Questions de février

Influences sur la structure

Structure. Importance

 

Structure moins carrée.... et plus complexe

Philippe RUELEN

Aujourd'hui, les enfants m'ont donné des réponses à certaines de mes interrogations.

11h : des enfants vont présenter un livre

J'avais au préalable écrit en haut du tableau "Lire en se faisant comprendre", et avant que Julien ne commence sa présentation, je propose : "Que pensez-vous de créer un autre brevet pour notre Arbre (je précise <pour notre Arbre> pour qu'il ne l'assimile pas à un brevet institutionnel) : Lire en se faisant comprendre ?". Murmure d'approbation mais aussi de désaprobation ... et Rémi dit d'un ton naturel : "C'est ce matin, au quoi de neuf qu'il fallait en parler" .. Maxime ajoute : "ou lundi au conseil". J'entends "on voterait ?" "ouaih, mais si <un> n'est pas d'accord" Je lui réponds "ça serait peut-être suffiant si j'arrive à comprendre en étant au fond de la classe " mais tout ça s'est passé très vite, en moins de 30 secondes. Même si Angélique a essayé de résumer ensuite la proposition "Celui qui lit aurait le brevet si les autres le comprennent ?" - je lui hoche la tête rapidement - le moment a l'air manifestement très mal choisi. J'ai à peine le temps d'ajouter que j'écrirai cette proposition à l'ordre du jour du conseil que la présentation de livre commence.

Tout cela s'est passé très rapidement et dans une très bonne ambiance ; je veux dire par là qu'on pourrait peut-être penser en lisant ces mots une possible insolence des enfants ; mais ce n'était pas du tout ça.

J'ai éprouvé au contraire un immense plaisir, car les rapports avaient été profondément vrais et sincères.

Analyse à chaud

D'un coté, je me suis satisfait de cette "prise de pouvoir" des enfants sur le fonctionnement de la classe ; je voulais en effet perturber quelque peu le moment de présentation de livre par un petit échange mais ils ne voulaient pas en me rappelant qu'il y avait plein de moments dans la classe pour ça (quoi de neuf et conseil notamment) pour ne pas venir déranger ce moment.

D'un autre côté, je me suis dit que la structure que j'avais mise en place depuis le début de l'année fonctionnait certes, mais qu'elle était malgré tout un peu trop "carré". Je me prenais mon côté cartésien en pleine tête !

Les enfants s'étant appropriés le fonctionnement de la structure que j'avais voulu très cartésienne (tout en étant libératoire d'une structure traditionnelle), il est maintenant temps, il me semble, de proposer des éléments plus souple basé sur davantage de confiance et de responsabilité encore.

Un autre moment dans la journée

Par ailleurs, lors du moment instutionnalisé "projets personnels, échanges de savoir, préparation et passage de brevets de l'Arbre etc", j'ai demandé à Charles s'il voulait mettre en place un brevet puisque son atelier d'échange de savoir sur le réglage d'un microscope avait bien fonctionné. Il me répondit qu'il n'avait pas très envie, mais j'ai senti que c'était le formalisme que j'avais instauré dans l'élaboration d'un brevet qui l'ennuyait (tout comme il avait manifesté son désaccord de remplir précisément la fiche de description de son atelier d'échange de savoir pendant la semaine, et ne voulait pas utilisé pour son atelier une fiche sur le microscope que j'avais finalement trouvé après pas mal de recherche !). Il fut ravi lorsque je lui disais que je m'occupais de la fiche d'élaboration du brevet (du coup, je vais considérablement la simplifier en la réduisant à un simple titre, puisque finalement tout le monde sait ce qu'il faut faire pour l'obtenir !)

Evolution de la structure ?

J'ai compris alors qu'il était urgent de dé-formaliser ce que j'avais mis en place (élaboration de fiche descriptive de l'atelier d'échange de savoir et de la fiche descriptive du brevet correspondant). A l'origine, cela avait d'ailleurs été voulu pour contenir toutes les initiatives possibles des enfants !

Le matin, ayant constaté que la structure n'était pas assez souple, et l'après-midi, qu'il fallait rendre plus simple la définition et la validation des brevets, et ayant également en tête vos réponses, j'ai montré, dès que se présentaient des exemples, un fonctionnement possible de notre Arbre : Jérémy qui fait une BD a besoin de savoir faire des rectangles, tout comme Maxime qui se lance dans la réalisation d'un terrain de rugby avec une échelle définie. J'en profite pour dire à tous : "Jérémy apprend à faire les rectangles, il obtient donc le brevet .... Maxime pourra ensuite se faire expliquer par Jérémy qui a le brevet - donc le savoir faire-"

Jérémie a galéré avec moi pour tracer des lignes sur un grand carton de manière à écrire droit. Je vois ensuite Olivier qui fait un exposé sur les dinosaures, et qui n'a pas écrit droit. J'en profite juste avant de sortir en récréation : "Jérémie sait maintenant tracer des lignes droites, on peut créer ce brevet qu'il aura donc .... Si un jour, quelqu'un d'entre vous a besoin de faire des lignes droites pour un exposé par exemple comme Olivier par exemple, il peut consulter les brevets de l'arbre pour savoir si quelqu'un sait faire .... comme il voit que Jérémie a le brevet, il peut alors lui demander de l'aider ..."

J'ai cru voir quelques lueurs dans les yeux de certains, ce qui me fait dire qu'il me semble qu'aujourd'hui, j'ai posé, grâce aux enfants, quelques fondements pour l'élaboration de nouveaux brevets basés davantage sur la confiance.

Du coup, les interrogations précédentes s'effacent à priori de mon esprit. J'ai déjà ajouté après la classe une feuille correspondant au brevet correspondant "au traçage de ligne" alors qu'il n'y a eu ni définition (si ce n'est un titre), ni critère, ni validation.

Moins rigide, le fonctionnement autorise plus facilement la mise en place de nouveaux brevets dans toute situation ou activité, brevets qui finalement se banalisent et de ce fait affichent un caractère moins évaluatif et au contraire plus formateur.

Merci à vous et surtout .... aux enfants.

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Catherine CHABRUN

Pour l'instant, un plage horaire les lundi après-midi pour les échanges de savoirs, le samedi matin et pendant l'EPS.

Pour nos ateliers d'échanges de savoirs, j'ai mis à la disposition des enfants une plage horaire : tous les lundis après-midi après la récréation (moment trouvé ensemble en réunion --> nous ne sortons pas cet après-midi là : EPS, pas d'intervenant musique non plus). Ce moment est préparé par les responsables des ateliers : disposition des tables, préparation du matériel, fiches si besoin. Je suis la personne disponible avant et pendant bien sûr. C'est une règle : tout atelier doit être préparé - c'est aussi un respect de l'autre.) Je crois aussi que c'est la garantie de quelque chose d'authentique.

Il y a aussi le samedi matin (lorsqu'il y a école, c'est très irrégulier) avec un papa : echec Le papa initie les débutants groupe de 6 Les plus forts jouent avec les moyens avec comme objectifs de les faire progresser puis au milieu de l'activité les moyens s'entraînent entre eux et les forts entre eux.

Plus tard dans l'année, les débutants seront pris en charge par les enfants ce qui permettra aux plus forts de s'entraîner avec le papa aussi...

Moi pendant ce temps je suis avec ceux qui ne veulent pas jouer aux échecs. Deux ateliers : Valérie apprend la Belote et moi j'aide au scrabble.

Et puis en EPS le mardi après midi sur une plage de 35 à 40 min nous avons trois ateliers dont deux (en alternance) sont gérés par les enfants : GRS - > spectacle fin d'année - Danse rollers --> spectacle prévu aussi et Hockey en rollers avec moi et l'aide-éducateur (qui est le détenteur du savoir, mais je progresse...).

Lorsque Florent a proposé les divisions je lui avais justement demandé s'il ne voulait pas mettre son atelier pendant le travail personnel du matin, mais pour le moment il fait son atelier le lundi après-midi.

Pour Daphnée, son savoir étant remis en cause lors du bilan, nous lui avions demandé de bien préparer son travail. Elle n'a pas refusé, mais quand on a fait le point des ateliers du Lundi ( il y a toujours du changement entre ceux qui ont fini, ceux qui mettent en route un atelier...) elle a dit qu'elle n'était pas prête et qu'elle avait envie d'apprendre à faire des crocodiles. Le groupe a accepté.

Voilà où nous en sommes. Peut-être certains savoirs échangés glisseront sur d'autres moments, je ne sais pas.

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Heureusement Bernard par sa lecture synthétique de tous les messages aide à voir plus large...

Ce que je sais, c'est que je n'ai pas laissé s'installer les échanges de savoirs dans la classe pour évaluer. C'était pour donner des moments supplémentaires à la non compétition, au refus de l'individualisme, à la reconnaissance de l'autre.

Je me méfie du travail individualisé où l'enfant apprend seul, s'évalue seul, se corrige seul (dans la classe, ils utilisent très peu l'auto-correction, je pense avoir compris pourquoi, mais c'est un autre sujet)...sublimation de l'individu (volonté politique...). C'est pourquoi j'utilise le terme de travail personnel qui n'exclue pas l'échange avec l'autre.

C'est certainement pour ça, que je distancie les moments d'évaluation...des échanges.

Je vais essayer de schématiser l'organisation de la classe. Cela ne va pas être facile ! Mais j'ai encore une semaine de vacances...

Par contre, dans nos derniers échanges, l'affichage des compétences fur et à mesure de leur apparition me parait important. C'est une mise en commun.

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Philippe RUELEN

Comment vas-tu le faire puisque ton organisation (tout comme la mienne d'ailleurs) semble être fonction du temps (1ere organisation : ateliers d'échanges le lundi après-midi après la récréation et certains samedis avec l'Arbre, 2ème organisation : travail personnel/collectif et ateliers et autres par ailleurs) ?

Le Régulateur n'est pas, comme tu le dis, l'évaluation institutionnelle dans la première organisation mais ... peut-être le plaisir ou la reconnaissance de son image pour soi ou pour les autres.

 

Notre stratégie ne consisterait pas plutôt à ce que ce soit la complexité de la structure qui devienne elle-même le Régulateur du groupe dans la structure ?

Le régulateur serait ainsi indépendant du temps : la structure existerait alors bel et bien !

 

En distanciant les moments d'évaluation (au sens de la reconnaissance des compétences)... d'une autre organisation, on créé deux structures cohabitant ensemble ; est-ce une voie pour une stratégie de transformation ? J'en doute, car il faudrait que la première organisation (celle des ateliers d'échanges) prenne le dessus sur l'autre.

Or comme me disait ma collègue d'un ton quelque peu provocateur mais juste :

"Ne serions-nous pas ni plus ni moins qu'en train d'intégrer des activités de colonies de vacances à l'école ?"

En relisant le tout, je m'aperçois que Catherine voulait certainement parler de distancier les moments d'évaluation (au sens institutionnel) des échanges, et que du tout, ma remarque n'est bonne qu'à être mis dans les messages supprimés :-))) (c'est pas toujours facile de se comprendre !)

A mon avis, la stratégie de transformation passe par l'intégration de l'évaluation (au sens de la reconnaissance des compétences) dans la nouvelle organisation.

Bien sûr, il faudra petit à petit faire en sorte que l'évaluation régule de moins en moins (tout en existant cependant via l'Existence de l'Arbre) pour laisser la place à la complexité de l'organisation elle-même comme le Régulateur du fonctionnement.

Cette organisation deviendra Structure lorsqu'elle sera indépendant du temps, donc schématisable (mais on peut peut-être faire plusieurs schémas ! ;-)

Qu'en pensez-vous ? Quel chemin prend-on ?

Du coup, il ne semble pas en avoir plusieurs !!! (bon, je vais me coucher !!!)

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Philippe RUELEN

La problématique qui consiste à se demander comment complexifier lastructure se heurte à une autre problématique qui consiste à se demander comment libérer du temps !

Bernard Collot

A mon avis "comment complexifier la structure", n'est pas forcément la bonne problématique. Je dirais plutôt "Quelle structure peut permettre la complexité". La structure d'un système n'est pas le système. Ce que l'on peut faire apparaître et plus ou moins contrôler, ce sont les grands axes de la structure (architecture). C'est d'ailleurs un peu pour cela que je suggérais une tentative de schématisation. J'ai fait un essai avec les éléments que j'avais dans vos messages (Catherine et toi) . Petit à petit, vous aboutissez tout à fait normalement à une complication de la structure (qui n'est pas une complexification!). Normal puisque la structure doit répondre à plusieurs objectifs. Si bien qu'elle semble découpée

* par des alimentations nettement différentes et séparées :

d'un côté se sont les compétences institutionnelles à acquérir (sans mettre de connotation péjorative), référentiel, elles sont d'une certaine façon de l'ordre de l'abstraction.

de l'autre c'est l'apport des enfants (leurs compétences, leur environnement...), elles sont d'une certaine façon de l'ordre du concret, du vivant.

* par des résultantes apparemment différentes :

d'un côté on aboutit à un CV de compétences qui se retrouvent dans brevets ou autres mode de capitalisation.

de l'autre on aboutit à des réalisations, très certainement significatives de compétences mais non capitalisées.

* par un découpage du temps attribué à l'un ou l'autre des objectifs.

Effectivement, dans cette structure compliquée, le temps est incompressible puisque il est préalablement attribué.

Le problème est peut-être d'arriver peu à peu à ce qu'il y ait d'abord des ponts entre les temps, puis peut-être plus de séparation, la structure sera alors plus simple... et permettra la complexité.

Dans une des structures que j'ai schématisée, ce qu'on appelle "compétences institutionnelles", ne sont que des "compétences de langages" mais qui ne paraissent être acquises que dans des moments institutionnels (moments qui leur sont dévolus).

Philippe RUELEN

Nous avons un élevage de phasmes dans la classe, mais les enfants n'ont pas vraiment le temps de les regarder, de les observer, de les voir vivre ; le peu de temps qu'ils arrivent à récupérer ne leur a pas permis de découvrir un site sur les phasmes que j'ai installé sur un disque dur après l'avoir téléchargé sur Internet de chez moi ; les enfants n'ont pas non plus eu le temps de vraiment découvrir un petit logiciel tout simple que j'ai mis à disposition qui leur permet de faire afficher l'un de leurs écrits après avoir cliqué sur leur "tête" sur une photo de classe préalablement scannérisée.

BC : Si j'avais le schéma de ta structure, on pourrait alors beaucoup mieux voir ce problème de phasmes !

PR : Ma problématique du moment devient donc : Comment libérer du temps ?

BC : Ce n'est pas la bonne problématique, puisque tu ne peux pas libérer de temps !

Je te la change : comment rendre les temps fluctuants ! ou encore : comment inclure un temps dans un autre temps. ou encore : comment changer l'apparence d'une activité, apparemment hors des temps disponibles, pour qu'elle devienne activité inscrite normalement dans un temps attribué. Prends cet exemple des phasmes qui est bigrement intéressant : tu le transforme en activité d'écriture : pendant l'atelier d'écriture, je peux aller observer les phasmes et écrire mes observations ! Si les enfants ont un plan de travail, les phasmes vont se trouver dans les ateliers d'écrits (écrire mes observations sur le phasme... en faisant attention aux pluriels)... et le tour est joué.

PR : Je ne souhaite pas toucher à leur réunion du matin, ni au quoi de neuf, ni aux ateliers d'écrits puisque c'est dans c'est dans ces moments qu'ils sont plus libres (avec bien sûr les moments d'échanges de savoir et projets personnels) ; ni aux ateliers de lecture, ni aux ateliers de math car ils y découvrent l'autonomie : reste bien sûr les moments que j'avais déjà considérablement réduit : le travail sur le fichier de math, et celui concernant les "leçons" de français.

Difficile d'arrêter en cours d'année le fichier de math ! Reste les leçons de français. Le problème, c'est que c'est la partie visible pour les parents de l'iceberg (liée aux brevets institutionnels), c'est peut-être grâce à cette partie visible que je n'ai pas trop de retour négatif de l'extérieur au sujet de mon fonctionnement. Il faut dire que, pour ma deuxième année sur cette "planète", je suis un peu plus vigilent ; je sais combien l'adhésion des parents (ou du moins la non non-adhésion des parents) est importante car elle rejaillit sur l'état d'esprit des enfants.

Que faire donc ? Comment mettre en relief les compétences développés par les enfants à travers les autres activités ? On en a déjà parlé au sujet des projets personnels ; j'ai commençé d'ailleurs aujourd'hui lors de la présentation d'un exposé sur les dinosaures d'Olivier (les enfants ont remarqué qu'Olivier avait bien présenté, car il avait été joyeux - leurterme ! -, qu'il avait su expliqué sans lire, qu'il avait montré les images). Reste, je pense, à le faire également lors de l'élaboration des textes libres (je me souviens de la recherche de Maxime sur les dialogues en début d'année, et de la compétence qu'il avait développé mais qui n'avait pas été reconnu comme telle contrairement à tous les brevets institutionnels que j'ai mis en place à la suite de leçons).

BC : Exemple de possibilité de pont entre les temps : Maxime écrit librement des dialogues. Projet personnel. Si les dialogues sont repris dans le temps "leçons", occasion pour inscrire les compétences développées par Maxime, les mobiliser pour d'autres, les pouser plus loin. Modification du temps "leçon" à cette occasion qui peut même devenir moment d'échanges de savoirs collectif., éttribution de compétences à d'autres.... Avec nouveau problème : cela peut détruire la linéarité des leçons (par exemple le dialogue remplace ou décale la le complkément d'objet). Voire peu à peu modification du temps leçon : il devient alimenté par les projets personnels dans lesquels on repère la possibilité d'asseoir des compétences du référentiel. L'AdC debient aussi outil de liaison entre les temps.

 PR Cela me fait dire que, pour lâcher la bride sur les "leçons", il faut faire pousser notre AdC avec les compétences des activités que l'on souhaite mettre en avant (je comprends maintenant la préférence de Bernard pour écarter l'évaluation institutionnelle - les brevets institutionnels pour moi - de l'AdC).

BC Je vais le dire autrement : institutionnel c'est ce que l'on "doit" faire et rendre visible vis à vis des parents ou de l'institution. Je crois que dans un premier temps, ce n'est pas forcément pertinent de faire jouer ce rôle à l'arbre parce qu'alors il fa valloir le forcer à être conforme à une image lisible et satisfaisante pour les parents (ou tout au moins pour une partie des parents).

Par contre dans la distinction des compétences, je ferai plutôt celle-ci : il y a les compétences issues du référentiel (j'aime mieux cela que programme) et celles issues des projets-activités-productions-être de l'enfant ou du groupe. Là je ne vois pas de raisons majeures pour écarfter les premières.

PR : Ensuite, lorsque l'AdC sera reconnu (par l'extérieur, c'est-à-dire les parents notamment), il sera possible de supprimer les leçons qui ne servent à rien à nos yeux (ça, on le sait déjà) mais aussi aux yeux des parents (puisque l'évaluation - le retour attendu - provient des AdC qui s'appuient eux sur d'autres activités, d'autres pratiques).

En supprimant ces leçons, on aura alors libéré du temps ... et .... on pourra alors revenir à notre première problématique : complexifier la structure pour générer notamment davantage de désir, ... davantage de vie quoi !

Bernard Collot

Le problème de la structure semble toujours théorique. Et pourtant c'est toujours une structure qui permet la mise en oeuvre de principes, voire de pratiques. Même si l'effet est toujours intercatif :pratique-structure, structure-pratique. Cela peut paraître même mécanique (hors principes, affects...), mais c'est pour moi peut-être la partie la plus "professionnelle" de notre métier.

- Provoqué par les événements (et chez Philippe ils se succèdent à grande allure!) et la proposition d'avoir à schématiser, je crois que Philippe a mis le doigt sur un élément capital : LE TEMPS.

Qu'est-ce qui structure autant que régule une grande partie de l'activité de façon générale ? Souvent le couple "référentiel-évaluation". Dans cette situation le propre découpage du référentiel s'insère dans un découpage du temps (math, français....).

Si, au lieu de partir du référentiel, on part de l'activité de l'enfant et de son contexte (environnement personnel et environnement du collectif), ce n'est plus le temps qui structure l'activité, mais l'activité et l'environnement (dans cet environnement on peut inclure l'espace classe, les outils...) qui structurent le temps. Celle-ci étant variable et non prévisible, c'est alors le temps qui s'adapte.

Le problème étant que l'activité de l'enfant débouche sur des compétences dont une partie puisse s'inclure dans le référentiel (celui-ci étant matérialisé... ou non). L'interaction entre les compétences hors référentiel et compétences du référentiels étant possible, même s'il est souvent difficile de la percevoir (voire activités colonie de vacances ou premières réflexions au départ de la liste).

J'ai essayé, à partir des éléments de messages, d'imaginer la schématisation (elle est donc nécessairement fictive, mais c'était pour commencer à me coltiner au problème puisque c'était moi qui l'avait proposé!) d'une de vos classes. Puis à partir de celle-là, une seconde où un arbre de connaissances pourrait être le terrain commun aux deux partie de la structure et de modifier alors légèrement la structuration du temps (dans ce schéma, l'idée est de faire disparaître peu à peu des plages grisées représentant des découpages du temps.

Ces schémas se trouvent sur le site, partie "etat de la recherche -février" "schématisations de la structure",

Et je joins 2 autres schémas, réels eux puisqu'il s'agit de la schématisation de ma classe durant environ les 15 dernières années où le temps ne structure plus au préalable. Avec ces remarques : 1/ ce n'est qu'au fur et à mesure des tâtonnements que j'ai pu constater ce qu'était la structure, et la faire évoluer. 2/ c'était le milieu le plus privilégié qui soit (classe unique) 3/ dans mon approche, j'ai abandonné peu à peu non seulement le référentiel (disons programme), mais même l'idée de construction de compétences et n'ai plus pensé qu'en terme de langages (les compétences n'étant plus alors qu'éléments non-disjoints des langages. Un référentiel lui les découpe.)


Catherine CHABRUN

Finies les vacances. L'idée de faire ressortir les compétences utilisées lors d'activités multiples a germé. Je vais la présenter aux enfants demain.

Pour nous aider, j'ai construit deux outils (un affichage) et une fiche individuelle qui seront mises à l'essai et bien sûr transformés selon les besoins des enfants et leurs avis.

Il faut bien démarrer...

Les compétences ainsi affichées pourront être transmises. Ce qui permettra à chacun de s'enrichir et à son tour réinvestir cette nouvelle compétence dans une réalisation et ainsi la posséder et donc pouvoir la transmettre aussi...etc.

J'imagine donc un vaste réservoir de savoirs à partager, à échanger : notre arbre de connaissances. Les ateliers d'échanges de savoirs du lundi pourront aussi être alimentés par cet arbre, et réciproquement les compétences dégagées lors de ces ateliers pourront y trouver leur place. En fait cet atelier deviendrait une partie de l'arbre qui a besoin d'un espace et d'un matériel particulier ?

Là je suis dans l'imaginaire, il faut voir et laisser vivre.

Quel métier, plus on avance, plus on se questionne, plus on remet en cause. Rien n'est figé. J'aime !

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Christian LAFFELY :Alors là, tu m'as donné l'eau à la bouche. Serait-il possible d'avoir copie de tes 2 outils . Si j'ai bien compris tu notes les savoirs des nfants ( leurs blasons qui vont faire l'arbre des connaissances ) dans lesquelles ils iront puiser pour s'enrichir ( sans s'appauvrir ).

Je me réjouis de voir et de t'entendre sur leur désir d'apprendre de nouvelles connaissances et sur ta manière d'organiser ta classe pour ces moments d'échange. Est-ce qu'ils le font lorsqu'ils le désirent et au rythme qui leur convient ou bien seulement les lundis et vendredis( je n'ai pas très bien compris).

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Catherine CHABRUN

C'est grâce à tous nos échanges que je propose ce fonctionnement aux enfants.

Je ne sais pas encore comment cela va se réguler. Pour le moment, c'est à la réunion du vendredi que les enfants proposent leurs savoirs pour les ateliers du lundi. Lorsque leur proposition est acceptée, ils se chargent de la préparation et de l'organisation de leur atelier.

Mais si l'affichage des compétences joue le rôle que j'imagine, les mutualisations des savoirs vont prendre de l'ampleur et l'organisation devra suivre. Je pense que les moments de travail personnel vont encore plus se personnaliser...

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Christian LAFFELY

On a eu notre rentrée des classes lundi passé.J'en ai profité pour repartir un peu différemment et essayer de discuter avec les jeunes de l'organisation de la classe. Horaire? pas d'horaires? Les avis étaient partagés. Pour les uns l'horaire les aidait, ils avaient envie d'avoir un horaire pour un long terme ( faire telle ou telle chose àtel ou tel moment définit par avance pour plusieurs semaines); pour les autres, l'horaire était facteur de stress et de non-travail. Ils préféraient discuter chaque matin de l'organisation du temps de la classe et des matières qu'ils désiraient travailler.

Chaque lundi, nous faisons un programme individuel des notions, matières projets que chaque jeune désire faire durant la semaine. Ces programmes sont individuels ou en groupes librement choisis et permettent en fin de semaine une co-évaluation sur le travail réalisé.

Chaque jour, après un moment d'échange "Quoi de neuf" animé par le président de la coopérative, nous élaborons le programme et les ateliers ( utilisation des 3 ordinateurs, projets... ).

Ce qui est intéressant et qui m'interoge par rapport aux arbres de connaissances, c'est la manière de faire resortir ces connaissances pour les faire figurer dans les arbres. Les jeunes n'ont pas toujours la vision de ce qu'ils font, ou alors en ont une vision déformée. L'enseignant également. Il a des attentes extérieures, comme les jeunes d'ailleurs ( les parents, par ex. ).

J'illustre mon propos : Roberto n'aime que les activités qui passent par le manuel, le dessin. Il ne supporte pas du tout tout ce qui est scolaire. Il commence donc la matinée par faire des maquettes avec un autre camarade. Puis il dessine, fait une construction avec une sorte de grand Mécano. Il a donc préparé un brevet de dessin, mais ne passe aucun autre brevet de ses camarades ( trop difficiles pour lui ? ). Comment continuer à réalimenter son plaisir? Va-t-il se lasser dans sa démarche qui peut paraître très minimaliste pour ses camarades, ses parents?

Une autre élève, Fartun, ne désire faire que des apprentissages scolaires, très normatifs et ne dépose aucun brevet pour le moment. Elle ne veut que travailler seule et ne supporte que l'aide de l'adulte. Par contre et cela est vraiment très étonnant, elle a réalisé un arbre-dessin de ses connaissances en n'utilisant que le dessin ( une machine à coudre, un fer à repasser, ...).

2 élèves, 2 fonctionnements et 2 visions antagonistes de leurs fonctionnements. 

autre mess de l'auteur

Philippe Ruelen

En essayant de faire le schéma de ma classe, et en "analysant" les derniers ateliers échanges de savoir dans la classe, j'ai décidé de changer quelque peu le fonctionnement de ces ateliers afin d'améliorer l'organisation.

Objectifs des changements :

rendre plus facile l'accès en "déformalisant" la procédure responsabiliser davantage les animateurs des ateliers rendre visible les inscriptions des passages des brevets pour une meilleure organisation

Pour pouvoir "déformaliser" la procédure tout en responsabilisant les animateurs des ateliers, il faut un moment de bilan, un moment où on revient sur ces activités : ce sera évidement une réunion, en l'occurence le conseil du lundi matin. Les ateliers d'échanges de savoir se faisant le vendredi, le retour reste proche tout en étant différé.

Au conseil, nous ferons le point sur les ateliers d'échanges de savoir qui se sont déroulés le vendredi précédent ; pour savoir s'il s'est bien passé, si les participants ont effectivement appris quelque chose, etc. Si oui, l'atelier pourra être reconduit tel quel et un brevet pourra alors exister (si un ou plusieurs participants se sont inscrits), sinon, il sera abandonné à moins que l'animateur propose une ou plusieurs améliorations (précision, ajout ou modification).

Les propositions et les demandes d'échange de savoir sont formulées pendant le quoi de neuf. Chaque proposition est inscrite sur la feuille pour faire parti des ateliers d'échange de savoir de la semaine, ainsi que le nom de l'animateur (aucun contrôle de la proposition ne sera effectué ; la régulation se faisant par le retour du conseil du lundi suivant). Les enfants désirant participer à l'atelier peuvent s'inscrire à tout moment dans la semaine. La semaine suivante, on recommence avec une nouvelle feuille d'inscription. Ainsi, un animateur pourra être remplacé (et ce sera visible) ou arrêter momentanément un atelier.

A la suite de l'atelier, un participant désireux de passer le brevet associé la semaine prochaine pourra l'indiquer en mettant une croix dans la case à coté de son nom sur cette même feuille.

Je joins au fichier RTF le document d'inscriptions à ces ateliers d'échanges (première ligne : titre, deuxième ligne ; nom de l'animateur ; 3eme ligne : nom des participants et inscriptions pour un passage de brevet)

Une affiche, permanente celle-la, recensera les demandes d'échange de savoirs, demandes qui seront rayés de l'affiche lorsqu'elles auront été satisfaites.

L'avantage, c'est que cela puisse être géré par les enfants notamment pendant le quoi de neuf quotidien et le conseil du lundi (fonctionnement plus souple pour moi !)

Cela peut également évoluer vers une auto-gestion complète (pendant LEUR réunion du matin, qui précède le quoi de neuf qui est avec moi).

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