'arrive régulièrement d'être un "péteur de plombs", même si avec le temps c'est moins souvent et plus théâtral qu'autre chose.
Je crois que cet échange rejoint celui sur la démocratie ("les Critiques en Conseil de classe"). La question, il me semble, c'est : "Y a-t-il une violence légitime dans un cadre démocratique ?". Perso, j'aime bien toujours ramener la réflexion à l'échelle de la société, avant de voir comment ça peut s'appliquer en classe ou dans l'école. Historiquement, en France, la démocratie s'est imposée aussi par des moments de violence (de lutte) et elle se maintient aussi en partie grâce à une forme de violence qu'on considère tous implicitement comme légitime (sauf quand elle dérape) : c'est celle de l'Etat, et de son instrument de maintien de l'ordre, c'est-à-dire la police. On peut (et on doit) toujours critiquer et s'indigner lorsqu'il y a bavure, mais on doit bien reconnaître qu'on a aussi besoin d'une "force" qui doit assumer l'utilisation d'une violence légitime pour arrêter les psychopathes, les violeurs, les forcenés, les cogneurs de femmes, les tueurs en série... (je ne prends volontairement que des cas extrêmes) même si on peut porter un regard critique sur la forme et le fonctionnement de cette police, ainsi que sur les sanctions qui sont ensuite appliquées par la justice (pertinence des peines, fonctionnement des prisons,...).
A l'échelle de la classe et de l'école, il me semble que ce sont les enseignants qui doivent assumer ce rôle de "police", même si ce n'est bien sûr qu'une petite partie de notre rôle (en quantité, pas en importance). Déjà parce qu'on ne peut pas demander aux élèves de l'assumer. Et puis aussi parce que c'est nécessaire pour qu'une vie démocratique puisse continuer à exister dans la classe. Notamment pour que les décisions prises démocratiquement par le groupe soient respectées, sinon on livre le groupe à la "violence dictatoriale" des plus costauds. D'ailleurs (petite parenthèse), si on n'oblige pas à ce que les décisions s'appliquent, comment le groupe peut-il se rendre compte dans certains cas s'il a pris une décision pertinente ou s'il y a besoin de changer de cap ?
Pour en revenir à notre "pétage de plomb", je crois que c'est une des formes que peut prendre cette violence légitime, surtout quand elle n'est qu'une révolte contre ce qui peut casser le fonctionnement démocratique de la classe ou le respect des autres. On peut toujours dire calmement à un élève que ce qu'il fait est insupportable, mais je n'ai encore jamais rien vu de plus parlant pour un élève qu'un "pétage de plomb" pour se rendre compte concrètement de ce que ça peut vouloir dire "insupportable". Il faut bien que quelqu'un l'exprime, avec ce que ça comporte d'émotionnel, vu que les élèves hésitent souvent à le dire. A terme, en prenant de la distance, on peut même se dire que ce pétage de plomb mérite d'être théâtralisé, pour être mieux maîtrisé par l'enseignant tout en restant parlant pour les enfants. Est-ce alors toujours un pétage de plomb ? Faut voir...
Bien sûr, on ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur les limites à fixer à ces pétages de plomb, au même titre que les limites à fixer aux interventions légitimes de la police dans une société. Sinon, c'est la bavure...
Puisque j'y suis, je mets aussi en pièces jointes, quelques réflexions sur la démocratie que j'ai eues pendant l'été. C'est écrit avec un style un peu prise de tête, je m'en excuse, c'était perso au départ, je ne prévoyais pas forcément de les faire lire. Si ça peut intéresser quelqu'un... et si ça suscite des réactions, c'est encore mieux, ça me permettra aussi de faire avancer ma propre réflexion
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Quoi faire avec X ? Marie C ouais
ben c qd même super dur des fois ! Autant jeudi et vendredi ont été
agréables, boulot dans le calme, relatif ms qd même. Marie C C'est
bien dans l'irrespect que j'ai senti cette phrase, vu le ton employé et
répété. bon je me dis heureusement que ce n'est pas à moi qu'il
parle qd il dit baisse les yeux!!!!!!!!! mais bon qd même je ne peux
pas accepter ça ! LaurentL Dans
ma classe, je ne fais plus du tout de gestion de conflits en conseil. Ca
ne fait que dégrader l'ambiance de classe. C'est l'occasion pour
certains de régler des comptes et ça tourne souvent au tribunal. C'est
également difficile à gérer pour l'enfant mis à l'index. C'est
souvent des enfants qui ont des problèmes avec le cadre scolaire.
L'environnement "classe" leurs demande beaucoup, trop
parfois...Alors par moment ils explosent parce que c'est trop pour eux.
Nathalie B moi je ne suis pas d'accord .. le conseil permet justement que ce ne soit pas tjs le maître qui fasse le tampon, qui rappelle à la règle c'est particulièrement vrai dans les classes difficiles ou les debordements sont nombreux, surtout en début d'année (j'espère que cela va se tasser) par contre pour ne pas que cela s'eternise, quand les deux parties sont d'accord, les excuses acceptées (message clair), il n'est pas necessaire que les autres enfants interviennent
ps: pouvez vous essayer de signer vos messages avec votre signature professionnelle car moi des fois je ne sais plus qui parle!! merci
La posture ? Bernard C Mon fiston est un peu le même "cas" que ton BO ! et oui, j'aurais bien voulu générer un ange ! et pour ma tranquillité ne pas avoir les mots récurrents dans le cahier de liaison ! Les raisons de son comportement sont multiples, y compris son père, sa mère, les copains et le tuti quanti. Parmi une de celles que j'ai pu déterminer, il y a le "faire le malin^", être perçu par les autres, bref les problèmes d'identité sociale. Bon, on euvre, on oeuvre ! dur dur d'être parent ! Mais, et c'est là que je veux en venir, cela s'est résorbé relativement facilement avec une maîtresse, pas du tout avec la suivante. La première, d'une part séparait nettement le côté traditionnel (écrit, math) plein de contraintes, du côté artistique ou créatif où là l'énergie pouvait se libérer. Il y avait une soupape. D'autre part il y avait ce qu'elle n'acceptait pas, clairement affirmé et sans explications. La posture de la seconde était différente : elle voulait que les règles qu'elle imposait (ce qu'elle n'acceptait pas et voulait que ce soit comme ça) soit acceptées comme des règles que les enfants devaient comprendre comme leur étant utiles (elle ne pouvcait supporter le moindre buruit, le moindre déplacement). Tout était décliné sur le plan de la morale. Et elle en faisait un préalable pour entreprendre des activités plus intéressantes (elle avait des envies). Elle n'a du coup rien entrepris, sauf à la fin de l'année à 2 mois de la retraite. Et là, bizarre, tout s'est arrangé ! Elle a tout essayé pour arriver à "moraliser" : les gueulantes (pour gueuler, il faut que cela soit rare et que la voix ne transporte pas l'exaspération, la peur, l'impuissance, du coup, elle est devenue "celle qui crie tout le temps"), les punitions (Mon drôle a été le champuion olympique de la classe côté punitions, il en est venir à s'en faire une médaille ! Darcos devrait savoir qu'à médaille il y a toujours contre-médaille ! et les peu de médaillés qu'il va décorer vont produire une kirielle de contre-médaillés de tous ordres !), puis les tableaux de comportement où chacun pouvait passer du vert au rouge (mais que tu sois dans le vert ou dns le rouge, cela ne te donnait ni droits nouveaux, ni ne t'en enlevait !), le signalement dans le cahier de liaison, la plainte aux parents réunis à qui elle demandait implicitement de l'aide, mais quelle aide ?(quelques-uns disaient ensuite, "mais puisqu'elle nous dit que l'école c'est son affaire et qu'on a rien à dire"), en vain. Toutes les deux ne se préoccupaient pas de ce qui pouvait se passer dans la cour de récré qui, elle, a toujours été une jungle. Par contre la première faisait un accueil individualisé le matin, l'autre faisait la rentrée massive en rangs (elle disait que "l'ordre" commençait par ça). Martin changera, tout au moins sa tendance à s'opposer et à faire le malin pour exister va s'atténuer, c'est dans l'ordre des choses, l'attitude n'est d'ailleurs pas permanente et l'école n'en est pas la seule cause. En dehors de toute la conception de la vie de la classe que vous connaissez, ce qui m'interpelle, c'est la posture que prend l'enseignant. Dans la classe c'est l'adulte référant. Je crois qu'il y a nécessité qu'il s'affirme comme tel. Ce n'est pas n'importe quel adulte et il n'agit pas comme n'importe quel adulte et les enfants n'agissent pas avec lui comme avec n'impôrte quel adulte. La seconde instite attendait que les enfants fassent et se comportent parce qu'il était justifié, moral, civique qu'ils fassent et se comportent ainsi. La première exigeait un certain nombre d'impératifs (pas trop et surtout qu'ils soient possibles sinon ce n'est plus crédible) qu'elle ne justifiait pas, en particulier sur la façon dont on s'adressait à elle et sur la façon dont on pouvait manifester son mécontentetement et son humeur (mais il faut une façon de pouvoir le manifester), et mon drôle pouvait trouver son chemin. C'étaient deux traditionnelles. Le plus curieux, c'est que la seconde, celle avec qui cela ne s'est pas trop bien passé, a essayé des réunions, des responsables... sauf qu'il n'y avait pas d'intérêt visible pour les enfants. Elle démopntrait que plaquer des institutions en pensant que c'est l'institution qui arrange tout est inutile. Cela aurait peut-être paru marcher si elle avait eu suffisamment d'autorité (qu'est-ce l'autorité ?) pour l'imposer, même de façon factice. Et pourtant elle était très autoritaire ! inversement proportionnel à son manque d'autorité. Manifestement, elle n'a pas su trouver quelle devait être sa posture face aux enfants et par rapport à ce qu'elle pensait devoir être et devoir faire. Cela a d'ailleurs été semblable face aux parents. A noter aussi, l'essentiel de ce qui se fait en classe est gommé de la mémoire. On (nous parents) arrive à savoir ce qui se passe avec les copains, dans la cour, quand Jean-Yves le peintre ou Bruno le basketteur viennent faire des séances, quand on veut savoir ce qu'il a fait en math, en français, impossible et, manifestement, il ne s'en souvient vraiment pas. Il sait juste qu'il a fait des maths et du français. J'ai testé avec ses copains et copines quand ils viennent à la maison, personne n'arrive à le dire. Un trou. Je sais bien que cela ne signifie pas forcément qu'ils se sont tous ennuyés, mais peut-être qu'ils n'existaient pas dans ce qu'ils faisaient. Il faut peut-être alors qu'ils se fassent voir et se voient de façon quelconque. Des enfants évitent de se faire voir et se suffisent à eux-mêmes, d'autres ont besoin de se faire voir. Suffit qu'il y ait prédisposition à la provoc, et c'est le conflit qu'ils choisissent. Pas forcément non plus pour tester jusqu'où ils peuvent aller puisque ces pestes... y vont quand même. Cela ne semble rien à voir, mais quand j'étais dirlo de colonie de vacances et que je pouvais choisir mes moniteurs, j'éliminais systématiquement ceux qui me donnaient comme motivation "j'adore les enfants". Et chaque fois où je n'ai pas eu trop le choix et que j'ai dû recruter ces amoureux des enfants, il y a eu des problèmes. Ce qu'ils aimaient, c'était être adoré des enfants, et ils ont rarement réussi à être dans la posture d'un adulte référant et surtout à être perçu comme l'adulte sécurisant. Je leur disais d'ailleurs à tous : vous pouvez très bien vous trouver au milieu des enfants, assis à l'ombre en train de lire un polard. Ce pourra être très professionnel ou tout le contraire. Tout dépendra comment les enfants vous percevront et alors votre présence pourra être plus sécurisante et apaisante ainsi que si vous êtes aux aguets.
La posture de l'adulte, on n'en parle pas beaucoup. Comme si cela était évident, naturel, et ne pouvait se décortiquer ou se travailler. Je pense pour ma part que ce n'est pas aussi évident que cela. C'est sûr, elle n'élimine pas les problèmes de comportements, mais elle permet d'y faire un peu plus lucidement face. Quand j'avais visité l'école de Bruce (banlieue lyonnaise), j'avais été justement particulièrement frappé par la posture de tous les instits de cette école qui avaient eu à faire face à des comportements plutôt hard. Même chose quand j'avais été voir Philippe Lamy pour prendre les exemples difficiles. Je suppose que cela n'est pas venu tout seul et qu'il y aurait peut-être... à chercher !
Thomas le
gamin qui avait été si insolent s’est mis à pleurer lorsque
je parlais avec ces parents et qu’il a lâché un « je
m’ennuie »
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Carole Je suis un peu dans le même cas que Marie. J'ai du mal à me contenir face au comportement irrespectueux des gamins que ce soit envers moi qu'en vers un autre enfant!! Alors j'ai des coups de sang à ce moment là et ça m'énerve profondément de m'emporter mais je n'arrive pas à me contrôler!!!! J'ai l'impression que ça ne sert à rien, car on rentre dans un rapport de force qui ne me plait pas!! Mais comment faire autrement ? Mettre une règle de vie qui dit "je ne dois pas manquer de respecter à mes camarades ni à la maîtresse?" C'est fait mais ça ne les empeche pas de recommencer et moi aussi de mon coté j'ai l'impression que je fais trop dans l'autoritarisme ce qui pousse certains à rentrer dans ce rapport de force!! J'ai bcp de mal à jauger entre autorité et autoritarisme, c'est peut être l'expérience qui me manque... PS: j'ai fait un plan de travail pr mon cM1 cm2 assez simplifié en ce début d'année, si ça vous intéresse, je le mets en pièce jointe! Carole CM1/CM2 Saint- denis(93)
Bernard C Cela bouillonne sous la super-cocotte capable de contraindre une forte pression. Tu ouvres brutalement le couivercle et tu es brûlé au 3ème degré. Et tu n'arrives plus à remettre la soupe qui te salit la gazinière dans la cocotte ! Tous les vieux comme moi vous le dirons : on ne peut faire passer, du jour au lendemain , des enfants formatés pour être sous contrainte, dans une structure plus ou moins libertaire à laquelle ils auront peu participé dans sa conception (on les y met comme on les mettait dans la cocootte), qui leur sera quelque peu étrangère et dans laquelle il leur faut trouver leur propre direction. C'est en somme une cocotte sans couvercle avec le robinet du gaz grand ouvert ! Je suis très souvent admiratif de ce que vous mettez en place d'entrée et à la fois très inquiet. Il s'agit d'abord de passer d'un état à un autre, et c'est là que c'est difficile. Que ce soit dans l'organisation qui permet la vie ou dans une autre approche des apprentissages qui en découle. Avant toute plongée dans les pédagogies modernes et encore plus dans les avancées de 3ème type, c'est ce que les anciens doivent asséner sans cesse : ce n'est pas une autre approche ou une autre pédgogie qui est difficile, c'est le passage des enfants, de l'enseignant, des parents, de celle qui les a formatés à l'autre. En soi, ce que vous décrivez me paraît tout à fait... normal ! Revenir provisooirement à l'état préalable, c'est à dire à celui qui constitue le repère des enfants, n''est à considérer que comme une opération technique, sans plus. A partir de cette position, on peut doucement avancer. Il m'a fallu un an pour commencer à entrevoir l'auto-organisation. J'aurais changé d'enfants l'année suivante qu'il aurait fallu recommencer la marche, avec un peu plus de technique acquise pour aller un peu plus vite. Pour la posture, oui ça se travaille. Elle est différente de celle du "policier" qui fait assurer un ordre décrété par d'autres ; elle est celle de l'adulte référant, nécessaire à un groupe d'enfants qui n'est qu'un groupe naissant, un "groupe enfant". Dans beaucoup de tribus dites primitives, il n'y a ni police, ni sanctions. Il y a des sages qui ne sont plus dans l'action mais dans l'écoute et reconnus comme les garants de l'harmonie de la communauté, donc de sa survie et de son bien être comme de celuii de de chacun. Leur reconnaissance en tant que tels provient de la reconnaissance de leur longue expérience, donc ils sont écoutés. Dans le groupe classe, l'adulte, même jeune, a cet écart avec les enfants qui confère la sagesse. Ce n'est pas l'ordre ou la règle qu'il fait respecter, c'est l'harmonie du groupe. Ce n'est pas tout à fait pareil et ce n'est pas perçu pareil. Et cela fait moins "péter les plombs" ! "désolé, JE ne peux te laisser faire ceci, et TU ne le feras pas, s'il le faut je prendrai les dispositions nécessaires pour que TU ne le fasses pas"... reste le problème des dispositions ! et à sortir peu à peu les légumes de la cocotte minute, mais baissez le gaz avant et levez la soupape avant d'ouvrir le couvercle !
Pascale B
Mathieu Thomas,il
me semble en lisant ton message que les élèves s'engouffrent dans des
faiblesses que tu n'identifies pas vraiment. Tu vois bien que ça
"dérape", mais tu ne sembles pas voir quand. C'est bien
difficile de donner des conseils à quelqu'un à ce sujet, en
particulier par mail, mais je me rappelle avoir été dans ton cas il y
a plusieurs années, et avoir serré des dents et culpabilisé. J'avais
alors rencontré un vieux de la vieille qui m'avait proposé de venir
m'en parler en classe. Il a pris ma classe en main en 5 minutes pour
qu'ils puissent nous laisser tranquilles, et la facilité apparente avec
laquelle il avait fait ça m'avait sidéré. Il m'a alors dit une chose
que je me répète souvent : ce n'est pas naturel, c'est des années de
travail que d'apprendre à parler à un groupe. Patience, et les pièces
du puzzle vont s'assembler. En attendant ? Oui, tu peux serrer la vis,
oui tu peux faire du frontal, oui tu peux mettre de côté tes
convictions, un temps, ça ne les bafoue pas. Il s'agit juste de se
donner vraiment du temps pour comprendre comment on peut, petit à
petit, année après année, faire correspondre ce qu'on voudrait avec
la réalité du terrain, c'est-à-dire toi, eux, ici, et maintenant.
Oui, ils ne sont pas prêts pour ce à quoi tu rêves. Peut-être toi
non plus. Par exemple, après avoir été "à fond dedans"
pendant 3 ans, je reviens cette année à un fonctionnement très
classique : lectures suivies, Ermel, séances d'histoire-géo. Et 3 fois
par semaine, seulement, c'est expression-création pendant 45 minutes.
(en plus de l'écriture automatique chaque jour). Je n'ai renoncé en
rien à ce que je veux faire de mon métier. Mais je suis dans une
nouvelle école, sous contrat privé, dans un pays où la loi officielle
est la charia, avec un fonctionnement d'école ahurissant
d'autoritarisme (on parle aux élèves de leurs "manquements
moraux" !). Alors, je laisse tout doucement les choses passer du
gris à la couleur, mais doucement, pour ne pas leur faire mal aux yeux.
J'ai décider de commencer par 3 petits trucs, sur 3 petits temps.
Textes, dessins noirs, créa math. Présentations. Rien de plus. Leurs
textes libres, je sais que certains deviendront des mini-livres, et qu'à
partir de là on pourra peut-être vivre une aventure incroyable de coopérative
scolaire...peut-être, peut-être. En attendant, je leur dis : "je
trouve inacceptable de ne pas être rangés pour aller en classe "
(on a 200 mètres à faire depuis la cour de récré jusqu'à la classe
!) . Et en classe je sépare les élèves qui discutent. Peut-être
qu'ils se racontent des choses passionnantes, qui auraent porté des
projets géniaux dans ma classe l'année dernière. Mais non. La main
sur le couvercle de la cocotte. Et puis, de temps en temps, seulement de
temps en temps, je désserre le couvercle de cette cocotte, pendant les
présentations de travaux, mais très peu : "Untel, je propose que
tu présides la présentation, je vais t'aider. Non, personne d'autre ne
présidera aujourd'hui. Non, on ne vote pas, c'est moi qui décide."
Tout ça pour dire que la petite phrase de Freinet "ne lachez pas
les mains avant d'être sûr d'avoir les pied bien à terre" n'est
pas vaine, et qu'il ne faut pas avoir de remord par rapport à une
posture que l'on a, dans la mesure où on sait pourquoi on l'a, et qu'on
sait que c'est transitoire.
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L'adulte ! Nathalie En " arrêt santé" depuis 1 semaine et pour encore 15 jours pour une maladie liée au stress. Ce stress que je sens depuis 2 ans : la petite école du village doit vivre, il faut être au top, sur tous les fronts. La boule de colère dans le ventre qui ne doit pas sortir: non, ne pas être une maîtresse qui crie, qui s'enerve, tenir, respirer.... et puis parfois ça sort quand même! Et la souffrance qui petit à petit s'installe: les montagnes que je regarde par la fenêtre et qui m'appellent, le dégoût devant les nouveaux programmes à faire avaler, l'envie d'une école qui libère, construit, élève... Alors cet été, pour éveiller mon désir de reprendre, un stage avant la rentrée avec le réseau école et nature: ne pas refermer la porte de la classe, faire entrer la nature dans l'école, aller écouter encore le vent dans les feuilles. Pas le temps de tester longtemps, le corps est malade, il a besoin de temps, de calme, de solitude. Est il possible de faire ce métier quand on a une sensibilité trop forte? un trop grand besoin de liberté? de nature ? Et à la fois, un fort attachement à ces minos avec lesquels je chemine depuis 2 ans, une envie de continuer la route mais pas au mépris de ma santé. Je me sens en dehors de ce qu'on attend de moi au niveau de l'institution et peu la force de m'opposer. Et plein de questions: comment avez vous fait pour tenir aussi longtemps ( pour ceux qui enseignent depuis 10-15ans) ? pour vous réaliser dans votre métier? Pour gérer le stress? La demande institutionnelle?
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Marie-Claire C'est
vrai, non? On peut se mettre en colère, ça n'est pas défendu! Mais Je
n'ai pas envie d'être en colère, parce que c'est un sentiment qui me
fait du mal comme pour vous! Alors j'ai décidé d'avertir mes élèves
avant quand je sens que je commence à être bien gonflée, je leur dis.
Mes élèves sont tous difficiles, ce sont des enfants d'itep dans
une classe intégrée. La violence ils connaissent bien, alors au début
mes colères ils s'en fichaient pas mal. J'ai donc parlé avec eux de ce
sentiment de colère et ils m'ont paelé du leur. On s'est mis d'accord,
mais il faut le rappeler souvent: quand l'un d'entre nous sent l'énervement
ou la colère ou quelque chose d'autre venir, on doit le dire. Les
autres doivent alors l'aider. Si on y arrive pas on sort de la classe
pour respirer un coup (sauf moi). Parfois ça marche et parfois non.
Parfois leurs sentiments les submergent complètement et je suis obligée
de protéger les enfants de la violence d'un seul! Alors ma colèrecontre
l'enfant serait dérisoire et mal venue et elle se transforme en
sentiment d'injustice. En fait ça marche plutôt bien et je reste
attentive aux situations que j'ai repérées comme pouvant être problèmatiques et
déclancheuses de "bazar"et souvent je passe par l'humour
comme Laurent je crois qui fait le clown pour désamorcer la tension. Et
puis parfois je me fâche fort et même très fort. Alors le soir je
passe à l'itep pour en parler avec l'une ou l'autre des psy des
enfants, ou avec mes collègues sur place, ou avec un des éducateurs et
souvent les enfants qui me voient dans cet instant sont tellement
contents de ma visite dans leur institution que je sens que le fil est
renoué. Maintenant j'y passe souvent sans raison bien définie, pour
tisser des liens, pour me rassurer, un peu comme je faisais avant dans
ma classe ordinaire, je rencontrais souvent les parents, là ce sont les
éducs. |
Capitalisation à partir de Octobre
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