Hélène
Première
réactions à chaud de ma journée....j'ai réussi à obtenir une journée
pour rendre visite à Philippe à St Sorlin. Ouahhhhh! ce que j'y ai vu
me conforte dans mon idée de l'école du 3eme type, et notre travail en
collaboration a été bien constructif. Premier bilan: aller voir une
classe en fonctionnement est complètement essentiel pour avancer dans
ses réflexions et dans sa pratique! Pourquoi je n'ai pas fait ça
avant???
Nous
avons passé la journée à nous poser un tas de questions, à
repenser quelques aspects de son fonctionnement, moi j'ai pris 10
pages de notes, j'ai trouvé de nouveaux correspondants pour mes
élèves, et j'ai déjà envie de déconstruire ma classe pour changer
plein de choses.
Y parait
même que ma présence a détendu Philippe!!
Bon, j'ai
besoin d'un poil de recul pour poser mes réflexions sur ce que j'ai vu
et vécu aujourd'hui....le trajet retour chez moi en voiture va
m'offrir ce temps là...
Allez, je
donnerai les détails dans un prochain mail... La frustration crée
l'envie.
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Philippe R
Merci à Hélène qui m'a aidé dans ce travail sur soi qu'on
a à faire, dont parle Ludo dans ses derniers messages et que j'avais
déjà évoqué l'année dernière en parlant carrément de thérapie.
Pour Hélène, tout lui semble naturelle, C'EST ENORME !!
Grâce à Hélène, la journée a été tout simplement géniale
et elle m'a mis définitivement sur les rails ; c'est comme si
j'avais du mal à tenir en équilibre sur des rails qui me faisaient dire
des conneries lorsque j'y tombais. Aujourd'hui, je crois ne pas en avoir
dit, du moins des grosses. Quand je sentais que j'allais en dire une,
j'allais voir mon psy (Hélène) et tout allait bien après !!
Du coup, la journée a été très productive.
Pour info, Hélène a commencé le boulot y a 4 mois
!! Comme Obélix, elle a du tomber dedans quand elle était petite, c'est
pas possible sinon !
Bilan de la journée : plus on lâche, plus l'activité est
dense.
Je reviendrai sur les essais qu'on a fait avec les
enfants et Hélène au moment de la réunion sur la prise de parole car y a
un lien et le résultat de nos essais est surprenant !!
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Laurent L
Je vais essayer
de décrire la matinée de mardi pour faire avancer la discussion.
Dans la classe de Philippe, les élèves travaillent à partir d'un pense
bête qui s'apparente à un plan de travail sauf que c'est l'élève qui est
au centre du système. C'est à dire que l'élève planifie son travail lui
même.
L'autonomie des élèves peut être de trois types:
- en autonomie,
- en accompagnement,
- sous la tutelle,
Cf.descriptions (désolé je ne suis pas arrivé à créer le lien avec la
page, il faudra m'expliquer)
http://philippe.ruelen.free.fr/
La matinée est organisée de la sorte pendant environ "une heure", les
élèves sont en activités sur le pense bête. Les élèves en autonomie
s'appuient ou non sur Bingo pour organiser leur matinée.
L'élève en autonomie est libre de réaliser ce que bon lui semble:
- faire son pense bête,
- faire des brevets,
- réaliser un projet,
- répondre aux correspondants,
- rédiger le journal.... j'en oubli plein, Philippe sera plus à même
d'énumérer les différentes activités possibles.
Mon attention s'est focalisé sur les élèves qui suivaient leur PT. En
effet les élèves qui sont sur le PT sont plus facilement observables car à
tout moment, on peut savoir ce qu'ils sont en train de faire. En
revanche, les élèves qui ne réalisent pas le Pt sont difficiles à suivre
car on n'a "aucun support" pour savoir ce qu'ils sont en train de faire.
Mais tous sont en activité.
Autour de 9h45 les élèves se regroupent pour la réunion. C'est un moment
important dans l'organisation de la classe. Cette réunion est présidée par
deux élèves qui organisent la parole. Philippe intervient très peu , juste
pour rappeler l'ordre du jour à la demande des présidents. La réunion
permet au groupe de faire le bilan sur la vie de la classe (rédaction du
journal, courrier reçu, présentation des réalisations, mutualisation des
informations, donner son avis sur les productions, organisation du groupe
pour la réalisation des "projets").
La position spatiale de Philippe est assez intéressante car il est en
dehors du groupe classe. Ce positionnement évite la centration sur lui et
facilite la communication entre enfants. Certains enfants ont néanmoins du
mal et le sollicite par moment du regard ou oralement.
La réunion
permet également au groupe de décider de l'organisation de la classe:
"Est-on obligé d'assister au réunion ? Certains élèves peuvent-ils
continuer leurs activités ?"
"Peut-on réorganiser spatialement la classe ?"
Ces questionnements ont donné lieu à des échanges intéressants entre les
élèves.
Ensuite la réunion se termine et les élèves retournent à leurs activités.
Voilà en gros ce que j'ai pu observer dans la matinée.
Par contre, le régime de croisière qui doit suivre est bien plus
stable et indépendant de la forme/énergie/pêche de l'enseignant ; à la
limite, il peut même être absent.(dixit Philippe)
J'ai eu l'occasion d'en discuter avec David lundi dans sa classe.
Peut-on négliger l'implicite ?
Tout instit dégage quelque chose qu'il ne maîtrise pas. Les élèves
réagissent d'une certaine façon par rapport à ce que tu es. Ils
"s'appuient" malgré toi sur toi. Ils se sentent en "sécurité" parce que tu
es là. Comment peut-on être sûr que les élèves ont réellement intégré
l'autonomie ? En temps qu'adulte je réagis d'une certaine façon par
rapport au milieu dans lequel je me trouve. Or cette adaptation au milieu
est par nature complètement instable car l'environnement est instable.
Nous sommes perpétuellement en adaptation-réadaptation pour nous
conformez au milieu. Comment être sur que le régime de croisière est
atteint et complètement stabilisé ? Le régime de croisière est atteint
dans un certain environnement où le maître est présent. Mais l'équilibre
de la classe n'est pas le même quand l'instit n'est plus là.
Dans le contexte de l'éducation nationale (un instit référent d'un groupe
d'enfants) on ne peut pas mettre en place un environnement où l'enfant
serait confronté à l'absence réelle de maître. Le 3ème type tend vers
cela. Peut-il l'atteindre ?
Au collège les élèves vont être soumis à un environnement différent. Ne
vont-ils pas s'adapter au milieu ?
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Stéphane D
Je suis parti
lundi et mardi visiter l'école Concorde de Mons en Baroeul avec mes
camarades de Marie Curie et j'y ai vu des classes principalement axées sur
le tatonement et l'expression -création - recherche fonctionnant sur un
mode plutot "deuxième type" mais apportant des sacrés éclairages sur
l'émancipation en ZEP ZUP REP ETC
Dans les
classes que j'ai visité la part du maître était extrèmement importante
aussi bien en ce qui concerne la gestion des temps institutionnels ( quoi
de neuf + temps de présentation selon le type de projet ) que des choix
des élèves .L'emploi du temps était très cadré et les apports du maître et
du groupe étaient très institutionnels
J'ai
trouvé ça assez impressionant mais personnellement c'est pas vers ça que
je tendrai ...Néamoins j'ai trouvé des attitudes avec lesquelles je
partage certaines analyses
:- Les projets des élèves sont très encadrés et
donnent lieu à une production
- Les enseignants
n'hésitent pas à intervenir quitte à se planter en étant assez directifs
-L'apport culturel du maître est important et il vient relancer ou
éclairer le tatonnement des enfants .
- l'autonomie des enfants est planifiée mais l'expression est réellement
libre .
-La part de travail à vide (fichiers , brevet préparés à l'avance ) est
réduite quasiment à néant .Il y a
aussi un truc qui m'a beaucoup plus , c'est l'ouverture culturelle des
enseignants sur de nombreuses formes d'expression , condition à mon avis
nécessaire à l'acceuildes créations des enfants
Un des collègues a fait une remarque que j'ai trouvé très juste , il a dit
qu'il considérait quelorsqu'il intervenait auprès d'un élèves il ne se
placait pas forcément en tant que maître mais plutot en tant qu'amateur ou
praticien des arts , des maths ou des sciences . Je sais pas trop quoi en
penser mais en tout cas à cet endroit la ça faisait sens !
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Laurent L : seconde visite
De retour dans la classe de Philippe jeudi et vendredi
dernier, je vous propose une nouvelle tentative de description. Tout
d'abord, il me semble important de souligner les éléments qui ont changés
depuis ma visite de février:
- éléments personnels : la première visite a été pour moi une surprise. Je
n'imaginais pas qu'une classe pouvait fonctionner de la sorte.
Certes, j'avais eu des échos
mais à vivre et a voir fonctionner c'est vraiment surprenant. Donc jeudi
quand je suis arrivé chez Philippe, je savais à quoi m'attendre.
De plus depuis trois mois, je m'interroge beaucoup sur le 3type et
notamment sur la classe de Philippe. J'ai ainsi, je pense pas mal avancé
sur ma représentation de la classe.
- les changements dans la classe de Philippe:
-
le pense bête
(plan de travail): il n'y a plus de "degrés d'autonomie", les termes en
autonomie, en accompagnement et sous la tutelle ont disparus du pense
bête.
-
les groupes de
besoin et l'organisation de la journée : les élèves sont répartis dans
quatre groupes. Chaque groupe passe en général une heure avec Philippe.
Par exemple, de 8h45 à 9h45 groupe des sportifs, 10h30 à 11h30 groupe
des dragons, idem l'après-midi avec les autres groupes. L'organisation
de ce moment me semble très important. En effet, Philippe leur demande
si ils ont besoin d'aide sur un sujet particulier. Les élèves se mettent
alors d'accord sur la notion qui va être abordée. Ce moment me semble
fondamental pour plusieurs raisons:
-
Philippe se
place beaucoup mieux dans sa classe. En effet, il "s'occupe" d'un
groupe dans un lieu identifié. Il ne se
déplace donc plus dans la classe. Il ne "perturbe" donc plus les
échanges entre élèves. Les élèves ne peuvent donc plus se tourner vers
lui pendant le travail en autonomie et coopèrent donc plus entre eux.
Il ne reproduit plus malgré lui "l'image du
maître qui se déplace dans la classe pour surveiller de son oeil
inquisiteur" (Philippe n'est pas comme cela mais l'image que nous
véhiculons est très prégnante). Dans une classe comme celle de
Philippe on ne sait pas forcément où se mettre car les élèves sont
tous en activité sur des taches différentes et en tant qu'observateur
on n'est pas très bien parce que les élèves n'ont pas besoin de vous
(j'y reviendrais plus tard). Bref avec ces petits groupes de besoin,
Philippe sait où il doit être dans sa classe, les élèves aussi.
L'environnement spatial est stabilisé et apporte de la
"sérénité" au groupe.
-
"La réunion
schtroumfée": cette réunion se déroule en fin de semaine. Elle permet de
revenir sur la semaine (comment les élèves ont vécu la semaine, qu'est
ce qui n'a pas marché, pourquoi cela n'a pas marché, qu'est ce qu'il
faudrait amélioré). Ce moment permet au groupe classe de faire le bilan,
de faire un "retour réflexif collectif" sur la
semaine. Au cours de cette réunion, on décide des innovations qui vont
pouvoir être apportées au fonctionnement de la classe (modifications du
plan de travail, redéfinition du rôle des coprésidents pendant les
réunions, organisation du mobilier dans la classe...). Pendant cette
réunion, Philippe est le président et se trouve dans le groupe avec les
enfants contrairement aux autres réunions où il est en dehors du groupe
comme je l'avais expliqué dans ma précédente
description. Le groupe classe est alors amené à prendre de la distance
par rapport à l'organisation de la classe. Cette "décentration" ne peut
être pour l'instant conduite par des élèves et nécessite la présence du
maître pour guider et faire avancer les débats. Avec cette instance
Philippe ne peut donc plus faire de modifications sans en informer
auparavant la classe au cours de la réunion hebdomadaire schtroumphée.
Enfin les élèves vont pouvoir mettre le holà.
Il était tant.
-
Activités tous
ensemble: à la fin de chaque journée, les élèves choisissent une
activité qu'ils vont pouvoir réaliser tous ensemble. Cette activité dure
30 minutes et me semble également être judicieuse. En effet, ce moment
permet de finir la journée "tous ensemble" et rien que pour cela c'est
génial. Les élèves ont l'initiative de l'activité, vendredi c'était
musique pour le plaisir. Les élèves avaient envie de chanter ensemble
rien que pour le plaisir tous ensemble. Comment mieux finir une
journée... Ce moment fédère la classe,
rapproche les élèves entre eux mais aussi avec Philippe.
Pendant ces deux
jours j'ai aussi avancé sur d'autres points. En effet, vendredi j'ai pu
filmer la classe. Or j'ai constaté en filmant que "ma vision globale" de
la classe était beaucoup plus nette. En effet en se focalisant sur deux ou
trois élèves, on comprend beaucoup mieux le fonctionnement de la classe.
On fixe notre attention et on n'est plus submergé par "la petite ruche" en
activité.
En effet les déplacements des élèves sont nombreux et il est assez
difficile pour l'observateur de "comprendre la classe". Or en filmant et
en m'intéressant simplement à trois élèves
pendant 40 minutes, j'ai pu me rendre compte des nombreuses coopérations
et communications entre les élèves. J'ai également pu
m'apercevoir que les élèves ne "zappaient" pas et restaient sur
leur travail malgré les sollicitations (Nadège
est à l'atelier mesure, elle est sollicitée par Anthony, elle va l'aider
puis retourne à son atelier).
J'ai également remarqué que les élèves procédaient de deux manières dans
l'utilisation de leur pense bête. Certains s'en servent pour marquer le
"travail" qu'ils ont a faire. D'autres l'utilisent pour se souvenir de ce
qu'ils ont fait. Ces deux façons d'utiliser le pense bête me semble être
pratiquées par tous les élèves.
J'ai également constaté que les élèves n'avaient pas besoin de Philippe
pour apprendre. Ce constat, je l'ai vraiment fait en observant les élèves
à travers la caméra. Ils travaillent tous de façon autonome en sollicitant
l'aide des copains quand cela s'avère nécessaire.
Ils travaillent par deux ou trois parfois pour rédiger une pièce de
théâtre ou faire "des phrases qui riment" et au
bout du compte ils travaillent tous.
Impressionnant et très déstabilisant pour moi...
Je suis peut-être en train de basculer du côté obscure...
Bref au bout des 40 minutes où j'ai privilégié
de filmer quasiment en continue, j'ai finalement
pu me rendre compte que j'avais grosso modo vu tous les élèves devant la
caméra du fait des multiples déplacements et coopérations. Je me suis
rendu compte que je dérangeais plus les élèves qu'autre
chose avec mes quelques questions sur l'utilisation du plan de travail et
sur se qu'ils étaient en train de faire et pourquoi ils le faisaient
précisément maintenant:
"Je fais cette
activité parce que j'en ai envi."
Une nouvelle visite très instructive donc qui nous a permis également avec
Philippe d'entrevoir l'importance des repères spatiaux
pour l'enfant. En effet dans la classe, l'environnement
est bien maîtrisé par les élèves en revanche dans des lieux comme la
bibliothèque de l'école, la salle de motricité, où la cour les
comportements d'auto-organisation sont encore à construire. De plus nous
nous sommes interroger sur l'activité EPS. En effet, les élèves s'auto-organisent
pour choisir l'activité sportive, pour la mettre en place (matériels,
équipes...). Mais certains élèves ne voulant pas faire d'EPS ont demandé
si il n'était pas possible de faire de travailler
en classe (c'est le monde à l'envers le 3type). Philippe lors de la
réunion schtroumfée a alors rappelé qu'il n'avait pas le droit.
Je me pose alors la question suivante: "Comment permettre à tous les
élèves de faire de l'EPS sans les contraindre dans une activité choisie
par me groupe (le groupe choisissant souvent les jeux collectifs) ?"
Je pense que la solution serait peut-être de mettre en place des activités
dans d'autres domaines d'activités tels que la danse, le jonglage, les
jeux d'opposition duel (lutte), jeux de raquette... En multipliant les
possibilités d'activités, l'élève trouve forcément quelque chose pour lui
(comme pour l'art plastique Philippe).
Laurent Lançon - précisions de Philippe R
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Précisions de Philippe R
2 petites précisions par rapport au message de Laurent
qui, au passage, ferait un excellent conseiller pédagogique (il m'a
beaucoup apporté) :
- Les 4 groupes ne se réunissent qu'1/2 heure (et non 1
heure) avec moi dans le coin réunion (une table avec des bancs autour)
- Au sujet de la demande de quelques uns de vouloir
remonter en classe pour travailler plutôt que de faire du sport, je leur
avais dit oui à chaud (pendant l'EPS - ils n'étaient que 3), puis à la
réunion "schtroumpfée" qui a suivi (coup de bol), j'y suis revenu
(j'avais eu le temps d'y réfléchir) et leur ai parlé de ma
responsabilité (ce qui n'est pas nouveau puisqu'on l'évoque de temps en
temps avec les collègues lors de Grands Conseils lorsque les enfants
veulent aller encore plus loin que nous !) à savoir que c'est nous, les
instits, qui n'avons pas le droit de nous écarter de trop des enfants
(ma classe étant à l'étage et l'E.PS. dans la cour). Cela s'est passé
une autre fois où je me suis retrouvé de manière naturelle dans la cour
de maternelle en train de faire de la musique avec 5 gamins et le reste
dans la classe. Après la séance, je me suis dit que je n'arriverai pas à
l'assumer si un inspecteur était dans l'école. Et comme je ne changerai
rien lors de sa visite, j'avais déjà préféré expliquer cette notion de
responsabilité. Du coup, on a fait musique près de la classe mais ça a
gêné les CMs qui l'ont dit en Grand Conseil ; du coup, je me retrouve un
peu loin de la classe (dans une autre salle) mais moins loin que si
j'étais dans la cour de maternelle (compromis).
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