Arbre dans une école avec plusieurs classes

Christian LAFFELY - Besoin de se différencier

Nous sommes entrain de mettre sur pied l'utilisation des arbres de conaissances dans le cadre de notre institution ( participation de 5 classes de l'école sur 7 à la démarche).

Lors d'une assemblée regroupant les classes se trouvant dans le lieu où je travaille, j'ai parlé de ce que nous avions déjà fait dans le cadre de la classe ( arbres papiers individuels,...) à l'ensemble des jeunes du groupe et leur ai demandé de donner des connaissances qu'ils avaient. Ma surprise a été grande de voir des enfants de mon groupe classe reprendre les autres en leur disant qu'il devait donner une connaissance unique et non partagée par les autres memebres de la coopérative.

Avez-vous aussi fait cette expéreince du besoin de différenciation des élèves par rapport aux autres?

Est-ce une étape nécessaire et obligatoire de la démarche? Est-ce que cela pourrait être lié à la démarche arbres papiers ou il y a automatiquement au départ une défférenciation des savoirs de chaque individu ? A ce propos nous allons vraisemblablement acquérir le logiciel Gingo et il sera intéressant de voir si cela modifie le vision des connaissances des jeunes ? autre mess de l'auteur

Bernard Collot - Sur pas mal d'arbres que j'ai pu observer, lorsqu'il s'agit de brevet non scolaires, on retrouve chez beaucoup ce premier besoin de se distinguer. J'ai pu remarquer lorsque l'ordre des blasons est l'ordre chronologique, les premiers brevets créés ne sont pas n'importe lesquels (un des plus célèbres est celui-ci dans acacia : "monter sur un éléphant", immédiatement suivi par "porter des objets sur la tête"). Il y a une recherche réelle pour touver un brevet pas tout à fait ordinaire qui valorise et distingue (sur gingo, cela apparaît par une multitudes de branches partatant du bas). Cela peut se comprendre : avant de pouvoir me mêlmer au groupe (insertion) j'ai besoin de trouver ma propre image (identité) et que celle-ci soit valorisante (reconnaissance par les autres).

Mais cette observation n'est pas générale : j'ai trouvé d'autres arbres ou au contraire l'arbre débute par un gros tronc (les compétences choisies sont celles communes au groupe). Besoin d'être avec les autres(se rassurer) avant de voler vers ses propres branches ?

Et cela se complique quand en observant l'arbre et en faisant des simulations, je me suis aperçu que tout ceci était fortement influencé :

- par la structure de la classe et la position du maître : structure fortement coopératives semblmant induire la recherche d'une culture commune, structure plus libertaire semblant favoriser dans un premier temps l'indvidualisation. Cela se comprend d'une autre façon : si l'accès à l'arbre est possible de façon très individuelle (aussi bien dans la création de brevet que dans l'attribution), il semblerait alors que la recherche de la distinction est favorisée. Si au contraire création et attribution se fait de façon plus collective (au cours d'une réunion), on peut penser que le fond commun est favorisé.

- par le contexte : j'ai remarqué que des brevets déposés par des enfants semblaient correspondre à une volonté d'être reconnu ailleurs que dans la classe (cours de récré, rue, maison). En se reconnaissant dans l'arbre, ne tenteraient-ils pas alors d'être reconnus par d'autres (copains, famille) ce qui indiquerait alors peut-être leurs manques ?

En laissant les individus structurer l'arbre (choix libre des brevets, Gingo structure l'arbre suivant les blasons de chacun sans se préoccuper de leur nature) l'Arbre reflète un certain nombre de choses, tant sur les personnes, que sur le groupe, mais aussi sur la structure dans laquelle vit et se constitue le groupe (parfois cela peut révéler les pratiques de l'enseignant à ses propres yeux).

Mais toutes ces observations sont embryonnaires et on ne peut rien en tirer encore. Ce serait intéressant d'observer ce qui se passe ainsi dans les premières déclarations de brevets (avant qu'il n'y en ait trop ou qu'on ait oublié) et comment cela évolue ensuite. Il y a sûrement beaucoup à apprendre.

Jean-Michel CALVI - L'échange de savoirs : un outil pour faire évoluer structure et comportements.

qu'est-ce que je mets en place pour que la structure évolue, pour que son évolution devienne évidente à ceux qui la font vivre, pour que je ne sois pas un frein moi-même à cette évolution ?

Après mes 17 ans de classe unique, j'essaie maintenant en revendiquant mon rôle de directeur, d'aider à la transformation d'une école à 6 classes (7 l'année prochaine). Il y faut du temps et de la patience parce qu'il faut partir de zéro et que les freins de viennent plus que de moi-même mais aussi des autres instits (qui sont au départ tous très "traditionnels" si ça veut dire quelque chose), et qu'il y a 160 gamins, et que l'espace reste à investir et conquérir et que...

Mon problème n'est plus ma classe parce que je crois savoir à peu près ce que je dois faire pour que cette structure prenne son autonomie d'évolution. Il est : quels outils je mets en place dans la structure école, quel chien je jette dans ce jeu de quilles pour que les questions pratiques fusent (et pas les questions philosophiques) et que la structure école toute entière s'ébroue et bouge.

Je passe pour aller plus vite sur les débuts. J'en viens au dernier outil qui a fonctionné : un marché des connaissances avec toute l'école et les parents. C'était le jeudi 13 janvier. 25 stands le matin, 25 l'après-midi, mêlant maternelles, primaires, parents, instits... jusqu'à 4 porcelets amenés par un parent paysan pour "apprendre à s'en occuper".

Pendant toute la journée, j'ai entendu : qu'est-ce qu'ils sont calmes ! On dirait pas qu'ils sont 160 ! Même untel était super intéressé par ce qu'il faisait ! Et lui, comme il expliquait bien aux autres...

Après, entre instits : finalement, ils ont pas besoin de nous ! Mais, on pourrait très bien faire la même chose avec les compétences plus scolaires et régulièrement... Je m'ennuie parfois en classe, et je vois bien que les enfants aussi... Et l'arbre de l'école, c'est facile de le faire maintenant... On pourrait mettre en place des ateliers permanents pour tous...

Ce marché a été un déclencheur beaucoup plus puissant que tous les outils qu'on avait déjà mis en place parce qu'il est en lui-même une expérience forte et qu'il arrivait au bon moment (ne pas oublier l'histoire dans laquelle s'inscrit toute action).

Réunion mercredi prochain pour y réfléchir. L'envie et la volonté sont là et je crois que je n'aurai pas grand chose à dire parce que pleins d'idées ont été émises et qu'il va falloir les faire vivre.