consacré à l'espace (1995)
Chaque jour, on survit. Les fiches sont le moindre mal. Parler “réformes pédagogiques” dans ces conditions, c’est de la provocation pure. Et tout le monde attend la délivrance du soir avec avec soulagement.”
Ce leit-motiv des CREPSC était affiché en grand dans une salle du colloque sur l’illettrisme organisé en 1989 à l’Ecole Normale des Batignoles. Ce qui ne devrait que du simple bon sens ne crève toujours pas les yeux. Et il faut qu’une émission de télé montre, par contraste, un monde scolaire totalement différent pour qu’on commence à se poser des questions : l’école peut-elle être autre chose ? Pour qu’enfin des enseignants disent : on voudrait bien faire pareil, mais on ne peut pas. Et qu’enfin ils comprennent qu’ils ne peuvent pas PARCE QU’IL N’ONT PAS DE PLACE ! UNIQUEMENT (ou presque) UNE QUESTION D’ESPACE ! Et qu’est-ce qu’il faudra pour que parents, enseignants, DEMANDENT ENFIN DE LA PLACE ? Que violence, drogue, détresse ... n’épargnent plus personne ? Peut-on continuer à se gargariser de mots tel citoyenneté quand les futurs citoyens sont “élevés” dans des cages à lapins ? C’est comme cela qu’on pense qu’ils vont être citoyens ? Comment est-il possible que depuis des dizaines d’années, dans la majorité des écoles de France, des enseignants s’évertuent à faire travailler par groupe, conformément aux instructions ministérielles, des enfants qui n’ont même pas 1m2 chacun ? Imagine-t-on un seul chef d’entreprise faire travailler une trentaine d’employés, en plusieurs groupes, dans une salle de 50 m2 ? et ceci 8 heures par jour ? Aucune des réformes proposées par l’Education Nationale n’a été possible parce que les enfants MANQUAIENT DE PLACE ! Et personne n’a jamais rien dit ! Et maintenant, on veut supprimer les dernières écoles (quelques classes uniques) qui l’ont encore cet espace, qui l’utilisent ... et qui pourraient même témoigner ! Folie. Bernard COLLOT |