"Faire les cons", perturbations, violence, coercition, contraintes... tranquillité, calme...

02.10 / Philippe R : J'ai bien galéré cet après-midi(...) Jean-Claude M : moi aussi... créer un atelier défouloir... Sophie B (...) un putching ball (...) Laurent B : ... ils feront du bruit ! donc faut pouvoir que ça se passe loin,(...) PhilippeR : (...) dois-je leur laisser du temps ou être strict ?

05.10 C'est quoi des "conneries ? Sophie B (...) La parole est tellement libérées (...) Fred M :ce genre de conneries et de réactions de l'adulte semble un incontournable Jean-Claude M,

Sylvain C : Institutionnaliser les classes

08.10 Vivian H.  (...) rappeler à Anaïs que le lieu n'est pas très bien choisi pour parler de sa love story, certes très importante.

Mireille R :  dessin libre pendant la réunion - Philippe R : L'atelier pusching ball est en place.

09.10 Ludo : (...) ça débloquait totalement et j'étais malheureux et je sentais que les enfants aussi(...)  Comment faire pour qu'un enfant soit dans la classe quand dans sa tête, il y a suffisamment à faire ?

20.01.05 : Questions de Sophie - Réponse de Sylvain : Agir sur la structure (ou l'institution)

29.05.05 : Bérangère : Est-ce le Bordel ?  "Oui mais mes collègues se plaignent que des enfants en profitent pour parler fort..."

Les réponses à Bérangère : Benjamin "J'ai l'impression que les enfants font plus de théâtre que de vrais boulots" . Hélène : ..." mais je flippe aussi de cette situation que je crée souvent avec mes élèves.". Christian R : "... les élèves ont besoin de cadres..." . Sylvain Face à de telles situations d'utilisation abusive des droits que possèdent des enfants dans le cadre de leurs activités scolaires, c'est le rapport à la loi qui est posé. Philippe L : Je n'ai jamais hésité à arrêter une réunion, ... Marc le canadien : "Si on était seul on pourrait supporter un certain chaos jusqu'à ce qu'il soit bénéfique mais...

01.06 : Daniel G : "Le pire c'est qu'en ce moment cela se passe plutôt bien..." d'où 3 questions.. -  Mireille : "si nous refusons de leur donner de vrais cadres..."

02.06. Bérangère : ..."...je vais être beaucoup plus rigoureuse sur les sanctions"

02.06 Juliette G  : Plutôt que des sanctions, aider les enfants à faire des liens 0

02.06 Bérangère : Rectificatif pour les sanctions (lapsus ?)


2006

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Philippe R

(...) Bon, à part ça, j'ai bien galéré cet après-midi : beaucoup de bruit, des enfants qui pensaient plus à faire les cons qu'à être en activité. Grrrr , cette hétérogénéité en âges qui manque !!!! Car il me semble que s'ils n'étaient pas tous du même âge, ils feraient moins les cons entre eux.

 Ce n'est le cas que de 6 à 7 enfants, mais ça m'énerve et donc je m'enerve et donc ça casse l'ambiance saine et reposante nécessaire à ce type de fonctionnement.

Jean-Claude M : Comme je te comprends et que ça me rassure que tu le dises.

Ceci dit, je pense encore une fois que c'est sur l'environnement qu'il faut agir et je me demande si je ne vais pas créer l'atelier "faire des conneries" qui serait en quelque sorte un défouloir. Reste à déterminer ce que je pourrais mettre dedans, peut-être des annuaires à déchirer et un marteau avec des clous à enfoncer dans un bout de bois. 

Sophie B  : peut être mettre un putching ball dans l'atelier "faire des conneries ou se défouler", je pense réellement que certain y verrait du bon ......
Emmanuelle C : j'avais vu une école à la télé mais il y a longtemps donc renseignement pas du tout précis  mais où les enfants avaient une salle défouloir où il pouvaient crier, hurler sans gêner bien sûr et ça avait l'air de
bien fonctionner. retour sommaire


 Laurent B : (marteau avec des clous) Si cet atelier voit le jour, pour les enfants tu pourras aussi l'appeler bricolage, menuiserie, activités manuelles, fabrication de jouets... et c'est là dedans que j'ai vu en colo les enfants les plus "perturbateurs" faire le meilleur boulot ! (je mets les filles "hors catégorie" dans ce résultat parce que ce sont de trés loin les plus appliquées et propres dans les découpes et les assemblages)

Ceci dit, s'il peuvent avec ces bouts de bois et ces pointes (et colle ! :)) se construire des bateaux, des cerfs volants, des avions, des voitures, des instruments de musique, ou des boomerangs,etc.  c'est pas sur qu'ils soient trop chiants. Par contre, ils feront du bruit ! donc faut pouvoir que ça se passe loin, et pour ça il faut de la place. Je rêverais aussi d'avoir un truc comme ça à l'école, pour que je puisse moi aussi de temps en temps y passer mes nerfs et y laisser reposer quelques angoisses sans qu'aucun enfant n'en pâtisse, ce qui n'est sûrement pas toujours le cas ... Après, pouvoir là dedans y crier, y sauter partout, y frapper..., je me demande si cet atelier ne pourrait pas susciter des comportements d'enfants qui n'auraient pas forcément existés sans lui, comme un atelier "inventions mathématiques" qui va donner envie de créer et d'inventer des trucs en s'inspirant de ce que font les autres à l'atelier ? retour sommaire


Philippe R - Nous avons un atelier "Observation de la langue/codage de la langue" qui est assez éloigné de la salle principale de la classe ; elle est en haut d'escaliers entre ma classe et celle de Annick. Les enfants qui sont là-bas sont loin de moi, je ne peux même pas les entendre. Là, certains en profitent à un moment donné et Annick n'hésite pas alors à me les renvoyer s'ils ne travaillent pas. Elle m'a demandé si elle faisait bien. Je lui ai dit que oui. Qu'en pensez-vous ?

Je ne suis pas sûr de moi ; pourtant, je m'aperçois d'une évolution, et que, même aujourd'hui, certains enfants ont été en activité là-bas ; vu les questions qu'ils m'ont posées sur cet atelier et vu ce que certains ont voulu me montrer ; mais bon, ce n'était pas mes zigotos de service ; dois-je leur laisser du temps ou être strict ? Je pense qu'on arrivera au même résultat (indépendant de notre action car résultat davantage fonction de l'environnement) mais je ne sais pas si le temps pour y arriver sera plus court si je suis strict ou si je laisse faire; j'opte pour l'instant pour la première hypothèse. Mais ce soir, le multi-âge me hante la tête ... retour sommaire

Sophie B - type de conneries qui m'énervent :
parler de foot, de voiture, de moto, de posters, de carte pokémon.
La parole est tellement libérée qu'ils tapent la discute . Ce ne serait pas gênant, sauf que des fois ça dure longtemps, très longtemps.
Finalement en y réfléchissant bien ce ne sont pas de grosses conneries, mais plutôt des attitudes dans la classe qui "me"déplaisent.
Rentre dans connerie qui m'énervent le "bordel" que certain d'entre eux arrivent à mettre en 1 minute dans un atelier. D'autres conneries comme le démontage d'un stylo ou la réparation d'un casque en classe, sont considérées comme conneries par moi-même car je suis certaine fois énervée de ne pas avoir réussi à prendre cela en compte pour leur permettre de se créer un langage.

Tout cela pour dire que "conneries" il n'y a que les journées ou je me stresse parce que j'ai un gros flip: savoir et pouvoir dire exactement ou ils en sont scolairement. Dans ce cas comme ce fût le cas aujourd'hui, la maitresse est plus que stricte et "exige" un silence quasi bibliothèque dans la classe : tout débordement de comportement est non autorisé. Quelle journée ils ont du passer. Mais bon à la clef il y a eu l'anniversaire et le gros gâteau d'Amhed et quelques présentations géniales ce matin en réunion : ouf!!! l'honneur est presque sauf.... retour sommaire


Frédéric M : Des exemples de conneries ou de comportements qui agacent ?

Alors voilà :

- concours de haricots auquel nous participons : on chahute autour des pots et deux ou trois tombent : reste plus qu'à replanter !

- un de nos jardiniers annonce que les premiers radis sont prêts : une bande d'allumés arrache en quelques secondes des dizaines de radis à l'état filaire et sans aucun état d'âme : j'arrache tout et n'importe quoi, l'essentiel étant que j'ai MON radis.

- je rencontre quelques difficultés pour faire mon travail et si au lieu de demander de l'aide à un copain ou au maître... j'en profitais pour discuter de tout autre chose avec les copains : de préférence on échange sur des trucs qui font rire histoire de bien perturber la classe....

- je rends un travail bâclé, non relu : le contrat est rempli, le travail est fait, n'importe comment mais il est fait !!!

 

Et oui, il y a des jours plus ou moins faciles. Que l'on soit du 2ème ou 3ème type, ce genre de conneries et de réactions de l'adulte semble un incontournable... ;)) retour sommaire


Jean-Claude M :

Nordine ( CM2 ) met un pain à Audrey ( CE2 ) devant l'ordinateur.

Iman est le souffre-douleur de Meryem, Kamélya et Hafida depuis deux

semaines.

Vivien et Bryan se lancent du papier mouillé dans les toilettes.

Des brevets sont régulièrement supprimés dans bingo.

Vivien est une véritable puce sauteuse et il pertube assez souvent ses

voisins.

Renaud et Abdel nicassent beaucoup et ça m'agace un peu même

s'ils sont plutôt actifs sur l'ensemble de la journée.

L'attention n'est pas toujours très soutenue au moment de la

réunion.


Philippe R : Bah, je dirais que c'est lorsqu'ils font quelque chose que je ne supporte pas genre courir, zapper, se balader/errer (ne rien faire) - évidemment, l'enfant est peut-être en train de prendre des repères mais pas sûr ou plutôt j'en sais rien. En fait, je crois que la plupart du temps, c'est de la relation que chaque perturbateur engendre lorsqu'il me dérange et c'est sans doute fondamental pour lui ; le problème, c'est que je n'arrive pas à supporter car je n'arrive pas à me dire que c'est positif. retour sommaire

Sylvain C - Juste quelques lignes quant à cette idée de ces enfants qui me dérangent, moi en tant qu’enseignant et adulte de la classe.

Il me semble qu’il ne s’agit pas du facteur hétérogénéité … nous sommes plutôt ici confrontés à tout autre chose, à savoir le fait de prendre de plein fouet l’ensemble des relations que libèrent nos classes coopératives, relations qui sont optimisées par le retrait de l’enseignant via les contraintes de la complexité.

Dans le même sens, il me semble aussi qu’une telle classe épurée de toutes les barrières de la scolastique favorise fortement l’émergence de phénomènes très humains tels que la séduction, l’agressivité, la manipulation, la domination, …

C’est pourquoi il me paraît salutaire et donc pédagogique de penser des systèmes de médiations entre les acteurs de la classe afin que les relations à deux, prépondérantes dans nos classes, ne deviennent pas sclérosantes et inhibitrices.

Le conseil, les messages clairs, les rendez-vous collectifs, les métiers, les ceintures, les équipes, les référents de ces équipes, la monnaie, les ateliers, le journal, Marelle, … représentent chacun des systèmes de médiations différents. Ils permettent l’installation de relations par l’intermédiaire des tiers et s’expriment par les « à propos de… » et « en tant que… » Ainsi, au lieu d’être en situation de face à face, les personnes sont mutuellement face à un objet (souvent symbolique et immatériel) autre qu’eux-mêmes et en ce sens non dépendant et libérateur.

Et ce qui est valable pour les enfants l’est aussi pour moi en tant qu’adulte d’autant plus que nombreuses sont les situations où notre inconscient nous joue des tours, ne serait-ce qu’à travers les transferts dont on est la cible ou ce que l’on projette sur certains enfants qui nous rappellent au combien d’autres rencontres.

C’est pourquoi il est à mon sens important que nos classes soient institutionnalisées, non pas pour en faire des machines autosuffisantes et rigides mais plutôt pour qu’elles deviennent des lieux où la force des rencontres interpersonnelles n’aille pas à l’encontre de son développement et sa fécondité.

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Vivian H

Pour ma part, je ne peux pas me permettre un fonctionnement trop libre dans ma classe sous peine de révolution dans le village (déjà que là tout le monde croit que j'anime une colonie de vacances...)
D'un autre côté, ça m'arrange bien par moments parce que moi, le coup de Machin qui met un gnon à Bidule devant l'ordi, je peux pas. Idem pour celui qui fait le con aux toilettes, ma tolérance est assez faible...

l'atelier défouloir, par contre, me plaît. Même lorsque nous sommes en activité "scolaires", je coupe volontiers avec des "pauses café", des pauses étirements qui les aident à supporter la contrainte à mon sens nécessaire de rester assis et concentrés un moment sur une activité.
Je suis même assez chiant avec leur position assise, parce que leur dos est assez souvent soumis à des contraintes incroyables (on dirait des contorsionnistes par moments !)

Pour moi le temps de classe est un temps de travail, (qui ne doit pas être synonyme d'ennui), c'est d'ailleurs marqué en gros dans la classe "ici, c'est un lieu de travail" . C'est pour moi l'occasion de rappeler simplement d'un geste à Anaïs qui papote de ses conquêtes que le lieu n'est pas très bien choisi pour parler de sa love story, certes très importante.

Par contre, dès que possible, j'achète un sac de frappe pour que se défoulent tous ceux qui en ont besoin (moi y compris)
pour pratqiuer régulièrement, je peux vous garantir que ça chasse les mauvaises ondes et qu'on se sent plus zen...

J'imagine que si les gosse pouvaient décharger leur violence sur ce type d'objets dés qu'ils sentent que la moutarde monte à leur petits nez, il y aurait moins d'agressivité... seule contrainte à mons sens : le mettre dans un endroit "caché " : on n'est pas là pour se donner en spectacle et faire voir ses zolis biscottos...

à plus
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Mireille R

L'an dernier avec les CE1 j'avais institué le "dessin libre avec stylo noir imposé"-;))...(format A5, avec support chemise car notre budget ne permettait pas l'achat de 20 bloc notes à 1,50 E) pendant la réunion  et cela (en plus du fait que le dessin en noir et blanc est très intéressant et que les enfants aiment beaucoup cette activité) créait le calme et n'empêchait pas la plupart des enfants de participer lorsqu'ils le voulaient. Pour les présentations rares étaient ceux qui ne participaient pas. 

Cette année, avec les CP pour l'instant je supporte qu'ils triturent leurs chaussures (un peu) mais je verrai où replacer l'activité dessin stylo, je ne suis pas sûre de le refaire pendant la réunion ...

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Philippe R

Aujourd'hui, j'ai fermé l'atelier dessin (mais pas le coin peinture). Et oui ! Je n'ai pas supporté le bruit.

Du coup, j'en profiterai pour le réintroduire lorsqu'il y aura une information à transformer ; ça risque d'être sous peu car ils ont trouvé des bestioles dans le terreau qu'ils ont apporté pour planter des graines d'haricots.
 
L'atelier Pushing ball a été véritablement mis en place au même titre que les autres suite à une demande d'un enfant qui rentrait de récréation ; je n'ai pas craqué, l'ai laissé aller avec un camarade pour tenir le sac et ... j'ai bien fait :-) Yaouh ! Ils sont revenus bien fatigués, juste 5 minutes après, et près à travailler !

Ludo

Dans la classe, ça fait deux semaines que c'était n'importe quoi à mon sens :
on se tape, on se crie dessus, on court, on se parle comme des chiens, on ne
supporte plus de bosser avec l'un ou l'autre, etc...
En fait, ça débloquait totalement et j'étais malheureux et je sentais que les enfants aussi. La psychologue scolaire est passée parce que des enfants ont quelques pb et m'a conseillé d'être d'une fermeté bienveillante avec une enfant qui n'a aucun repère à la maison.
Oui...
D'autre part, Chrystel, l'aide maternelle, avait des problèmes à la cantine et
à l'école : enfants qui répondaient méchamment par exemple.
Alors, plein de pb en même temps : deux familles en cours de divorce, un enfant qui se pense en échec, nul donc incapable. Il est lui aussi en suivi  psychologique. Autres enfants qui fonctionnent par vagues, jumeaux qui pètent les plombs parce qu'une petite soeur est attendue, etc...
Bref, rien de grave, mais des enfants qui se mettent à pleurer sans raison  apparente vu de l'extérieur mais qui ont toutes les raisons de craquer.
Ambiance malsaine.
Une fille de 6 ans passe son temps à déranger les autres. Elle cherche la confrontation. Alors, on a essayé de ne pas répondre, de ne pas rentrer dans le jeu mais elle a gagné : ma patience était à bout... Résultat, en conseil, on a décidé de reprendre momentanément le tableau des croix qui était en vigueur dans la classe quand je suis arrivé. J'ai honte mais je ne savais pas comment faire.
Alors, aujourd'hui, nickel. Quasiment pas de croix (sauf pour la fille de 6  ans qui cherche la provoc et qui a perdu ses droits de déplacements libres pour lundi matin...)
Sauf que le problème, c'est que JE suis le contrôleur... L'idée, c'est de le faire pendant un temps, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus besoin.
Comment faire pour qu'un enfant respecte une règle qu'il a décidée quand il ne se rappelle plus ce qu'on a dit deux minutes après l'avoir dit ? Comment faire pour qu'un enfant soit dans la classe quand dans sa tête, il y a suffisamment à faire ?
Alors, pour répondre à Philippe, le multi-âge, ça peut tourner super comme ça peut déconner fort...

Concernant la réunion, on a essayé qu'elle ne soit pas obligatoire, mais dans
ce cas, il n'y avait plus de réunion... Je n'y comprends plus rien. Surtout que quand on la fait, je ne leur sors pas les vers du nez : ils s'expriment volontiers, ont des tas d'idées, de projets, etc. Mais en fait, il suffit qu'il y ait une contradiction pour que l'enfant s'en aille(genre de proposition : on va aller tester nos bateaux sur l'étang cette après-midi. contre-proposition : plutôt demain parce que je n'aurai pas fini le mien... le premier s'en va de la réunion...)
Bon, et puis il y a beaucoup d'enfants de moins de 6 ans (10 sur 14). Alors cela joue peut-être...
Et puis, il y en a 6 sur 14 qui sont suivis en extérieur par des psys... Alors, ça joue peut-être aussi...

Concernant l'histoire du défouloir, ils savent que s'ils ont besoin, ils peuvent aller sur le canapé pour se reposer, pour penser, qu'ils peuvent aller dehors courir, se défouler, qu'ils peuvent causer s'ils ne se mettent pas à crier, à se pousser, à GENER... Car c'est ça que JE ne supporte pas : qu'ils se croient seuls dans la classe au point de ne pas respecter ceux qui sont autour d'eux.
Alors, le tableau des croix, on a décidé que ce n'était pas pour que l'on fasse ce que JE demande mais ce que NOUS avons décidé ensemble pour pouvoir vivre ensemble sans nous faire la guerre et que ces décisions restent modifiables et amendables en conseil... Alors, ça me dédouane un peu mais est-ce suffisant, est-ce justifiable ? J'avoue que la honte (oui, ça doit être ça) me tenaille.
 

Voila, C'est en vrac, mais ça fait du bien.

Réponse Cath - réponse Philippe R

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Cath

Tu n'as pas à avoir honte de ton choix. Certains de tes élèves ont besoin à
cet instant T de limites, qu'ils ne trouvent peut être pas chez eux. Un enfant ne peut se construire sans limites, car ses limites sont sécurisantes, contenantes. Te connaissant, tu as expliqué pourquoi on met ses limites, et tu leur apportes suffisamment d'écoute, de chaleur, pour qu'ils sentent que c'est pour leur bien. Ils ne t'en porteront pas rigueur. Au contraire.
Dans ma classe, où beaucoup de mes élèves ont un rapport aux lois soit difficiles, inexistantes ou instables, nous avons instaurer un règlement de classe : au même titre qu'on ne doit pas déranger le fonctionnement du Conseil de Coop, on ne doit pas gêner et chahuter les autres. Au bout de 3, c'est dans le couloir au coin. S'il recommence à nouveau, au bout de 3, ils vont dans une autre classe.
Ils acceptent ce règlement, parce qu'ils savent que tout le monde est à la même enseigne. Celui qui perturbe, n'est pas visé lui. Je n'ai plus besoin de dire 3. Ils s'arrêtent avant. La classe travaille dans la sérénité, du moins je le pense.
T'es un gars bien Ludo, suis ton coeur. Tu ne fais pas de la répression.. Tu mets des limites pour qu'ils ne tombent pas...

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Philippe R

T'as pas avoir honte Ludo, bien au contraire ! Quand je vois que aller courir dehors, se reposer sur la canapé à tout moment est devenu un fait établi, c'est déjà vachement bien. Alors, s'il faut remettre quelques croix pendant un petit moment, y a pas danger me semble-t-il.

Au niveau de la réunion, elle n'est plus obligatoire à présent chez nous mais avec quelques règles définis ensemble :

- lorsque l'on y va, on reste jusqu'à la fin (règle implicite puisque le lieu est différent)

- si on décide de ne pas y aller, c'est parce qu'on a quelque chose à terminer et qu'on a déjà commencé.

Au vue de la semaine écoulée, ça a l'air de fonctionner plutôt bien. Peut-être que la première règle permettrait à celui dont sa proposition n'a pas été accepté tout de suite de rester en réunion, et au final, de pouvoir aller tester les bateaux sur l'étang, non ?

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Sophie Réponse de Sylvain à droite

Je m'épuise un peu à jongler de semaines en semaines avec l'organisation de la classe.
Je n'arrive pas à gérer cette dame hétérogénéité dont tout le monde parle....l'énergie me manque pour essayer de tous les satisfaire.
Les cas particuliers :
2 CLAD qui sont à plein temps dans la classe, la maîtresse d'adaptation étant en stage.
1 CLIN (non francophone) qui vient à Mi-temps en classe
1 CLIN "3" niveau d'âge CM1 qui est à plein temps dans la classe et que Bérangère prend en lecture quand on s'en souviens, quand on n'a pas classe ville à ce moment là....Chen-Si ne comprend pas encore tous les mots de la langue française et ne sais pas encore écrire tous les sons. En numération, elle n'a toujours pas saisi le principe du groupement-échange.
Cm2
1 cm2 suivi psy et orthophoniste : il n'ira pas en SEGPA, il a plus de 75% de réussite au éval CE2, mais il n'a pas 100% ... Il a progressé par rapport à son niveau de début d'année dernière mais c'est plus que
faible.
1 cm2 petit pakistanais, qui ne marquait pas le féminin et le masculin encore l'an dernier.Niveau de lecture PEMF B2
1 cm2 qui à encore du mal à faire des soustractions et qui déchiffre très lentement.
1 cm2 ultra supra intelligent mais en vrac total dans sa tête, incapacité à aboutir un projet. C'est une dissipation permanente de lui même et des autres. Il a une capacité à produire des mots assez impressionnante. Recadrage permanent.
1 cm2 qui a envie mais qui est débordé par autre chose. Il arrive à tenir mais ce n'est pas constant. Il passerai ces journée sur l'ordinateur. C'est d'ailleurs ce qu'il fait. Recadrage permanent.
2 cm2 qui sont à la "hauteur" de l'étiquette !
1 cm2 redoublante à prendre avec des pincettes sinon elle explose !
1 cm2 qui s'inscrit partout mais qui ne finit rien. C'est un super môme qui à plein d'idée et plein d'envies mais de que l'effort doit pointer le bout de son nez, dommage.... stimulation permanente.
Les cm1
2 cm1 mignon, sérieux d'aspect... mais alors sur un nuage magique...j'ai du mal à les rattraper....
1 cm1 élève pour de vrai
1cm1 si tu n'as pas un oeil dessus c'est mister je parle, dés qu'il te voit regarder, il fait semblant de ... j'adore
1cm1 d'une insolence redoutable : 4 fois la même chose avant de faire...et bien sûr avec ralages très "délicats" et les gestes qui accompagnent. Mais il arrive à rester calme au moins 3 heures dans la journée. Et quand il décide de faire il fait jusqu'au bout.
1cm1 qui perd tout quand elle n'aime pas faire : grille ortho perdue, cahier de texte libre aussi...je pense qu'elle n'aime pas écrire....Elle dessine et fait du bricolages et elle s'est mise à faire des maths grâce à l'atelier maths : yes!

CE2
1 ce2 avec la bonne étiquette....
2 ce2 faibles mais avec une grande envie d'apprendre et ça c'est bon.
Et ma cerise : 1ce2 qui ne veux et ne peux rien investir.... il fait que si je suis à côté de lui et l'effort s'en va quand je ne suis plus là.....

Questions que je me posent :
Comment gérer vous les enfants qui ne rangent rien, qui bavardent de playstation à longueur de journée (style affalé sur  la table), qui commencent et ne finissent jamais rien, qui répondent de manière insolente, qui ne respectent pas la parole des autres, qui interviennent sans arrêt, qui pourrissent l'ambiance?????
Milles questions attendent milles et unes réponses """magiques""" sorties de vos chapeau de fées et de magicien.

Hélène quand est-ce que tu viens dans ma classe pour me remonter le moral ?
bonne soirée à tous et vive la vie les oiseaux chantent ....
 

Sylvain en réponse à Sophie à gauche !

Tu poses plusieurs questions auxquelles je ne peux pas répondre.. Je peux en revanche t’indiquer comment nous nous y prenons dans nos classes qui ont un fort caractère hétérogène et qui accueillent des enfants de profils identiques aux tiens.

Concernant la prise en compte de cette hétérogénéité et de manière à en faire plus un atout qu’un handicap, nous avons fait le choix d’un emploi de l’outil « ceinture » tel qu’il a été pensé par Oury dans une école d’ailleurs pas très loin de la tienne mais il y a plusieurs dizaines d’années de ça. J’ai posé à la suite de ce message un document qui explique ce qu’il en est.

Ce qui me semble central au regard de la problématique que tu soulèves est que d’une part chaque enfant sait ce qu’il doit faire tout en connaissant ce que l’école attend de lui.

D’autre part, lors des moments collectifs, la priorité est donnée aux plus « petits », les enfants les moins avancés dans les ceintures. En même temps que la valorisation des réussites, une sorte de responsabilité est donnée aux nouveaux titulaires de ceintures, ce qui les conduit à laisser de la place aux plus petits afin de mieux les aider à grandir.

Concernant les enfants qui « zonent » dans la classe, c’est plus l’outil plan de travail qui est mobilisé.. En début de semaine, chaque enfant détermine les activités à réaliser et s’il arrive qu’en fin de semaine le minimum demandé n’ait pas été fait, mon degré de guidance les concernant augmente et donc contraint leurs espaces de libertés dans le travail. L’intention est toujours la même, ce sera par cette frustration que le désir naîtra.

Au sujet des enfants qui ne font pas ce qu’ils ont choisi (les messages Marelle par exemple), c’est une question qu’on se pose actuellement. On vient d’essayer d’inscrire ces projets dans les plans de travail mais on n’a pas d’effets à ce jour.

Le problèmes des enfants qui gênent et se montrent irrespectueux n’est pas à mon avis du même domaine de préoccupations mais plutôt du statut de la Loi et de la sanction dans la classe.

Mais ceci demande bien plus de développements…

  

Bérangère

Cela fait plus d'un mois que 2 fois par semaine, pendant une demi-heure, 10 de mes élèves ( qui ont la ceinture de comportement adéquate), préparent un spectacle de danse pour le samedi 4 juin, le fameux samedi des parents, et ce, en toute autonomie,dans le préau, sans surveillance de la part de'un adulte ( le préau étant au RDC et moi au premier étage).
Les autres sont avec moi et préparent qui, une saynète, qui un kamishibaï.
Au bout d'une demi-heure, mon groupe descend et nous regardons le groupe des danseurs en faisant des commentaires et en leur donnant des conseils.
La danse s'améliore; le groupe progresse;nul doute là-dessus.
Nous faisons un bilan quotidien sur ce groupe de danse: comment ça s'est passé ? Y a-t-il eu des problèmes ?
Des conflits, il y en a et nous les réglons.
Oui, mais...
Mes collègues se plaignent, à juste titre, que certains enfants en profitent pour effectuer des glissades, courir dans le préau, parler très fort...oh pas tout le temps, bien sûr,mais quelquefois et pas toujours les mêmes.
Se pose alors le problème de la gestion d'un atelier auto-géré:
dois-je continuer à l'autoriser ?
mes collègues me suggèrent de descendre à l'improviste à chaque fois mais j'avoue que prise par l'autre groupe,je n'y songe pas.
Peut-être alors ne suis-je pas assez rigoureuse pour permettre ce genre de liberté ?

En ce moment, l'atmosphère est tendue à l'école; les gamins sont énervés , un petit nombre de chaque classe est à la limite de l'insolence et une bande de grands frères débarque dans l'école depuis 2 jours.
J'ai prévenu les agents de médiation de la mairie mais il faut aussi que nous le gérions nous-mêmes; ( Véro, notre directrice est en classe verte) ,d'où le sentiment de ne pas assez cadrer et le besoin de resserer la vis.
oui,mais...
Si certains élèves répondent ou se plaignent d'injustice, est-ce parce que nous sommes trop laxistes ou parce que nous leur laissons la possibilité de s'exprimer ?
La limite est ténue et nous sommes à cran.

Voilà, j'ai l'impression en ce moment que les élèves ne font que danser, que je ne suis pas assez rigoureuse, que les autres tiennent mieux leur classe...bref j'ai les blues.
Mais heureusement , j'ai de la chance d'avoir des collègues francs qui me font avancer même si c'est dur parfois d'être remise en question. Merci à eux.


Christian R

en effet c'est plutôt le bordel,
 je pense que ça va être une sacré surprise quand tes élèves passerons les tests théâtre et danse des évaluations ce2.
N'oublie pas Bérangère que ces élèves ont besoin de cadres et que l'ordre est la condition de la réussite sociale qui les fuit depuis qu'ils sont tous petits.
Il ne faut pas hésiter à mettre de l'autoritaire là où il n'est même pas envisagé.
D'ailleurs obéir de temps en temps n'a jamais fait de mal à personne.
Et ce qu'ils ne savent pas, ils le méditeront dans le temps.
Les élèves ne peuvent pas tout inventer, il faut les aider à grandir en leur montrant le chemin.
Ils sont trop démunis pour se faire une idée précise de la réalité qu'il leur faudra affronter pour réussir.
Un principe un peu trop oublié :
dans les milieux défavorisés on se trompe souvent en pensant les aider en étant trop à l'écoute, en agissant avec un peu trop de bienveillance.
les bons sentiments n'ont jamais aidé à faire de la bonne pédagogie. Il faut donc placer la barre très haut pour qu'ils aient une ambition qui permettra à certain de s'en sortir. Et pour ça il faut de la rigueur et pas de concession.


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Philippe L (réaction au "bordel")

La PF n'a pas réponse à tout et c'est bien comme cela. Elle permet d'ouvrir des portes qui ne seraient jamais ouvertes autrement, nous en sommes tous persuadés sinon nous ne serions pas là.
Cependant quand cela dérape, devient difficile, avec l'énervement, la fatigue par dessus, personnellement je n'ai jamais hésité à me coltiner les quelques enfants qui nous empêchent, par leur attitude et leur comportement, d'avancer.
Même si cela ne m'a jamais satisfait, sur le coup cela me semblait nécessaire. Je dis bien sur le coup, car dans le même temps je laissais toujours la porte ouverte à d'autres relations, récupérant l'enfant après que l'énervement soit passé.
Je n'ai jamais hésité à arrêter une réunion, prendre la présidence d'un conseil, retirer un permis, comme il m'est arrivé une fois ou deux cette année de sortir un gosse par le col, pour marquer le coup...
Cepandant, au-delà de ces moments de crispation, la structure de la classe reste la même. Je n'ai jamais pris prétexte de ces moments pour refermer les portes que nous avions ouvertes
.


Marc le canadien

Je suis d'accord avec le point de vue de Sylvain. Je pense aussi que c'est là
le meilleur moyen de solutionner la situation difficile pour le maître. Parce que ce qui pose problème ici, c'est bien que c'est pour nous, l'adulte, qu'il y
a problème, un problème lié à l'institution, au contexte: je veux dire que quand on est seul avec nos enfants, il n'y a pas sérieusement problème; on est capable de "supporter le chaos", certain qu'il finit par produire quelque
chose. Bon, il y a des limites bien sûr, à ce que chacun peut supporter, limites qui sont différentes pour chacun.
Mais la tentation qu'on a, dans une situation telle que Bérangère la décrit, c'est de faire un retour en arrière, surtout pour éviter la critique de collègues, et ne pas être empêcheur de danser en rond... C'est là qu'on a tendance facilement à mettre un tour de vis sur les enfants, ce qui constitue effectivement à mon avis un recul, parce qu'on risque de faire comprendre aux enfants qu'ils sont participants égaux... jusqu'à ce qu'ils dérangent et que là "l'autorité du maître" remplace la participation coopérative! Autrement dit, le "jeu" a ses limites! C'est risqué: vont-ils croire après qu'on est tous dans le même bateau?

La solution du conseil est la bonne, effectivement. Ou à tout le moins, une bonne séance d'intimité avec le groupe à qui on fait part du problème qui se pose à nous, en tant qu'enseignant, et à qui on demande de nous aider à trouver la solution.
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Benjamin (réponse à Bérangère)

C'est marrant, j'ai l'impression que tu parles d'enfants que je connais :-)
C'est vrai qu'en ce moment, j'ai aussi l'impression que mes élèves font plus de théâtre, de danse de musique que de "vrai" boulot. Mais je crois de plus en plus que certains décollent vraiment grâce à ça... si tout se passe bien.

C'est vrai qu'il faut trouver la part des choses entre liberté des gamins et bordel. Je crois qu'il faut faire attention à ne pas s'interdire des interventions pour être bien "troisième type".

A propos, tes collègues qui t'ont rapporté les faits sont-ils intervenus lorsqu'ils les ont vus. Dans notre école, l'enseignant qui aurait vu cela aurait mis un avertissement aux élèves concernés, et je n'aurais pas renvoyé le groupe la fois suivante. Un groupe sans surveillance d'adulte doit avoir un comportement irréprochable, c'est ma responsabilité qui est en jeu.


Hélène (réponse à Bérangère)

Voilà, j'ai l'impression en ce moment que les élèves ne font que danser

Chez nous, cette semaine, les élèves ne font que de l'art plastique... et c'est tant mieux!! C'est l'époque de l'année, non, qui veut que les enfants se lancent dans des projets artistiques??!! et alors? moi je n'ai pas envie de culpabiliser de ne pas faire ceci ou cela parce que les élèves sont à fond dans autre chose....Ne vaut-il pas mieux faire que danser (un temps parmi tant d'autres sur l'année!!) et que ce soit un choix des enfants, un projet dans lequel ils s'investissent, que faire coute que coute des choses que, nous, et seulement nous, voulons faire?? Bon, c'est mon sentiment spontané, mais je flippe aussi de cette situation que je crée souvent avec mes élèves.

 

Oui, chez nous c'est le projet fresque....toujours.....2eme étape que je peux continuer de raconter:

Cette semaine, tous les après midi, les classes deviennent des ateliers d'art. Les élèves sont répartis en groupes, chaque niveau est représenté dans chaque groupe. Nous recevons un groupe par atelier, pour travailler autour d'un artiste, et s'entrainer à réaliser à sa manière. Pour moi c'était Chaissac et Cragg, et jeudi c'est Miro. Jeudi soir, on va leur demander de choisir leur artiste préféré parmi leurs 3 essais, et nous referons des groupes pour la réalisation finale prévue vendredi.

Et voilà des grands qui vont chercher les maternelles par la main pour les aider à grimper les marches, voilà des groupes d'enfants agés de 3 à 11 ans qui coopèrent, pinceaux à la main, pour faire une oeuvre "qui déchire", voilà des élèves qui discutent art à la récré, genre :"et toi, tu fais quoi en ce moment? ah, moi, je m'exerce à Mondrian....ah! moi c'est avec pollock que je travaille....", et les parents: "c'est qui Pollock?.....".....et voilà des oeuvres de toutes sortes qui commencent à orner les murs, l'école qui s'ouvrent et les classes qui se mélangent....ENFIN!!!!! et ça au prix de nombreuses négociations, je peux vous le dire!!!!comme quoi ça sert d'insister....Et les gamins sont ravis, et motivés, de consacrer la semaine à ça, au point qu'on se demande si l'année prochaine, ça ne vaudrait pas la peine de se bloquer 2 ou 3 semaines à thème.... à suivre!


Sylvain

Eneignant à l'école Balard avec des enfants de profil semblable, ce sont des situations que nous rencontrons bien évidemment.
Je n'y porte toutefois pas un regard coloré de regrets. Il ne me semble pas non plus que tout cela soit a-éducatif bien que cela revet un caractère fortement a-didactique (cf un précédent message).
En d'autres termes, avec le 3ème type, on recherche la dissipation comme déclencheur de constructions de langages constitutifs des apprentissages. Or, par définition, la dissipation c'est justement ce qui échappe à l'enseignant et pas seulement parce qu'il ne peut la contrôler mais aussi parce qu'avec elle les enfants vont entrer dans des stratégies de spontanéité et d'authenticité, avec tout ce que cela peut avoir d'humain : la force obscure est aussi en nous !
Face à de telles situations d'utilisation abusive des droits que possèdent des enfants dans le cadre de leurs activités scolaires, c'est le rapport à la loi qui est posé. Or, je ne pense pas que celui-ci gagne à être du seul recours de l'enseignant. Certes il a son mot à dire puisque sa responsabilité peut être engagée en cas de souci mais d'un point de vue éducatif, c'est au conseil coopératif de classe de statuer en renvoyant les acteurs à ce que certains nomment des institutions.

Une institution est une organisation symbolique de l'organisation du groupe, qui lui est ontologiquement dépendante et ne peut évoluer qu'en fonction de l'intérêt que les agents y porteront.
Dans la relation pédagogique, les institutions sont une évolution dans le sens où elles créent peu de dépendance, et donc une moindre inhibition, entre l'enfant (ou le groupe d'enfants) et l'adulte. Cette situation permet donc aux désirs d'être exprimés sans que ceux-ci n'aient un impact trop fort
sur l'émancipation des copains et copines.
Donc pour résumer, je dirais qu'il ne s'agit pas d'entrer dans des procédures de non-intervention. Ce que j'envisagerais face à la difficulté que tu nous proposes serait d'en référer au conseil coopératif de classe dans la mesure où celui-ci est connu pour être une institution instituante garante d'un partage équitaire de la parole et des sécurités de chacuns. A lui de créer, supprimer ou adapter le cadre des conditions d'exercice de ses libertés et par là-même d'associer les enfants à un rapport à la loi à la fois utile, contextualisé et sources d'apprentissages.

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Daniel G (réaction au "bordel")

Je pense que les questions de Bérangère sont de vraies questions et on ne peut pas les balayer simplement en la rassurant (même si le faire est bien), en les relativisant (fin d'année, fatigue du moment) ou en restant sur "C'est nous qui avons raison." (ils ne sont pas habitués ; on est dans un contexte politique/médiatique pas favorable)
Voilà mes questions (la première reprend celle de Bérangère) :


1) Que faire quand dans le cadre de projets personnels où les enfants sont dans diférents espaces de l'école sans être sous notre surveillance et même
avec des permis de comportement "verts", il y a débordement (donc risque de faute professionnelle) et gêne justifiée des collègues ?

2) Que faire quand, en dépit de moments nombreux d'expression, de projets de vie, de responsabilisation, etc..., l'attitude de nombreux élèves reste de passivité voire d'opposition ?

3) Que faire quand les moments d'expression servent surtout d'espaces de prise de pouvoir, le plus souvent non dite d'ailleurs, de quelques-uns sur l'ensemble ?

J'ai un CM1/CM2 dans un quartier difficile et le pire c'est que ça se passe plutôt bien en ce moment, mais ce serait vraiment bien qu'on se coltine ces questions, et d'autres (on pourrait d'ailleurs commencer par les poser toutes ces questions sans les retenir, sans les censurer et sans chercher tout de suite la ou les réponses).

Autres réactions à propos du "bordel"

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Bérangère

L'atelier danse se termine vendredi car samedi, c'est le grand jour!

Je pense qu'il ne faut pas arrêter ce type d'activité, mais renvoyer au conseil la gestion de cet atelier .
Le groupe était certainement trop nombreux ( 10) et les sanctions pas assez présentes.
Si d'ici la fin de l'année,un tel atelier se réorganise, je serai beaucoup plus rigoureuse sur les sanctions.

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Mireille (réaction au bordel)

Oui en effet et ce contexte socio/pol/média... nous ne le changerons pas
dans l'immédiat.
Et je trouve que tes questions sont justes et qu'il y a des solutions mais
qui ne passent pas à mon sens par, "les laisser être"de notre amie Sofie.  "c'est bien mon avis perso." car je sais que derrière cela il y a souvent une méconnaissance une mauvaise interprétation de l'acceptation, de la mise en oeuvre de l'expression de l'enfant.
Si nous refusons de leur donner de vrais cadres avec les interdits formateurs et protecteurs qu'il est de notre devoir de leur donner..... Cela fait des enfants qui ne grandissent pas, qui vont même à l'inverse de leurs intérêts.
Un enfant "s'élève" ce n'est pas un vain mot... comme disait quelqu'un sur la liste récemment.
Le petit prend les modèles qu'il a à sa portée (exemple l'enfant loup), nos élèves aussi... et alors ? les laissons-nous "être" des loups ?
Je ne laisse pas un enfant se jeter devant une voiture sur la route (là le tâtonnement expérimental...) :-).... Je le rattrape par la peau des fesses et je lui explique après...pourquoi je l'ai empêché de traverser la rue... Nous devons leur permettre d'"être" dans l'avenir des adultes responsables et épanouis si possible...
Si comme Sofie en effet je m'émeus moins que d'autres sur des glissadesfaites dans le préau (même si nous devons quand même y être attentifs), par contre, j'estime que dans tout groupe (d'autant plus se référant à la coopération, l'expression et l'écoute) le maximum de civilité est requise...
et les gênes, les atteintes aux autres, tout comme retrouver le matériel collectif dérangé voire cassé (salles collectives.,...) sous prétexte que ce sont des enfants (ce sont des exemples qui sont apparus lors de la discussion école.) n'est pas acceptable donc un maximum d'éducation là aussi est requise.
Je crois également que Bérangère n'a pas à se culpabiliser, mais cela ne fait pas de mal d'en parler ne serait-ce que parce que ce n'est pas toujours "les conseilleurs qui sont les payeurs" (hi,hi).

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Juliette

Je vous soumets un conseil qui me vient de mon inspecteur, qui est favorable à une éducation "vivante", mais qui m'a inspecté comme un autre, pour me noter....
Il m'a demandé ce que je répondrais à un IG (ou à un IEN, j'ai pensé!) qui ne s'esbaudirait pas devant "les projets foisonnants"...et "les élèves passionnés",mais qui demanderait des comptes par rapport aux compétences de  fin de cycle : je lui ai parlé des compétences transversales, qui consistent à choisir, à construire sa personnalité autour de références et de référents culturels communs aux trois cycles, et plein de choses encore, et il m'a répondu que ce n'était pas suffisant.
Il m'a donc suggéré de prendre des moments, avec les élèves, (après les avoir pris avec les enseignantes des autres cyles pour se construire des progressions dans les compétences de fin de cyle -de tous les domaines-, bien entendu....) pour expliciter les compétences mises en jeu dans les projets, avant et/ou après les projets, et de nous en fixer deux ou 5 ou x "évaluables" par projets, et de s'en servir pour lire et guider les foisonnements des élèves, compétences que sa stagiaire inspectrice a comparées au goulot d'étranglement d'un sablier... au début, le projet  foisonne de direction, et à la fin, sa réalisation a aussi une grande  ampleur ; mais au niveau institutionnel, le projet permet d'activer et  d'évaluer seulement qqs compétences, qui gagneraient à être connues...

Il semble que ce soit une manière de procéder qui nous légitimerait tant vis à vis des parents, de l'institution et de nos élèves que de nous mêmes.  Je vais tenter de voir si ça arrive à rompre la quadrature du cercle qu'est pour moi l'évaluation des projets...ça veut quand même dire construire des grilles de progression sur les compétences de fin de cycle dans beaucoup de domaines, dis-donc ça !

Suivant son conseil, nous on va en choisir 3 ( en plus du français et des  maths) et s'y tenir, genre "le protocole expérimental en sciences", "la représentation du temps et du lieu", en espérant que ça va servir à tous...
et je suppose que dans chaque projet il sera bon de trouver des éléments du  "vivre ensemble"....

là où je veux en venir, rapport à Bérengère et ses loulous danseurs, c'est qu'au lieu de te proposer de trouver des bonnes sanctions, tu pourrais  te proposer de bien clarifier avec eux avant les compétences du programmme qu'ils vont travailler, et choisir ensemble celles sur lequelles tu les  évalueras :
tu leur montre qu'ils travaillent plus de 10 compétences
tu en choisis 3 ou 4, dont la moitié sont du ressort de la citoyenneté,  histoire de bien montrer ce qui compte pour toi...
ça me semble un bon compromis entre tes devoirs de pédagogue et tes besoins  de liberté...

enfin, je dis ça, mais je merdouille dans mon projet théâtre, et je n'ai pas  eu le courage de me décortiquer les programmes, mais cet été je le fais,  parce que mon inspecteur m'a dit que sans ça, j'allais me noyer dans la  pédagogie de projet, et je ressens bien un besoin de clarification de mon  travail par rapport à l'institution :
je dois rendre des comptes aux élèves et à leurs parents, et ces comptes  doivent être faits "programme sur table"....

Donc Bérangère, au lieu de repartir vers des horizons-sanctions qui te  blesseront plus qu'eux, trouve-toi des chemins de compromis entre l'institution et eux qui te"professionnaliseront" à ton propre regard... et qui pourront même aider les enfants à faire le lien entre la société (=  les programmes) et leur Bérangère à eux!
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Bérangère Rectificatif pour les sanctions !!

Je m'explique:
Dans notre école, un système de lois et de sanctions communes à toutes les classes est en vigueur.
Des ceintures de comportement, basées sur la P.I., donnent des devoirs et attribuent des droits.
Lorsqu'une loi est enfreinte, un enfant a un avertissement bien précis.
La fréquence du respect ou des infractions à ces lois déterminera la couleur de sa ceinture.
Ce que je voulais dire, c'est que j'avais un peu lâché la bride ces derniers temps, en ayant moins recours aux avertissements.

Aujourd'hui, j'ai posé le problème en réunion.

Pendant l'atelier auto-géré, je suis descendue à l'improviste ( RAS) mais lorsqu'un enfant est venu se plaindre de l'abus d'autorité d'un autre, j'ai fait remonter le groupe entier sans aucun scrupule alors qu'auparavant je n'aurais pas pris une telle décision.

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2 006

Jenvier 2006 :

Laurent L : Je ne suis pas satisfait du grand conseil (des enfants ne sont pas concernés, pas concentrés....)

Sylvain : réponse par le message clair et l'apprentissage social

 

Laurent L

Je propose un sujet  : "le grand conseil ".
 

Je suis insatisfait par rapport au fonctionnement de mon grand conseil. Je le décris. Tout au long de la semaine les élèves déposent dans les boîtes "je présente", "je propose", "Quand tu m'as fait ça, ça m'a fait ça", des petits papiers. Ces papiers sont alors recopiés le jeudi par les deux co présidents sur le "cahier du grand conseil".
Le grand conseil à lieu le vendredi et est animé par les deux co-présidents.

Maintenant ce qui ne me satisfait pas ! Certains élèves de la classe ne se sentent pas du tout concerné par les remarques qui leur sont faîtes. Ainsi j'ai plusieurs élèves qui "discutent" pas mal dans la classe. Le reste du groupe leur explique que "quand tu parles tu  m'empêches de travailler" seulement les élèves en question n'assument pas du tout leur responsabilité et passent leur temps à renvoyer la remarque sur les autres "Toi aussi tu parles !". Résultat les élèves se renvoient le problème comme une patate chaude et le problème n'est pas réglé ! Ils ne reconnaissent pas leur "tord". "Non c'est pas vrai c'est pas moi !". Bref ça devient un peu le pugilat.

Autre situation. Nous avons un problème dans les wc. Certains garçons innondent les cuvettes. Nous en avons parlé depuis le début de l'année. Comment faire pour résoudre ce problème. Les solutions trouvées par la classe: "les garçons s'assoient pour faire pipi".Résultat: le problème revient chaque semaine....

Idem dans la cour avec le foot. Il y a sans cesse des problèmes. Certains élèves ont proposé de mettre en place des arbitres pour réguler les problèmes. Seulement l'arbitre n'est pas respécté.

De plus durant le grand conseil, les élèves ne s'écoutent pas et s'expriment à tout va ! C'est pas forcément évident pour les co-présidents et je suis obligé de les aider. J'interviens pas mal du coup et c'est pas terrible.

Certains élèves ont énormément de mal à rester dans les propos de l'échange. Il y a une présentation sur un fossile par exemple et au moment de poser des questions patatra :"Moi aussi j'ai vu des fossiles à la télé !" une remarque qui coupe court et qui tombe à plat.

Un exposé sur le moteur à explosion et hop au moment des questions: "Mon tonton il est mécanicien et il adore les voitures !".

Ils ont beaucoup de mal pour rebondir et poser des questions. Lors des présentations au cours du grand conseil il y a souvent peu de questions et souvent elles sont assez pauvres. Ils ne se sentent pas vraiment concerné et sont passifs...

Comment faites-vous dans votre grand conseil  ?
Etes vous passés également par ces travers ?
Avez vous des élèves qui ne se sentent pas concerné par la vie de la classe ? Si oui comment faire pour les "gérer" ?

réponses Claire Sylvain


 Mireille

Les conseils de classe et d'école sont des lieux d'apprentissage de la citoyenneté;
Mais avant tout aussi le vivre ensemble est régi par des lois dans l'école plus des règles dans la classe  auxquelles personnes ne peut se dérober sous "peine" de sanctions ... comme dans la vie.
Cela suppose que les enfants ont des droits en plus des droits fondamentaux bien sûr.
S'il y a des activités à choisir, des activités en autonomie, cela suppose un degré de responsabilité, un degré de confiance mutuelle...
 
Le foot à la récréation n'est pas un droit,... alors la règle est le respect des règles et de l'arbitre. Sinon rien ne t'empêche d'interdire le foot à celui qui ne respecte pas... (exclusion pendant une semaine)...
 
Moi j'ai des CP/CE1 et je fais des réunions et non plus des conseils. A l'intérieur de la réunion il y a : "qui a quelque chose à raconter", "qui à quelque chose à présenter", "qui a une proposition"  et les critiques et félicitations + les ceintures de comportement. Les élèves ne sont pas obligés de participer aux réunions mais dans ce cas ils sont à une place et ne doivent pas déranger. En fait la plupart viennent à l'espace réunions , ils aiment beaucoup, et seuls les gêneurs sont renvoyés à leur place par le responsable de la réunion.
En rapport avec les lois, s'il va de soi qu'il ne faut pas confondre lois et règles de vie de la classe, pour ma part je fais valoir que le respect de la tranquillité de chacun est un droit pour tous et s'il y a plusieurs avertissements sur le comportement, je note une loi non respectée.
A 5 lois les droits sont retirés pour une semaine. Plus le droit de se déplacer seul, plus le droit de faire les ateliers sans la présence de l'adulte...
 
Cela dit, tu auras toujours les récalcitrants  ou des enfants très perturbés imperméables à toute règle de vie collective (apparemment ce sont des enfants difficiles aussi dans ton école ?) mais bon il faut savoir que cela ne se fait pas en un jour.
 
Moi cette année je suis un peu étonnée par l'attitude extrêmement éclatée des élèves (alors que je les avais en CP, qu'ils connaissent le fonctionnement de la classe, que nous le gérons ensemble). En effet ils sont encore vraiment dans l'égocentrisme, et ne se sentent pas tous, loin de là, concernés par ce que font leurs pairs, ce que peut leur apporter la vie de la classe, la coopération. Ils sont très agités, bavards (mais pas dans le bon sens, ils se croient toujours en récréation... bonjour l'ambiance de la classe...). C'est la première année que je vois ça !
 
Donc "gérer" pour moi revient beaucoup à rappeler à tous moments les règles et les lois... et donc à "ramer" beaucoup.


 

 


 

 

 

Claire : réponse à Laurent L

Peut-être que tes élèves ne posent pas de questions à la fin des exposés parce qu'ils n'ont pas été habitués à le faire (mais je me trompe peut-être...).
Ta situation me fait penser à celle d'un IMF, d'une classe de CM2, où un système de présentation de livre est mis en place. Présentation du titre, auteur, résumé de l'histoire, lecture d'un passage... pour donner
envie de le lire. A la fin de l'exposé, les autres sont sensés posé des questions. Sur les 2 présentations, pas une seule question sur les livres, mais que des remarques : "Ca donne envie de le lire", "T'as pas
donné le nom de l'illustrateur.", "T'as pas bien lu le passage.", "J'ai bien aimé ton exposé."... bref que des trucs comme ça, alors que le système est installé depuis novembre, je crois, et que l'enseignant
insiste bien sur le mot "question", et fait remarqué aux élèves que justement, on n'a pas à faire de remarques, mais on demande des précisions. (l'enseignant est tout de même un IMF assez porté sur la
littérature, c'est pas la première année qu'il utilise ce système, mais les élèves, si!)


LaurentL

C'est évident qu'ils n'ont pas l'habitude. Je suis bien d'accord avec toi. Rester dans les propos de l'échange et aller plus loin dans les débats sont des compétences qu'ils n'ont pas travaillé et qui leur font cruellement défaut.
Avec le temps, petit à petit, nous avançons.
Je me pose plusieurs questions :
Comment les faire avancer ?

Comment me positionner par rapport au groupe ?

J'ai parfois l'impression d'être pris dans une "marée noire"... Ils viennent continuellement me voir pour des petits problèmes qui ne sont jamais résolus. Je pense au problème des wc par exemple. Je leur explique que le problème a été abordé en grand conseil depuis le début de l'année, une décision a été prise mais elle n'est pas appliquée. Je leur explique que pour ce problème je ne détiens pas la solution. Y a-t-il une solution ?

Je gère le tout venant et c'est parfois difficile d'avoir sur le moment "l'approche" adaptée. Je n'arrive pas à trouver la ligne de conduite à adopter par rapport à tous ces problèmes.

 

Sylvain, réponse à Laurent

Bien sûr que je suis passé par cette étape (et je n'en suis jamais réellement sorti), je trouverais même suspect d'un point de vue humain de ne pas l'avoir vécu. On peut difficilement attendre des enfants ce que des adultes n'arrivent pas encore à faire et le propre de l'école et justement de proposer aux enfants du temps qui va leur permettre de développer une famille d'attitudes que nous souhaitons développer.

Tu soulèves différentes résistances et je ne pourrai pas les étudier toutes.

 

Au sujet des petits différends que les enfants font remonter au conseil, nous faisons référence à un élément de la culture de classe qu'est le "message clair." Avant d'avoir le droit d'en parler devant tout le monte (et de demander implicitement l'attention et l'intérêt de tous quitte à prendre du temps sur d'autres questions motivant un panel d'enfants plus large), chacun d'entre nous doit d'abord avoir essayé le message clair.

Celui qui ressent une souffrance (ou un problème) demande à celui qu'il désigne comme en étant la source d'accepter un message clair. Les deux personnes s'isolent et se regardent. Le demandeur exprime alors deux éléments :

- ce qui s'est passé (d'un point de vue factuel)

- ce que cela a provoqué en terme d'émotion ou de sentiment ("ce que ça t'a fait dans le cœur" comme expliquent les enfants)

La personne à qui s'adresse le message clair prend alors la parole et dit s'il a compris, peut éventuellement proposer une réparation (ce qui n'est pas obligatoire). Si le demandeur ne s'estime pas apaisé, il a alors la possibilité d'en parler au conseil.

Sinon, le différend ne va pas plus loin. Des étudiants qui se sont intéressés à l'impact de cet outil sur les conflits ont pu mesurer qu'environ 3/4 d'entre eux trouvaient réponse équitable. Ils ont aussi montré que celui qui s'identifiait comme la victime profitait de ce moment comme un soulagement et que celui qui était désigné comme persécuteur prenait réellement conscience de l'impact émotionnel d'une action que très souvent il jugeait bénigne.

 

Quand un problème concernant tout le monde est abordé lors du conseil, la discussion tend à se terminer par une prise de décision. Celle-ci est alors relue en entame du conseil suivant et l'on s'interroge sur sa pertinence. Elle peut alors être validée, modifiée ou abrogée. S'il s'avère qu'elle n'a pas été respectée, le conseil a pouvoir de poser une sanction qui se traduit toujours par la privation de l'exercice d'un droit. En occurrence, pour les histoires de foot (fréquentes dans notre quartier de La Paillade), c'est arrivé bien souvent  que cela donne lieu à des interdictions de jouer au foot pendant une semaine ou plusieurs, pour un, plusieurs, ou tous les membres de la classe.

Je crois que le fait de poser une loi n'est que le début de notre travail autour de l'apprentissage de la limite sociale. Cet apprentissage est d'autant plus important que c'est souvent à partir de lui que tout le reste va pouvoir se construire et que des langages vont réellement pouvoir se construire. C'est en tout cas une option salutaire avec les enfants que nous accueillons.


Laurent L

Je leur propose diverses situations qui donnent lieu à des jeux de rôles dans lesquels les enfants s'entraînent à formuler le message clair.

Pourrais tu présenter plus précisement ces diverses solutions ?

Je te pose pas mal de questions parce que je voudrais vraiment être au clair dans ma tête sur les messages clairs.

De plus, je pense qu'il va falloir que j'accompagne mes élèves dans cette démarche. En effet, le fonctionnement des messages clairs demande de la part des élèves des "compétences" pour différer les problèmes. Ils sont amenés à prendre de la distance par rapport à "l'événement" source du message clair.

Or je ne suis pas certain que mes élèves soient, à l'heure actuelle, armés pour différer. D'où mes interrogations sur le protocole qui peut être mis en place par moi, pour les accompagner vers cette démarche des messages clairs.

De même, mes élèves ne sont pas forcément habitués à se retrouver "en tête à tête" pour parler d'un problème les concernant.

Je ne voudrais pas les envoyer dans le mur...Je pense que le message clair peut résoudre les problèmes que ma classe rencontre seulement il faut la "préparer".

Comment fais tu concrètement dans ta classe en début d'année pour "préparer" tes élèves aux messages clairs ? Que mets tu en place ?

 

suite réponses à Laurent

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Réponse de Laurent B

les élèves en question n'assument pas du tout leur responsabilité et passent leur temps à revoyer la remarque sur les autres "Toi aussi tu parles !". Résultat les élèves se revoyent le  problème comme une patate chaude et le problème n'est pas réglé ! Ils ne reconnaissent pas leur "tord". "Non c'est pas vrai c'est pas moi !".

> Je trouve ça aussi assez déconcertant. Nous avons convenu cette année qu'il est interdit de ne parler que des autres lorsque la parole est donnée sur un sujet précis ('t"as pas le droit de dire oui mais toi aussi") On répond d'abors si on comprend ce qui est exprimé (actes, sentiments, émotions) et on discute ) ârtir de ça. J'ai proposé cette règle, qui comme beaucoup de chose que je propose, a été acceptée. Mais ils s'en servent plus que la plupart des trucs qu'ils ont pu accepter ainsi. Bref, y'a au une règle chez nous pour éviter ça. On s'en sert encore mais de moins en moins. Je peux imaginer qu'elle sera oubliée lorsque nous n'en aurons plus besoin.

> > Ils ont beaucoup de mal pour rebondir et poser des questions. Lors des présentations au cours du grand conseil il
> Chez nous, on ne présente pas des choses au grand conseil (qui s'appelle la vie de classe et où ne ne cause que des relations entre nous et de l'évolution de nos règles de fonctionnement) C'est obligatoire d'y être, contrairement à d'autres moments. J'en ai qui se faisaient chier (et qui faisaient chier ! ) mais ça va mieux depuis qu'ils ont pu négocier leur non participation, justement, à d'autres réunions (présentations notamment) ...justement pendant la vie de classe, qui du coup, leur parait quand même un truc important. De toute façon, dans la mesure où la question des relations regarde tout le monde, les autres n'auraient surement pas accepté qu'ils ne soient pas à cell-ci.

> > Certains élèves ont énormément de mal à rester dans les propos de  l'échange. Il y a une présentation sur un fossile par exemple et au moment de poser des questions patatra :"Moi aussi j'ai vu des fossiles à la télé !" une remarque qui coupe court et qui tombe à plat.

> Faut peut être voir, pas sur. Ca tombe à plat pour quoi ? pour qui ? Au moins, y'en a un autre (celui qui a la télé !) pour qui ça tombe pas ! Le propre d'un propos (j'ai pas fais exprès  ) n'est il pas aussi de dériver un peu ? Le "propos de l'échange" est peut être plus large qu'on ne l'avait vu au départ et il va peut être déboucher sur quelque chose d'encore plus intéressant...ou pas. J'ai les mêmes questions. Leurs échanges sont souvent surprenants et quand c'est vraiment la leur, de réunion, ils se disent des trucs qui les intéressent vraiment. Que se passe t'il si on laisse faire ça. Ca fait un peu de peine au début pour celui qui était arrivé avec son fossile et qui se voit privé de la "vedette" . Au début, et même après bien sur (c'est con ce que je dis ) ce qui est important c'est qu'ils (les enfants) soient valorisés. Ils ont envie d'être au centre comme s'ils étaient plus importants que les fossiles. Et puis peut être que quand ça sera fait, qu'ils auront tous pu briller une fois ou deux et qu'ils se (re)connaîtront mieux, ils verront mieux le propos ?

 

 

 Sylvain

Le président du jour

Il se trouve que la vie coopérative de la classe s’appuie sur une série d’éléments du contrat de vie de classe qui garantissent la sécurité, le respect et la mise en confiance de chacun. Ces lois, règles de vie et codes de conduite font régulièrement l’objet d’études de la part du conseil de classe et tout un chacun sait s’y référer quand il en éprouve le besoin.

Or ce n’est pas parce qu’une règle est écrite, même si elle a été proposée, discutée, votée et parfois comprise et signée, qu’elle va automatiquement être respectée par tous les membres de la communauté pour qui elle existe. Je crois même que le réel travail d’apprentissage de la loi sociale, de sa portée et des limites qu’elle pose, commence à partir du moment où elle a été écrite.

Il est tout à fait judicieux de penser que c’est à l’adulte de la classe qu’incombe cette fonction de rappel de la règle. Le plus souvent, cela évite contestations, interprétations et indulgences pour les copains mais pas pour les mal-aimés.

Et pourtant, …

L’enseignant de la classe est une personne tout aussi faillible que n’importe quel enfant et l’on sait combien les erreurs d’interprétation de l’adulte peuvent engendrer des sentiments d’injustices chez les enfants.

Les plus souvent, tout du moins pour les enfants les plus dégourdis dans la classe, l’enseignant est le principal référent pour les problèmes rencontrés. On imagine mal comment un enfant ne reconnaissant pas les phrases minimales ou se trouvant devant un problème informatique insoluble pour lui va bien pouvoir poursuivre son activité sans l’aide de l’adulte.

Pendant les moments de travaux personnels, il est donc utile que l’enseignant soit disponible pour aider à l’évolution des activités dans lesquelles les enfants se sont engagés. Du fait que le don d’ubiquité ne fait pas encore partie de la formation IUFM, nous nous trouvons souvent en train de gérer deux types de demandes : celle concernant le respect des petites règles de fonctionnement coopératif  et celles autour des activités et apprentissages en cours.

La solution pourrait être de réduire la part de liberté des enfants dans la classe mais on voit bien combien celle-ci contribue pleinement à l’exercice de la coopération et à l’aboutissement des projets de chacun.

 

C’est avec toutes ces interrogations que je me suis présenté il y a environ deux ans au sein du conseil de la classe unique dans laquelle je travaille. Je demandais que l’on trouve une solution pour me permettre d’être plus disponible auprès des enfants qui en ont le besoin pour leurs activités.

Et c’est ainsi que progressivement, la fonction de « président du jour » s’est construite pour en arriver aujourd’hui au fonctionnement que je vais détailler.

 

A la fin du bilan météo de journée, le président du jour choisit parmi les enfants volontaires ayant le moins dérangé celui qui va lui succéder. Le lendemain, son prénom est écrit sur une affichette prévue à cet effet. Il préside tous les moments de réunion de la journée : Quoi de neuf, réunion, conseil, choix de textes, présentations, bilan météo. Quand il le juge nécessaire, il s’occupe aussi de modifier le « code du bruit dans la classe », celui qui permet de travailler dans un calme relatif permettant les concentrations. Il peut éventuellement noter sur une feuille les gênes provoquées par certains.

Le soir, après le bilan de journée et avant le choix du prochain président, les enfants de la classe sont amenés à donner leur avis sur la manière dont le président du jour a fait vivre cette fonction : a-t-il rappelé les règles quand il le fallait ou s’est-il contenté de vaquer à ses activités ? a-t-il pu aider les enfants qui en avaient besoin ou ne s’est-il intéressé qu’à ses copains ? A-t-il crié pour se faire respecter ou s’est-il référé aux institutions de la classe ? … C’est souvent lors de cette discussion qu’une sorte de déontologie du président du jour apparaît et se construit. Les quelques enfants qui, à plusieurs reprises, n’ont pas tenu compte de ce qui se disait lors de ces moments peuvent se retrouver mal à l’aise lorsqu’il est question de s’en expliquer et ne se proposent pas ou ne sont pas forcément choisis immédiatement pour reprendre cette fonction.

Il va de pair avec cette fonction que parfois rien ne tourne comme il le faudrait. Mais qu’importe ? Dans ces cas, en tant qu’enseignant, je peux demander à reprendre l’animation de la classe au détriment de ma disponibilité. Mais ce n’est que temporaire.

Certains enfants ne souhaitent plus être président parce qu’ils se sont aperçus que cela entravait la portée de leur travail. D’autres ne se donnent plus le droit de le devenir parce qu’ils ne sont pas arrivés plusieurs fois à rappeler certaines règles auprès de leurs copains ou ont beaucoup de mal à s’interdire de faire le petit chef dans la classe.

Certains en revanche ont pu disposer d’une place qui a montré une facette positive de leur personne, qui a pu contribuer à les faire sortir d’une réserve personnelle nocive à leur engagement dans diverses activités ou divers lieux de parole et de décision. D’autres enfin arrivent très bien à concilier la présidence de la classe et la gestion des projets qu’ils souhaitent mener.

En ce qui me concerne, j’ai adopté le réflexe de ne plus m’occuper de ce qui est du ressort du fonctionnement de la classe et de renvoyer au président ou au conseil toutes les demandes m’étant faites à ce sujet. Les enfants président du jour savent toutefois que je peux à tout moment les aider ou répondre à leurs demandes. Je peux donc accorder toute mon attention aux groupes que je suis ou aux enfants qui viennent me trouver pour les aider à débloquer certains nœuds de problèmes.

 

Voici donc une nouvelle institution coopérative dans la classe, au service du développement des activités, qui se trouve être le terrain d’une foule d’apprentissages, dont la principale caractéristique est son humanité, avec toutes les surprises et aventures que cela génère…