Propositions de Ph.Ruelen

UN JOURNAL DANS LES DEUX SENS !

Cette réflexion émane d'un travail de rédaction d'une future page sur les devoirs du guide dessiné. Le terme des devoirs induit une infantilisation et une subordination qui est contraire à l’objectif de responsabilisation. Dans un système éducatif vivant, les devoirs concernent à la fois l’adulte et les parents et consistent à créer du lien entre l’école et la maison.

Oui, mais comment ?

En maternelle, un outil a déjà fait ses preuves dans de nombreuses classes, pas forcément 3type : le cahier collectif ramené chaque soir par un enfant. Dans ce cahier, certaines activités sont décrites par un texte et/ou une photo, ce qui permet de rendre un peu moins opaque voire même de rendre visible le fonctionnement de la classe et les activités qui s'y passent. Dans ce cahier, il est également possible d'y trouver des textes et/ou photos décrivant certaines activités effectuées au sein des familles. Ce peut être des visites, des sorties (en forêt par exemple) mais aussi toute activité d'apprentissage (réalisation d'une recette de cuisine par exemple).

L'objectif est double : créer du lien dans les deux sens, et montrer qu'activités et apprentissages ne sont pas dévolus à l'école, que la vie éducative est partout et tout le temps.

Ma proposition est d'étendre cet outil à l'ensemble de l'école primaire en mettant en place ce cahier pour tout le monde.

Ce pourrait même être un journal qui serait à destination du groupe d'écrivains ou de journalistes opérant à la fois à l'école et à la maison, sachant que toute activité commencée à la maison peut continuer à l'école et inversement.

Philippe, le 6 septembre 2022

PLUTÔT QUE DE PROPOSER, FAIRE SEUL OU FAIRE AVEC !

Dès lors que les jeunes sont relativement libres et tant que le système n'est pas ultra avancé, les propositions des adultes ont forte chance d'être repoussées voire rejetées ou plus simplement ignorées. Et ce, quelque soit la proposition.

Souvent, le réflexe est de chercher à en expliquer les raisons, afin de comprendre puis de modifier quelque chose pour que ces propositions soient acceptées ou du moins quelques unes. On est alors tenté d'entrer dans d'autres domaines comme la psychologie humaine, de chercher à comprendre, de faire des hypothèses, de tenter d'autres manières de proposer, d'essayer des trucs, de les évaluer etc. On pourrait penser qu'on est alors bien dans la démarche de praticien-chercheur si cher au courant de l'école du 3ème type. Et bien, non, pas vraiment ! Car, là, on essaie au final de contrôler l'enfant ou du moins sa psychologie, et on freine aussi l'élan de se prendre en charge soi-même. La démarche est beaucoup plus pragmatique :

Si les enfants n'entrent pas dans les propositions des adultes, considérons tout simplement que c'est ... normal ! C'est ce qui est, et acceptons le tout simplement, et tirons un enseignement "Dans tel état du système, les propositions ne fonctionnent pas" et arrêtons donc d'en faire ?

Sans aller dans un extrême, concluons qu'on évitera de perdre du temps à en élaborer. Ainsi, moins de temps en travail en amont permettra à l'adulte de ne pas avoir d'attente sur d'éventuelles réactions positives du groupe devant ces éventuelles propositions qu'il pourrait faire tout en sachant qu'elles risquent fort de ne pas donner satisfaction. A noter par ailleurs, que des propositions formulées sans attente, ont davantage de chances de fonctionner !

Bon, deuxième enseignement, c'est qu'on est dans la merde puisqu'il faut trouver autre chose !

Eh oui, puisque lorsqu'on conclue que le laisser-libre / laiser-faire ne fonctionne pas, l'idée de devoir faire des propositions semble être l'unique solution existante se présentant à nous dès lors bien sûr qu'on s'interdit l'imposition. C'est d'ailleurs très difficile d'expliquer aux personnes que ça ne marchera pas mieux, car elles sont persuadées que dès lors qu'on ne mettra pas de caractère obligatoire, ça ne peut que fonctionner. C'est donc à essayer, à vivre pour intégrer que dans un système pas encore ultra avancé et visant l'auto-organisation (*), ça ne marche effectivement pas mieux.

Pour sortir de cette impasse, une réflexion sur la posture de l'adulte m'a aidé :

L'adulte cherche à ce qu'une auto-organisation se mette en place via des réunions quotidiennes au cours desquelles les décisions sont prises et les projets et demandes partagés. L'adulte cherche à ne pas avoir un statut particulier. Mais sur cette dernière phrase, est-ce réellement vraie ? L'adulte fait-il ce que les jeunes font ou du moins fait-il ce qu'on aimerait que les jeunes font ?

Comment les jeunes peuvent-ils se projeter dans des activités développant les langages s'ils ne voient personne autour d'eux en faire ? On ne parle pas ici d'un système multi-âge déjà suffisamment avancé dans lequel il y a toujours des grands qui en font. On parle ici des systèmes qu'on cherche à faire décoller.

Ma proposition est donc qu'à la place de faire des propositions aux jeunes, l'adulte se lance au même titre que les jeunes dans des activités et projets devant réunir les deux conditions suivantes :

  • Plaisir de l'adulte à les réaliser pour qu'il puisse être véritablement perçu aux yeux des jeunes comme sans attente à leurs égards.
  • Simplicité d'accès de sorte que les jeunes puissent facilement les comprendre et s'y intégrer.

Cette proposition ne signifie pas que l'adulte cesse de superviser le système. Il faut qu'il puisse à la fois réaliser certaines activités/projets (seul ou avec des enfants qui le rejoignent de leur propre initiative) tout en supervisant le système et en restant relativement disponible.

(*) Je ne parle pas des projets qui restent sur le paradigme formateur/formé enseignant/enseigné pour lesquels cela peut fonctionner.

Philippe, le 10 août 2022

LES INFORMATIONS ENTRANTES

Dans les années 90, les messages diffusés à l'époque sur le réseau Marelle du minitel étaient imprimés et affichés. Chaque enfant pouvait s'en emparer facilement et préparait alors une réponse qu'il diffusait à son tour sur le réseau.

Aujourd'hui, son successeur, le réseau ArbusTes et son mur des écoles, pourrait sans doute bénéficier de davantage d'interactions (réactions, rebonds).

A partir de ce souvenir et des deux réflexions suivantes :

  1. En repensant à la circulation des informations dans la classe comme on le faisait il y a quelques années en schématisant nos classes, on pourrait sans doute faciliter leur visibilité et leur effet.
  2. Au cours d'un atelier de la rencontre de cet été, Anaïs de l'école Lélécole près de Saint-Etienne a parlé "d'entièreté du processus". Il faut que le jeune entre dans un processus de manière totalement volontaire (motivation intrinsèque) tout en ayant une maitrise (contrôle/pouvoir) sur le processus entier du début à la fin.

Ma proposition :

Chaque jour, un ou plusieurs enfants impriment les nouvelles publications, et les affiche sur un panneau en les triant eux-mêmes. Ils découperaient donc les publications des feuilles imprimées pour les afficher sous des rubriques qu'ils créeraient au fur et à mesure. Une seule contrainte : "Il doit y avoir plusieurs publications (au moins deux) sous une rubrique."

Je pars de l'hypothèse que ce rituel accompagné de cette contrainte en ferait une activité stimulante à part entière susceptible d'entraîner davantage les enfants à lire et à réagir aux publications.

Philippe, le 1er août 2022