Vous avez dit leçons ?
D'ailleurs, ce qui a été vraiment "découvert" (et non "enseigné" ou "montré") n'a pas besoin d'être "fixé" : une connaissance nouvelle (mathématique ou autre) est retenue si elle procède d'une prise de conscience personnelle, c'est ce qui se passe dans le "tâtonnement expérimental", dans la création.
Comment ça se passe concrètement ?
Un exemple réel (8 février 2016 à l'école de Saint-Cyr). B., 6 ans, vient me voir au bureau. En ce début d'après midi, il est embêté avec son entraînement (1) de numération. N'ayant pas de projet, B. est dans un temps d'entraînement (fonctionnement par défaut pour ceux qui n'ont pas de projet qui les anime). Après cet entraînement imposé (une fiche de numération dans sa progression personnelle), il pourra ensuite choisir des entraînements dans les domaines qu'il souhaite.
B. arrive donc à mon bureau et me dit qu'il a besoin de savoir l'écriture en lettres des nombres pour faire l'entraînement de numération, et qu'il ne sait pas. La correction est à la fin du classeur, il en aura besoin après. Aucun sens pour lui d'aller trouver la solution dans la correction.
Il vient me voir, car il est coincé, et il l'exprime.
Là, nous sommes réellement dans l'accompagnement. L'enfant a envie d'évoluer et il vient voir une personne ressource non pas pour avoir la réponse, ni même l'explication, mais pour être déloqué. C'est ça notre boulot qu'on pourrait appelé "facilitateur d'apprentissage" si on s'en tenait à ce rôle (2). Ce n'est plus d'enseigner en tout cas, même si ça peut nous arriver de le faire (ça peut être risqué).
Je lui dis donc :
- Je vais te donner une leçon. Tu sais où elles sont ?
- Non... et.... je n'ai pas de cahier de leçon
- Ah, bah, je vais t'en donner un. S., tu peux lui montrer où est le classeur des leçons/fiche-outils ?
S. et B. s'en vont et reviennent avec le classeur
Je lui donne la leçon "Ecriture des nombres".
Il repart donc avec son cahier, la page à coller sur la couverture et la leçon et me dit tout content :
- MERCI !!
Je ne l'ai pas revu après.
Notre rôle est de donner envie à chacun d'évoluer...
(1) Je n'appelle pas ça un exercice, car ce terme est pour moi connoté car, utilisé dans les manuels, il n'a souvent pas de sens pour l'enfant. On fait un exercice parce qu'on nous le demande et c'est tout. C'est de l'obéissance si l'enfant ne met aucun sens.
Un entraînement, c'est un exercice mais avec une finalité connue pour l'enfant qui lui permet de penser que l'entraînement l'aide à évoluer.
(2) Le métier est plus complexe, c'est pour ça que j'utilise plutôt le terme "ingénieur en éducation".