Les devoirs

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 La législation sur les devoirs à la maison

L'attention portée par le législateur au problème des devoirs à la maison est ancienne. Dès novembre 1912, l'inspecteur d'académie de la Haute-Marne (M. Blanguernon) à travers une circulaire a décidé de " supprimer absolument les devoirs écrits dans la famille ".

Il évoquait trois raisons :

Au niveau national, un texte paru en 1938 dans le Bulletin Officiel qui commente deux arrêtés de réorganisation de l'enseignement primaire après le prolongement de la scolarité obligatoire, met en relation fatigue de l'enfant et devoirs à la maison en ces termes: " On a depuis longtemps dénoncé les méfaits des travaux successifs imposés à l'enfant en dehors des heures de classe. Il ne servirait à rien de prendre des précautions contre le surmenage scolaire, si l'on devait accabler les élèves sous le poids de travaux supplémentaires qu'ils accomplissent souvent dans des conditions matérielles les plus fâcheuses…".

Par la suite, des décisions très fermes sont prises qui interdissent le travail écrit à la maison. Après l'arrêté du 23 novembre 1956, qui aménage les horaires des cours élémentaires et moyens des écoles primaires de façon à dégager cinq heures par semaine pour la rédaction des devoirs, une circulaire, qui est promulguée le 29 décembre 1956, ne laisse pas d'ambiguïté sur la nature de la décision : " aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif, ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif et les inspecteurs départementaux de l'enseignement du premier degré sont invités à veiller à son application stricte. Ces devoirs, qu'on ne fera plus hors de la classe, c'est pendant la classe qu'ils seront faits… Libérés des devoirs du soir, les enfants de 7 à 11 ans pourront consacrer plus aisément le temps nécessaire à l'étude des leçons ".

Il est visible que l'application de la circulaire ne satisfait pas le législateur puisqu'il en rappelle l'essence par circulaire le 28 janvier 1958, puis en 1962 (circulaire du 14 mai 1962). A chaque fois y est rappelé le caractère impératif des prescriptions de la circulaire initiale. Par une circulaire du 17 décembre 1964, le législateur précise les termes de cette interdiction : une manière " légale " de la détourner est en effet d'affirmer qu'on ne donne pas des devoirs mais des exercices écrits… Il est alors fait mention de l'interdiction formelle de donner des " écrits à exécuter hors de la classe ". Et le législateur précise que cette interdiction s'applique à l'ensemble de l'école primaire (y compris au cours préparatoire où " le silence des textes y a encouragé la pratique des devoirs à la maison qui venaient précisément d'être supprimés dans les classes supérieures ". Par circulaires du 28 janvier 1971, du 25 février 1986 et du 1 mars 1990, cette interdiction est très clairement rappelée.

Ces circulaires sont abrogées le 6 septembre 1994 lors de la mise en place des études dirigées. Ces études dirigées d'une durée quotidienne de trente minutes ont pour but de "renforcer les activités d'enseignement de favoriser l'apprentissage du travail personnel et de contribuer à apporter à chaque élève l'aide personnalisée dont il a besoin, permettant ainsi de prévenir les risques d'échec et de réduire les difficultés provenant des inégalités des situations familiales. Les maîtres aident les élèves à intégrer diverses méthodes et à les utiliser à bon escient. Elles permettent en outre d'apprécier les acquis des élèves, de vérifier leurs capacités d'attention, de mémorisation, d'organisation et de réflexion". Cette circulaire précise clairement comme les précédentes l'interdiction des devoirs à la maison en ces termes : " Dans ces conditions, les élèves n'ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire. À la sortie de l'école, le travail donné par les maîtres aux élèves se limite à un travail oral ou des leçons à apprendre".

Par arrêté du 25 janvier 2002, promulguant les horaires et les programmes de l'école primaire à partir de la rentrée 2002, les études dirigées n'apparaissent plus dans les horaires mais ce n'est pas une suppression au contraire : " La suppression d'un horaire spécifique accordé aux études dirigées ne signifie pas la disparition de celles-ci, mais une autonomie supplémentaire laissée aux maîtres pour utiliser cette pratique en fonction des besoins particuliers d'une classe tout au long de l'année ou pendant une période déterminée. Cette souplesse permet à l'équipe de cycle d'ajuster les enseignements au plus près des besoins et aux maîtres d'adopter à chaque étape le rythme qui leur convient. Il peut arriver d'ailleurs que le conseil de cycle décide d'accorder à telle activité une importance plus grande, en fonction d'une actualité ou de tout autre motif ".

En bref aujourd'hui, les devoirs à la maison (et toutes formes de travail écrit) sont strictement interdits. Le maître peut donner des travaux oraux et des leçons à apprendre.

A noter qu'aucune circulaire ne demande qu'un travail soit prescrit (!) aux élèves après la journée de classe.

Il ne pourrait être question du travail de maison sans évoquer la législation sur les parents, la famille (les instructions officielles utilisent plus souvent le concept parents que le concept famille). Une circulaire du 9 septembre 1986, dans son préambule, rappelle l'importance des rapports avec les familles et institutionnalise le partenariat : " La qualité de l'accueil offert aux parents d'élèves, l'information qui leur est due, leur participation à la vie des écoles sont des facteurs très importants pour la réussite de la modernisation du système éducatif et pour l'établissement d'une meilleure compréhension entre l'école et ses usagers. Les associations de parents d'élèves jouent à cet égard un rôle primordial. Il convient de les aider à remplir leur mission de partenaire de la communauté scolaire ". D'autre part, la loi d'orientation sur l'éducation du 10 juillet 1989 précise les finalités de l'école et affirme la place primordiale des parents dans la communauté éducative. Plus récemment d'autres textes les complètent : campagne nationale sur le nouveau partenariat (1998), six priorités pour favoriser le partenariat école-famille (1999), circulaire interministérielle du 22 juin 2000 relative au contrat local d'accompagnement à la scolarité, charte nationale de l'accompagnement à la scolarité 2001, guide de l'accompagnement à la scolarité (fiches pratiques - 2001).

 Alors ! Que dire aux parents ?

Article de Michel Barrios, instituteur puis professeur des écoles, qui ne fait pas dans le juste-milieu et qui a donc décidé d'imposer sa manière de voir aux parents. Ce n'est pas la stratégie que j'encourage (cf plus bas), mais ce message a l'avantage d'apporter des réponses claires à des questions récurrentes.

L'enseignant qui donne du travail scolaire écrit le soir après la classe - et les parents qui en demandent- sont dans l'erreur. Cette affirmation s'appuie sur 2 séries d'arguments, les uns légaux, les autres pédagogiques.

1 - LA LOI

Trop ignorée, elle interdit les devoirs écrits à la maison (et en étude) depuis 45 ANS. L'arrêté ministériel du 23/11/56, complété par la circulaire du 29/12/56, supprime les devoirs écrits de façon catégorique: "... Pour l'ensemble des élèves de l'école élémentaire (...) aucun devoir écrit, soit obligatoire, soit facultatif." L'interdiction est confirmée par une 3° circulaire du 28/01/71. Aucune abrogation n'a été décidée à ce jour. Les devoirs écrits à la maison sont toujours interdits. Et les instituteurs(trices) qui font autrement sont hors-la-loi. HORS-LA-LOI !

2 - LA PEDAGOGIE

26° congrès des pédiatres de langue française: "... un enfant de 6 ans ne devrait pas consacrer plus de 2 à 3 h par jour au travail scolaire. Un enfant de 10 ans, pas plus de 4 à 5 h..." ( docteur Vermeil, cité dans la revue "Parents") Les recherches récentes dans le domaine de la physiologie et de la psychologie de l'enfant appuient leurs conclusions sur le seuil de fatigabilité infantile. Un enfant qui a effectué une journée de travail à l'école a "rempli son contrat". Tout comme un adulte, d'ailleurs, qui ne ramène pas en général du travail à faire à la maison. (Sonder les parents présents, surtout les pro-devoirs, sur leur propre cas...). A une époque où notre société occidentale cherche à réduire le temps de travail, cette demande de certains parents paraît pour le moins anachronique. Sauf à considérer qu'on ne fait pas du vrai travail à l'école...

(Il arrive de rencontrer des gens qui luttent à la fois pour la réduction de leur propre travail à 35 h, et qui demandent un surplus de travail à leurs enfants, sous forme de devoirs...)

Il est un argument auquel j'ai mis très longtemps à répondre: les instituteurs qui donnent des devoirs écrits à la maison sont les instits les plus sérieux, les plus travailleurs, les plus attentifs aux progrès des enfants, puisqu'ils débordent MEME du cadre de la classe. Ils en gardent toujours une aura pédagogique, qui m'a souvent classé dans les je-m'en-foutiste parce que je n'en donnais pas. Ca dure encore aujourd'hui.

La réplique était si simple qu'il m'a fallu beaucoup d'années pour la trouver. En fait, les instits donneurs de devoirs ne sont pas des exemples, mais des branleurs! Que font-ils donc en classe, pendant 6 heures, pour qu'il en reste à faire le soir ? En retournant l'évidence, c'est pas moi le feignasse, c'est ceux qui débordent sur le temps des enfants! Ils n'en font pas assez en classe, puisqu'ils rajoutent 1 h aux 6h légales !

Et la logique marche auprès de mes parents, la tendance s'inverse peu à peu (sauf auprès des inconvaincables, bien sûr...)

Mais il faut répondre à des tas de questions parentales, alors je continue sur ma lancée:

Pédagogiquement, les devoirs écrits sont INUTILES.

  1. Ils ne consolident pas les acquisitions.Ce sont la plupart du temps des exercices de contrôle d'acquisition qui ne servent à rien, sinon à aggraver l'état d'échec pour certains enfants.
  2. Ils ne fixent pas les apprentissages.
  3. Les travaux d'application qui aident à cette fixation se font en classe, dans le contexte normal groupe-maître-enfant.

Pédagogiquement, les devoirs écrits sont NOCIFS.

  1. Ils augmentent la somme de travail à faire en classe. Les devoirs du soir sont à corriger le lendemain. (A moins de ne pas corriger, mais là...) Ce temps pourrait être consacré à de nouveaux apprentissages, ou à l'approfondissement...
  2. Ils créent l'instabilité. L'enfant sait ou ne sait pas faire ses devoirs. S'il sait, à quoi sert d'en remettre une louche, puisqu'il a déjà compris? S'il ne sait pas, c'est que l'apprentissage est imparfait. Et les apprentissages, c'est l'affaire de l'école. Maintes fois entendu de parents qui veulent bien faire: "Mon enfant me dit souvent on ne fait pas comme ça à l'école, le maître n'a pas dit ça..." Evidemment, apprendre par exemple la mécanique des opérations avant leur sens n'est pas recommandé.
  3. Ils participent à la ségrégation sociale. Les conditions de travail à la maison sont différentes pour chaque enfant, contrairement à ce qui se passe à l'école. A conditions inégales, chances inégales...

MAIS ALORS, POURQUOI DONNE-T-ON ENCORE DES DEVOIRS ECRITS ??

  1. Il faut habituer les élèves aux devoirs du collège.
    Réponse : Les professeurs de collège qui donnent des devoirs ont tort, pour les mêmes raisons que leurs collègues du primaire. Doit-on s'aligner sur des archaïsmes, sous prétexte qu'ils sont encore en vogue à l'étage au-dessus?
  2. Les parents demandent des devoirs.
    Réponse : La pédagogie est un métier. Et les parents ne peuvent décider seuls de ce qui est pédagogiquement judicieux ou pas.
  3. Les devoirs consolident, "enfoncent le clou".
    Réponse : On n'enfonce pas mieux un clou en multipliant les coups de marteau, mais en frappant à bon escient, avec un outil correctement utilisé.
  4. Les parents sont ainsi au courant du travail de leur enfant.
    Réponse : L'enfant ne doit pas faire les frais de la communication école-maison. Il y a d'autres moyens pour faire passer l'information.
  5. Avec les devoirs, les parents participent à l'éducation de leur enfant.
    Réponse : Il ne faut pas tout mélanger. Ne s'improvise pas pédagogue qui veut, et la bonne volonté ne suffit pas toujours. Les parents ont par ailleurs un chemin éducatif primordial et irremplaçable à faire avec leurs enfants. Chemin qui ne passe pas nécessairement par les devoirs écrits du soir.
  6. Les parents faisaient eux-mêmes des devoirs, autrefois, et conçoivent mal qu'il n'y en ait plus.
    Réponse : Conçoivent-ils que l'industrie n'en soit pas restée au charroi, ou l'agriculture à la charrue brabant?
  7. La plupart des collègues en donnent, alors on en donne aussi.
    Réponse : Si l'on a pour objectif de développer l'esprit critique chez les enfants, il faut veiller à le cultiver pour soi-même.
  8. On en donne, mais facultatifs.
    Réponse : Démarche incohérente, car on veut faire plaisir à tout le monde (parents, collègues, institution...). Injustice puisque le temps d'enseignement sera dosé différemment selon que l'enfant a fait ses devoirs ou pas. Inefficacité puisque tous n'auront pas fait. Ségrégation sociale puisque les conditions familiales déterminent le travail à la maison.
  9. J'ai entendu des collègues dire: "Mais il prend des fiches de lui-même, par plaisir, pour les faire à la maison!" Et moi je me dis: Où se cache le lobby? De quelle sorte est la pression?...
  10. Les enfants apprennent ainsi à organiser leur travail.
    Réponse : L'organisation du travail est un apprentissage à part entière, qui se fait à l'école comme les autres. Les devoirs écrits ne sont pas une méthodologie du travail, mais du travail en plus.

 Parents : Le lien école-maison est fondamental

Le lien école-maison est fondamental. C'est pourquoi j'insiste sur l'importance d'accompagner les enfants dans ce qu'ils font à l'école, et l'inverse bien entendu. Un enfant qui se lance dans un projet à la maison doit pouvoir le continuer à l'école et inversement.

Il est important que les parents s'intéressent à ce que fait l'enfant à l'école sans jugement, qu'ils l'accompagnent dans la réalisation de ses projets. J'encourage les enfants à faire un lien avec l’école. Je les encourage à lire tous les jours à la maison par envie. Ils peuvent bien entendu à tout moment emprunter un livre de la bilibothèque de l'école.

Vous, parents, vous pouvez l'accompagner :

Comment ?

Des exemples vécus et concrêts :

Parents, ne doutez pas de votre capacité à trouver d'autres idées qui incitent vos enfants à apprendre, entreprendre, chercher....

Voici un lien vers une page qui liste 26 idées pour remplacer les devoirs.

Article de Marc :

Si tout enseignant a l'obligation de ne pas donner de devoir à la maison, l'enseignant freinet à des démarches pédagogiques qui l'engage non seulement à ne pas donner de devoirs à la maison mais, de plus, à transformer les traditionnels devoirs de l'école en besoins pour l'enfant : le besoin d'apprendre, le besoin de grandir, le besoin de communiquer avec les autres.

Si c'est tout naturellement que nous accueillons les enfants le matin avec tout ce qu'ils nous ramènent de chez eux (comme trésors et galères!), il est tout aussi naturel qu'ils repartent chez eux le soir avec du "travail" librement choisi.

Peut-on appeler cela un devoir, et bien non! Sur cette liste, on ne peut pas faire cet amalgame entre les devoirs qui émanent de l'institution (d'une contre institution puisque l'institution les interdit!) et le travail que s'impose l'enfant parce qu'il a pris conscience de son utilité immédiate (il ne veut pas ou ne peut pas le reporter au lendemain parce qu'il est plus lent et qu'il en a conscience, parce qu'il est rapide mais veut présenter un travail "parfait" à la classe le lendemain, parce qu'il s'est lancé le défi de faire ...).

 Profs : Comment ménager la chèvre et le chou ?

David Faveeuw, professeur des écoles terminait l'un de ses messages postés sur la liste "Pratiques" ainsi :

"D'ailleurs, si les enfants ont l'obligation de remplir ce tableau chaque jour (2 min), l'outil est utilisé de façon très variée par les familles : jamais (le tableau et les affaires d'école restent en classe), quotidiennement, une ou deux fois par semaine... ce sont les familles qui ont la main."

L'idée est effectivement de PERMETTRE tous les cas de figure, pour répondre à la fois aux besoins et aux envies de toutes les familles. On ne peut pas avancer en écartant les parents.

Malheureusement, ce n'est pas la garantie de ne pas être embêté par certaines familles à qui on demande là de manière indirecte, comme aux enfants en classe de prendre une part dans la responsabilité éducative pour une co-éducation. Il n'est pas évident de parvenir à emmener toutes les consciences vers cette co-éducation, notamment ceux qui veulent reproduire les schémas dépassés en se reposant par exemple sur un autoritarisme attendu du professeur.

L'une des idées évoquée sur la liste "Pratiques" est de mettre en place des rituels réalisables à la maison ou en classe. Les enfants peuvent les faire pendant leur temps de travail personnel en classe ou à la maison, choix à définir en réunion avec chaque enfant ET ses parents.

Personnellement, je commençais déjà par essayer de ne pas utiliser le terme "Devoirs". Je le remplaçais par "A la maison" ou "Lien avec l'école".
J'indiquais des possibles (et non des obligations) et surtout, je donnais le lien ci-dessous vers le guide qui évoque le sujet mais dans lequel j'en profite pour faire passer d'autres infos ... :

 L’ONU appelle à l’interdiction des devoirs dans le monde entier !

Article paru sur sphere.emotion.fr

L’humanité a passé des centaines d’années à s’instruire et à apprendre de nouvelles choses, afin de parvenir à une meilleure cohabitation et de faciliter énormément l’existence de chacun. Toutefois, s’il y a une chose qui suscite plus de questions que de réponses, ce sont bien les devoirs scolaires. À ce jour, il n’existe aucune raison qui justifie l’obligation des devoirs après l’école.

Par chance, après la stigmatisation de millions d’élèves pour ne pas avoir fait leurs devoirs, la réponse est enfin tombée et voici en quoi elle consiste.

Récemment, Harris Cooper, un honorable professeur de l’université de Duke, a déclaré : « Nous n’avons pas obtenu la preuve que les devoirs permettent aux enfants d’être meilleurs élèves ».

En voici l’explication :

Depuis 1989, plusieurs études ont démontré que les élèves comprennent bien mieux le travail qu’ils effectuent en classe. De plus, les devoirs et les exercices qu’on leur donne à faire chez eux les privent d’un temps précieux qu’ils pourraient consacrer à d’autres activités, aussi importantes pour leur développement.

De même, le professeur Etta Kralovec, de l’université d’Arizona, confirme les résultats de cette même enquête : « Les devoirs que les professeurs donnent parfois à leurs élèves ne leur apportent, en réalité, aucun bénéfice ».

À ce jour, diverses expériences ont eu lieu. Par exemple, les élèves qui consacrent une heure par jour aux devoirs ont de meilleurs résultats que ceux qui y consacrent quatre heures. Ce qui veut dire que ces derniers perdent pratiquement trois heures par jour, dont ils pourraient profiter pour pratiquer d’autres activités.

D’autres spécialistes affirment que les devoirs influent sur l’humeur des élèves, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants, car étudier doit être perçu comme une activité agréable, et apprendre de nouvelles choses doit susciter l’intérêt. Au lieu de cela, les devoirs scolaires malmènent l’enfant et le conditionnent à refuser d’aller à l’école, d’où l’aversion pour l’étude qui en résulte.

Dès la maternelle, les enfants ont conscience qu’il leur reste de nombreuses années d’école, durant lesquelles il leur faudra faire de gros efforts, et qui les pousseront à rejeter toute connaissance.

Autre raison pour laquelle les devoirs doivent disparaître immédiatement de tous les systèmes éducatifs : ils favorisent la dépendance et la faiblesse des élèves. En effet, les parents ont l’habitude d’aider à faire les devoirs, qu’ils finissent par faire eux-mêmes, pour la plupart. Bien entendu, les enfants ont besoin de l’aide de leurs parents, mais celle-ci finit presque toujours par engendrer des conflits. L’enfant perd ainsi la notion de responsabilité et considère les devoirs comme une punition infligée par les parents.

N’oublions pas le classique : « Si tu n’as pas fait tes devoirs, tu ne pourras pas aller jouer avec les voisins ».

En revanche, lorsque les devoirs scolaires disparaissent, les élèves retrouvent l’enthousiasme des études, la joie d’aller à l’école et d’apprendre chaque jour de nouvelles choses.

Fort heureusement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au travers de ses représentants à l’Organisation des Nations unies, effectue les demandes nécessaires pour que les devoirs scolaires soient éliminés de tous les systèmes éducatifs connus.

L’enquête démontre que l’élève qui cesse de faire ses devoirs chez lui retrouve le goût des études et la joie de vivre.

 3 questions sur les devoirs

Elles ont été posées par Alan Jourdan, professeur des écoles

  1. A quoi sert l'école si l'enfant doit le soir revoir et refaire tout ou partie de ce qu'il était censé effectuer pendant le temps scolaire. Si le travail à la maison est nécessaire, alors rallongeons carrément la journée scolaire d'une heure ou de deux ou de trois et que les enfants mangent par perfusion, jouent par perfusion, rêvent par perfusion, s'ennuient (Ah si l'on prenait vraiment en compte le rôle de l'ennui!, du déseuvrement) par perfusion....dorment par perfusion, et aient des relations affectives détendues et portant sur autre chose que les conflits dus aux devoirs avec leurs parents par perfusion!

  2. Nous adultes ne voudrions en aucune façon que l'on nous impose quoi que ce soit après notre journée de travail, encore moins si c'est pour refaire ce que nous avons fait dans la journée. Alors pourquoi l'imposer aux enfants. Sadisme caché pour assouvir un pouvoir et moyen de calmer certaines névroses liées à la comparaison donc à l'estime de soi et à la peur de l'avenir ?

  3. Quand tiendrons nous (parents mais aussi la majorité des enseignants) compte de ce que nous apprennent les recherches en psychologie de l'enfance, celles concernant la mémoire, la motivation, les manières d'apprendre, ce qu'est apprendre?, les condition favorisant les apprentissages ?

Je suis dépité de voir que la plupart des choix éducatifs, pédagogiques sont actuellement faits sans tenir compte des connaissances que l'on a concernant les enfants qui ne datent pas d'hier et dont Freinet a contribué à faire connaître (mais finalement si peu....)

 Il faut les préparer au collège !

Article de Catherine Chabrun, professeur des écoles

Cette année, je me suis sentis mal à l'aise et colère lorsque les anciens (en 6ème cette année) sont venus me voir. Ils ont énormément de devoirs à la maison, certains ont abandonné des activités sportives ou artistiques...et tout ça pour des exercices !

Quelle transition ! Quel respect de l'enfant ! Dans les CM1 et CM2 de l'école, les instits y trouvent leur justification.

"Il faut les préparer à la sixième !", alors je vois bientôt les CE1 faire la même chose "Il faut les préparer au cycle 3"...etc.

Sans parler de pédagogie Freinet ou pas, si les instits ou profs au lieu de faire copier des règles ou des leçons pendant leurs heures de français ou de maths ou ..., mettaient les enfants en situations de recherches, d'entraînements ils n'auraient pas besoin du soir pour qu'ils le fassent.

Le soir pourrait servir à des travaux ou occupations plus personnels. Mais ce qui est inquiétant donc c'est cette tendance à la "collégisation" du cycle 3. Les instits s'y jettent avec comme motif l'adaptation de leurs élèves à la sixième : devoirs à la maison, échanges de services pour les habituer à changer de "tête". Le proviseur de notre collège à la réunion d'info des parents avait répondu aux parents qu'à partir de la sixième cela leur permettrait de voir la vie en couleurs...!!

Tout se morcellise, tout perd son sens. Il n'y a plus de place pour le temps de l'enfant, ni de l'adulte d'ailleurs. Plus de place pour le relationnel...le temps doit être efficace, rentable. Plus de place pour les projets personnels. Chaque heure étant attribuée à une matière avec des maîtres différents, plus de liens, plus de sens. Je le sens déjà fortement alors que j'échange juste pour l'anglais (1h30 par semaine). Que se passe-t-il pour ceux qui échangent encore d'autres matières ?

On voit ainsi des enseignants qui font finir le travail à la maison pour les plus lents. C'est une double peine, pour ces enfants toujours "à la traîne".

 Témoignages

Bonjour,

J'ai lu avec beaucoup intérêt votre site Internet concernant les devoirs écrits à la maison. Ma fille est en CM1 et quasiment tous les soirs elle doit écrire ou recopié plusieurs pages. Elle a classe le mercredi ce qui ne permet pas de coupure et occasionne une fatigue supplémentaire.

Très souvent elle doit rester sur ses devoirs environ 2 h. J'ai par ailleurs d'autres enfants scolarisés donc à m'occuper et je vis seule avec eux. J'ai rencontré la maîtresse de ma fille et le directeur hier.

Ils ont argumenté leur théorie ainsi : il faut les préparer au collège, on a un programme à respecter, il faut les faire travailler pour consolider les acquis, ce sont les parents qui demandent des devoirs (certains auraient déménagé à cause du manque de devoirs )......

Je suis bien entendu la seule à me plaindre et mon désaccord n'est pas justifié ... La maîtresse sanctionne même les enfants qui n'ont pas fait leurs devoirs en les privant de récréation.

Les mentalités ne changeront pas comme cela hélas et le fait de vivre à la campagne n'arrange rien, j'ai vécu 36 ans sur Paris où je suis née et les choses étaient totalement différentes. Travail, autorité, pression, les enfants ne décompressent pas, non pas de coupure avec l'école et ne peuvent se reposer. On demande beaucoup à un jeune enfant qui doit se concentrer, écouter, obéir ...certains adultes ne sont pas capable de fournir un tel effort !!!

Ma fille ne prend pas le temps de goûter car elle veut se "débarrasser" de sa tache. Le directeur semblait ne pas être au courant de la circulaire ministérielle du 6/9/94 et la maîtresse m'a assuré être dans son droit et ne pas faire quoi que ce soit d'illégal . Est-ce exact ?

Dans la négative, que risque l'instituteur ? Peut-il être réprimé, sanctionné ....? Puis-je m'opposé ? Je pense que du fait que très peu de personnes connaissent cette circulaire, le milieu scolaire arrange et module à sa façon. Tout désaccord est pris pour une agression. Il ne ressort rien de positif de cet entretien mis a part que moi seule suis responsable de la réussite scolaire de ma fille et de son instruction. Et que selon ces personnes, ne pas demander de travail à la maison est signe de désintérêt à ce niveau là.

Pour information, j'ai toujours eu les même opinions que vous, mon fils est en Première Scientifique avec une moyenne de 17 et ma fille suit très bien avec une très bonne moyenne aussi. J'ai toujours suivi de très près le travail scolaire de mes enfants et m'y suis toujours intéressé. Je pense les connaître très bien et connaître leurs besoins. Donc je ne suis pas persuadé de l'utilité pédagogique des devoirs écrits à la maison. Par contre de la lecture, des poésies à apprendre, une recherche pratique sur un sujet, je dis oui ...Merci de vos conseils ou aides .

Bien cordialement.

M.Collette.

Bonsoir,

Je suis maman de deux enfants : une fille de 11 ans qui est en 6ème et un garçon de 7 ans qui est en CE2 dans la classe de Philippe Ruelen (a qui vous avez envoyé votre message concernant les devoirs).

Les devoirs !!! Que pouvons-nous en dire, nous les quelques parents qui refusons que nos enfants aient des journées arrassantes ?

Ma fille passe ses journées à l'école et à faire ses devoirs jusqu'à 20h30 minimum. C'est pourtant une très bonne élève mais elle est constamment sous pression : la peur du zéro, de l'heure de colle, de la punition.

Si on rajoute à ça, un cartable d'une moyenne de 7,5 kg à porter toute la journée !!!

Etant déléguée de parents d'élèves, j'ai fait part de ces deux points lors du conseil de classe de ma fille mais chacun renvoie la balle sur une tierce personne et au final : RIEN ne bouge.

Mon fils, lui, n'a pas de devoirs à faire et il aimerait bien pouvoir aller à l'école tous les jours. Dans quelques années, lorsqu'il ira au collège, il commencera à être dégoûté : quel gâchis !!!

Les enseignants qui donnent des devoirs disent "être dans leur droits" mais nous, parents, notre devoir n'est-il pas de refuser ce qui semble aller à l'encontre de l'épanouissement de nos enfants ?

Mardi, j'ai interdit à ma fille de continuer à travailler : il était 22h30 et elle en avait encore pour au moins une heure de travail. J'ai fais un mot au professeur concerné. Le destin a voulu que le prof soit absent ce jour là, il n'a donc pas lu mon mot - heureusement ou malheureusement. Ma fille était malade à l'idée de ce qui allait arriver quand elle donnerait le mot mais quand elle a su que le prof était absent elle a été contente de ne pas avoir travaillé jusqu'à point d'heure.

En me révoltant j'inflige à ma fille un stress énorme. Je ne pense pas utiliser la bonne méthode mais je ne sais pas quoi faire d'autre.

J'ai déjà dû réagir il y a 3 ans à cause des dégâts engendrés par un mode d'enseignement qui était en train de détruire mes enfants. Ensuite nous avons eu la chance de connaître l'ecole (avec un grand E).

Lorsque l'on se bat contre ce genre de chose, on se sent vraiment seule et surtout marginale.

Cordialement.

Isabelle

 Quelques écrits que je trouve intéressants

Devoirs à la maison, 50 ans de travail au noir

Réalisé par Marie-Françoise Passot, professeur des écoles et conseillère pédagogique
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Les devoirs : le fantasme du contrôle

Auteur : David Libralesso, Psychologue clinicien
Il travaille à la mise en relation de la philosophie, la spiritualité et la psychologie telle que le propose la psychosophie.

Extrait de l'article que vous pouvez lire ici :

Obliger les enfants aux devoirs oblige aussi les parents en s’assurant de leur implication éducative. Le contrôle de l’enseignante et de l’école s’étend ainsi de l’enfant à la famille dans laquelle les devoirs seront institués tant bien que mal. Cela peut être aussi une manière de déculpabilisation en reportant la responsabilité de la progression de l’enfant sur la capacité des parents à superviser les devoirs. (...) Que ce soit du côté de l’enseignant ou de celui des parents, on marque la subordination et la dépendance de l’enfant vis à vis des adultes. Bien qu’il soit évident que cette subordination est nécessaire dans le lien adulte-enfant, il me semble qu’elle s’introduit de manière perverse dans le rapport que peut entretenir l’enfant dans ses propres découvertes. L’enjeu des devoirs, en effet, n’est peut-être pas tant de « renforcer les acquis », tant bien même que cela puisse être, mais de garder des liens d’asservissement. Ainsi, l’ensemble de l’exercice de ces pouvoirs semblent se maintenir sous le primat de l’emprise.

Une psychanalyse des devoirs

Billet de Bernard Collot

Parmi les associations qui pullulent concernant l'aide aux devoirs, celles qui ont vraiment approfondi le problème pour être vraiment utiles en sont arrivées...à ne plus faire faire les devoirs et à permettre aux enfants de peindre, lire, rigoler, bricoler, faire du théâtre.... Je ne me souviens plus du nom de celle que j'avais rencontré dans un colloque quelconque, mais elle avait réussi à peser sur les enseignants pour que ceux-ci y renoncent.
Le problème des parents qui ne sont pas à la maison (et même parfois s'ils y sont) n'est pas celui des devoirs qui n'est qu'un prétexte mais celui de l'occupation.

La maintenance des devoirs relève probablement en grande partie de l'ordre de la psychanalyse (pour ne pas dire de la psychiatrie). C'est le prolongement de l'emprise de l'enseignant sur l'enfant à la maison. Cela relève du même ordre que le harcellement moral (puni par la loi). D'une main-mise sur l'autre pour le maintenir "élève" (contrôlable) le plus longtemps possible de peur qu'émerge l'enfant (incontôlable). Lorsqu'il y a devoirs à la maison, il est symptomatique que dans une grande majorité de cas, le premier acte en rentrant consiste à "rendre" ses devoirs. Aucun devoir ne peut être détaché de la sanction qui va avec, quelle que forme qu'elle prenne. La réalisation du devoir est forcément un traumatisme, sauf pour ceux qui les font facilement et qui évite ou réduise les conséquences d'un traumatisme. Le bon élève est favorisé encore plus non pas par les devoirs qu'il va faire, mais parce que s'en débarrassant plus facilement il a un peu plus que les autres droit à du temps d'enfant. C'est le temps d'enfant possible en dehors de l'école qui permet de mieux supporter le temps d'élève à l'école. Et si le temps d'enfant hors de l'école n'est pas satisfaisant (rue, cité, hlm...), le raisonnable est de le rendre plus satisfaisant (ce qu'on fait les assoc citées plus haut).