Présentation
« Hier c’était nécessaire, aujourd’hui il y a urgence :
l’École doit sortir du repli sur soi et du productivisme artificiel »
L'école est aujourd'hui comme hier un sujet qui fait débat; le système scolaire actuel n'est pas loin de faire l'unanimité contre lui; pourtant les critiques qu'on lui adresse sont souvent contradictoires; or, ces critiques sont souvent mises en forme et mises en mot de l'extérieur par des médias, prompts à fabriquer des alternatives simples, voire simplistes: on oppose ainsi couramment les tenants de la réforme et du changement à ceux qui souhaiteraient un statu quo.
Rarement l'école est vue du côté de ses acteurs et de ses protagonistes; pourtant il y aurait tant à dire de ce que les parents et les enfants attendraient de l'école d'aujourd'hui, alors que les liens sociaux se délitent, que les familles se fragilisent, que le savoir devient complexe et pluridisciplinaire et que les enfants eux mêmes changent.
Il est important de ne pas se tromper de débat, ceux dans lesquels on nous enferme sont surannés.
Aujourd'hui cet ouvrage propose une nouvelle approche; il est l’œuvre d'un collectif d'enseignants et d'éducateurs qui ont mis en commun à cette occasion leurs expériences et leur réflexion; constamment en lien avec des pratiques plurielles, ouvertes sur l'environnement et le monde dans sa complexité, cet ouvrage propose un nouvel éclairage sur tous les sujets qui mettent aujourd’hui l'école en crise et qui constituent des enjeux de société.
S'inspirant profondément des pédagogies dites modernes, de leurs valeurs, mais aussi de l'expérience concrète des acteurs éducatifs dans tous les milieux, ce texte ne se contente pas de dénoncer ou de critiquer, mais il explique le pourquoi et le comment de nouveaux modes d'éduquer qui sont aujourd'hui nécessaires et qu'on aurait tort de retarder.
taylorisme n.m. En économie, application de la théorie de F.W. Taylor : méthode de rationalisation du travail industriel qui se caractérise par une étude des gestes nécessaires au travail, une rémunération en principe stimulante et une spécialisation poussée à l'extrême (division du travail, travail à la chaîne...)
De toutes les réformes qui se sont succédé depuis près d'un demi-siècle, aucune n'a obtenu les résultats escomptés, malgré l'énergie dépensée à chaque fois par bon nombre d'enseignants. Parfois même, les remèdes proposés ont été pires que le mal qu'ils étaient censés soigner. Il est vrai qu'aucune de ces réformes n'a pu être menée à son terme… mais pouvaient-elles vraiment être appliquées ? Les seuls résultats tangibles ont été de donner à penser que notre système éducatif était incapable de la moindre évolution, et de déconsidérer l'idée même de réforme. Est-il vraiment impossible de faire évoluer l'École ? Ou bien même est-ce nécessaire, puisqu'il suffirait, à entendre certains, de revenir à la "pédagogie d'avant", celle du début du XXe siècle, parée de toutes les vertus ? Et si le problème était ailleurs ? Si les difficultés rencontrées prenaient leur source aux fondements même de notre système éducatif, qui depuis cent ans n'ont jamais été remis en cause ? Cinq enseignants, des "praticiens-chercheurs", comme ils aiment à se définir, proposent leur analyse de la situation actuelle de l'enseignement en France, et demandent qu'on pose un nouveau regard sur sa finalité et sur les stratégies à mettre en œuvre pour que l'École remplisse effectivement son rôle : permettre à tous les enfants et adolescents de développer leurs capacités d’accession aux connaissances.
Les critiques
Jean François CHALOT de la revue "Repères"
CHANGER L'ECOLE OU CHANGER D'ECOLE !
Voici un livre qui décoiffe, interroge, remet en cause certaines représentations, déconstruit pour construire et propose.
Cinq enseignants " praticiens chercheurs " nous livrent une analyse cohérente et percutante du système éducatif et des politiques successives menées.
Pour sortir de ce tunnel, de ce non sens, de ce système inadapté fonctionnant comme un entonnoir servant à faire ingurgiter des sommes de connaissances, les cinq auteurs nous proposent de partir de l'apprenant, de son rythme pour l'aider à " construire au plus loin pour chacun les quatre langages nécessaire à la participation au monde actuel, (oral, écrit, mathématique, scientifique) ", " les autres langages corporels, graphiques, poétiques, musicaux, artistiques " contribuant à la construction des langages dit fondamentaux.
Après un retour critique sur les réformes de l'école élémentaire, jamais appliquées ni évaluées, les auteurs nous proposent de retrouver une cohérence éducative.
Ce livre est une contribution au débat sur le présent et l'avenir de l'école.
Il ne laisse pas indifférent le lecteur, d'autant plus que si l'ensemble des propositions est innovante, certaines peuvent susciter des critiques négatives d'un lecteur pourtant en accord avec la philosophie générale.
C'est mon cas : si je suis partisan de l'implication des parents, de tous les parents, je pense indispensable que l'équipe enseignante, en dehors de toute pression puisse mener sa mission éducative… Quant à l'autonomie des établissements dans le cadre d'une " unité éducative ", elle ne peut que mener à une concurrence libérale.
Au-delà de ces remarques, qui procèdent du débat que ce livre introduit, les propositions émises par les cinq auteurs forment un diagnostic incontournable avec les deux volets : l'analyse de la situation et des hypothèses de transformation.
Quand les auteurs considèrent que " la revendication de 20 mètres carrés par enfant est encore plus importante que celle de 20 enfants par maître ! " s'agit -il d'une " provocation " comme ils l'annoncent ou d'une remarque judicieuse !?
Ce livre d'ailleurs très accessible devrait être lu par tous ceux qui veulent que l'école remplisse effectivement son rôle et qu'elle permette " à tous les enfants et adolescents de développer leurs capacités d'accession aux connaissances. "
Georges HERVE de l'assocation "REVEIL"
Tout d'abord, merci pour l'envoi de votre ouvrage collectif "du taylorisme scolaire à un système éducatif vivant", reçu au courrier d'hier. Je m'y suis immédiatement plongé : c'est, pour moi, l'un des grands livres découverts ces derniers mois. Il devrait être lu et relu par tous ceux qui ont à voir avec l'école, enseignants, parents, administrateurs, politiques - notamment ceux qui vont être amenés dans quelques mois à discuter et à voter une nouvelle loi d'orientation pour les décennies à venir. Malheureusement, je crains que la plupart de ces personnes n'ont pas atteint le niveau de ... "langage scientifique" nécessaire pour en tirer véritablement profit ! Pourtant l'exposé que tu en fais est particulièrement clair. (j'avais lu ton ouvrage sur une école du troisième type : je l'avais trouvé plus difficile
d'accès, bien que très intéressant).
Ce changement de paradigme qui consiste à passer d'une conception de l'école comme lieu de transmission de connaissances à celui de lieu de d'auto-co-construction de langages suppose une remise en question si profonde des habitudes de pensées de nos contemporains qu'elle demandera sans doute beaucoup de temps et d'efforts. Je pense que c'est l'un des noeuds auxquels il faut s'attaquer en priorité.
Juste un détail : p.44, il est écrit que la scolarité obligatoire a été prolongée jusqu'à 16 puis 18 ans ; si la plupart des jeunes continuent de fréquenter une école jusqu'à 18 ans et même au-delà, à ma connaissance nous sommes toujours sous le régime de la loi Berthoin qui avait prolongé de 2 ans l'obligation d'instruction pour les enfants entrant à l'école primaire à la rentrée de 1960. Le Plan Langevin Wallon avait prévu de la prolonger de 4 ans, mais il est resté au fond d'un tiroir ministériel !
Merci encore, et bien cordialement,