Le repérage des compétences et leur validation

Ne tournons pas autour du pot : en règle général et parfois jusque dans les pédagogies nouvelles, ce qui structure l'enseignement donc les pratiques, c'est le couple programme/évaluation. Dès lors où l'on axe sa pratique sur la construction des langages et leur auto-construction par les enfants, le problème de l'évaluation ne se pose plus en tant que moteur des pratiques. Mais c'est peut-être aussi sur ce point qu'une transformation heurte le plus les usagers de l'école qui n'en avait de visibilité qu'à travers le couple programme/évaluation. D'autant que ce couple a été et est toujours le tableau de bord indispensable aussi bien aux enseignants qu'au système éducatif et sans lequel les uns et les autres se pensent aveugles et sont désemparés.

Juliette G : 02.06.05 : Rompre la quadrature du cercle de l'évaluation des projets

Juliette

Je vous soumets un conseil qui me vient de mon inspecteur, qui est favorable à une éducation "vivante", mais qui m'a inspecté comme un autre, pour me noter....
Il m'a demandé ce que je répondrais à un IG (ou à un IEN, j'ai pensé!) qui ne s'esbaudirait pas devant "les projets foisonnants"...et "les élèves passionnés",mais qui demanderait des comptes par rapport aux compétences de  fin de cycle : je lui ai parlé des compétences transversales, qui consistent à choisir, à construire sa personnalité autour de références et de référents culturels communs aux trois cycles, et plein de choses encore, et il m'a répondu que ce n'était pas suffisant.
Il m'a donc suggéré de prendre des moments, avec les élèves, (après les avoir pris avec les enseignantes des autres cyles pour se construire des progressions dans les compétences de fin de cyle -de tous les domaines-, bien entendu....) pour expliciter les compétences mises en jeu dans les projets, avant et/ou après les projets, et de nous en fixer deux ou 5 ou x "évaluables" par projets, et de s'en servir pour lire et guider les foisonnements des élèves, compétences que sa stagiaire inspectrice a comparées au goulot d'étranglement d'un sablier... au début, le projet  foisonne de direction, et à la fin, sa réalisation a aussi une grande  ampleur ; mais au niveau institutionnel, le projet permet d'activer et  d'évaluer seulement qqs compétences, qui gagneraient à être connues...

Il semble que ce soit une manière de procéder qui nous légitimerait tant vis à vis des parents, de l'institution et de nos élèves que de nous mêmes.  Je vais tenter de voir si ça arrive à rompre la quadrature du cercle qu'est pour moi l'évaluation des projets... ça veut quand même dire construire des grilles de progression sur les compétences de fin de cycle dans beaucoup de domaines, dis-donc ça !

Suivant son conseil, nous on va en choisir 3 ( en plus du français et des  maths) et s'y tenir, genre "le protocole expérimental en sciences", "la représentation du temps et du lieu", en espérant que ça va servir à tous...
et je suppose que dans chaque projet il sera bon de trouver des éléments du  "vivre ensemble"....

là où je veux en venir, rapport à Bérengère et ses loulous danseurs, c'est qu'au lieu de te proposer de trouver des bonnes sanctions, tu pourrais  te proposer de bien clarifier avec eux avant les compétences du programmme qu'ils vont travailler, et choisir ensemble celles sur lequelles tu les  évalueras :
tu leur montre qu'ils travaillent plus de 10 compétences
tu en choisis 3 ou 4, dont la moitié sont du ressort de la citoyenneté,  histoire de bien montrer ce qui compte pour toi...
ça me semble un bon compromis entre tes devoirs de pédagogue et tes besoins  de liberté...

enfin, je dis ça, mais je merdouille dans mon projet théâtre, et je n'ai pas  eu le courage de me décortiquer les programmes, mais cet été je le fais,  parce que mon inspecteur m'a dit que sans ça, j'allais me noyer dans la  pédagogie de projet, et je ressens bien un besoin de clarification de mon  travail par rapport à l'institution :
je dois rendre des comptes aux élèves et à leurs parents, et ces comptes  doivent être faits "programme sur table"....

Donc Bérangère, au lieu de repartir vers des horizons-sanctions qui te  blesseront plus qu'eux, trouve-toi des chemins de compromis entre l'institution et eux qui te"professionnaliseront" à ton propre regard... et qui pourront même aider les enfants à faire le lien entre la société (=  les programmes) et leur Bérangère à eux!

 

 

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